Le surgénérateur Monju cumule les problèmes et les graves lacunes en terme de culture de sûreté de son exploitant, la Japan Atomic Energy Agency (JAEA), qui doit conduire à son arrêt définitif. En effet, l’Autorité de régulation nucléaire (NRA) a demandé au gouvernement de trouver un autre exploitant, mais Il n’y a aucun candidat et les coûts explosent.
Même l’abandon du projet ne signifie pas la fin des problèmes.
Comme le gouvernement ne veut pas perdre la face, il tergiverse. Il devrait annoncer, d’ici la fin du mois, l’arrêt définitif et le début du démantèlement, tout en continuant les recherches sur la sûreté… En particulier, il y a le sodium qui s’enflamme spontanément à l’air et explose dans l’eau. Il y en a 1 670 tonnes dont, 760 tonnes radioactives et les autorités ne savent qu’en faire. Et où mettre les 21 tonnes de combustible MOx qu’il contient ?
L’exploitant, qui n’a pas été capable d’exploiter ce réacteur, sera-t-il capable de le démanteler ? On peut en douter. La NRA vient de tancer la JAEA à propos de l’usine de retraitement de Tôkaï, arrêtée définitivement en 2014 et qui doit être démantelée. Selon l’Asahi, il y a environ 800 fûts de déchets dans une piscine sans surveillance. Il se peut que certains soient rouillés et fuient. Le débit de dose à la surface de la piscine serait de 3 mSv/h.
De 1977 à 1994, les travailleurs auraient soulevé les fûts au dessus de la piscine avec des câbles qui étaient ensuite sectionnés. Les fûts tombaient alors n’importe comment. Des câbles peuvent être emmêlés.
Il y a aussi 400 m3 de déchets liquides de haute activité que la JAEA ne sait pas traiter. Le débit de dose à proximité serait de 1,5 Sv/h (1 500 mSv/h !!!). Impossible d’y envoyer des humains. Une reprise a débuté, mais sans solution pour les fûts produits.
Cette situation perdure depuis des années.
Comme Monju servait d’alibi à la politique du plutonium issu du retraitement des combustibles usés que le gouvernement ne veut pas abandonner, une nouvelle stratégie est en cours d’élaboration, avec, à la clé, un nouveau projet de surgénérateur. L’abandon du retraitement entraînement le refus de la province d’Aomori d’accepter les combustibles usés. Comme en France avec le projet ASTRID, c’est donc la fuite en avant et si cela devait aboutir un jour, il aura fallu un siècle de R&D… une filière d’avenir qui le restera !