Accord nucléaire entre le Japon et l’Inde qui n’a pas signé le traité de non-prolifération

En visite en Inde, le premier ministre Abe a signé un accord de coopération nucléaire avec l’Inde qui n’a pas signé le traité de non-prolifération. Un tel accord entame la crédibilité du Japon dans sa lutte contre la prolifération.

Le premier ministre a déclaré qu’il suspendrait cette coopération si l’Inde faisait un nouvel essai nucléaire ou retraitait les combustibles avec des visées militaires. Il reste à voir si cela sera écrit noir sur blanc. Ce n’est pas une garantie suffisante car aucun pays ne reconnaît vouloir retraiter avec des intentions militaires, pas même le Japon.

Cet accord assez général a beaucoup choqué au Japon. Les Etats-Unis, la France, la Russie, le Canada et la Corée du Sud ont déjà signé de tels accords avec l’Inde.

Les repas servis dans les cantines de Fukushima contrôlés

La province de Fukushima contrôle les repas servis dans les cantines des écoles des communes de la région. Voici les résultats synthétisés par le Fukushima Minpo :

  • En 2012, 1 962 repas ont été contrôlés dans 26 communes, et 14 d’entre eux avaient une contamination supérieure à 1 Bq/kg. La plus forte valeur était de 2,53 Bq/kg.
  • En 2013, 2 480 repas ont été contrôlés dans 23 communes, et 6 d’entre eux avaient une contamination supérieure à 1 Bq/kg. La plus forte valeur était de 1,28 Bq/kg.
  • En 2014, 2 859 repas ont été contrôlés dans 26 communes, et aucun d’entre eux avaient une contamination supérieure à 1 Bq/kg.
  • Pour 2015, 549 repas ont déjà été contrôlés entre avril et septembre 2015, et aucun d’entre eux avaient une contamination supérieure à 1 Bq/kg.

Déchets de haute activité : enfouissement géologique sous-marin envisagé

Le Japon n’a pas réussi à trouver de site pour enfouir les déchets nucléaires de haute activité car aucune région ne s’est portée candidate. Le gouvernement actuel a décidé de renverser la procédure : d’abord sélectionner une formation géologique puis convaincre les riverains. Ce n’est pas gagné. Même pour les déchets issus de la décontamination, beaucoup moins radioactifs, l’opposition est forte. Alors le groupe d’experts mis en place par le ministère de l’industrie vient de suggérer d’enfouir les déchets les plus radioactifs dans une formation géologique sous-marine à moins de 20 km de la côte ! Un groupe de travail va étudier cette option.

Il y aurait moins d’écoulements d’eau souterraine et l’accès par bateau serait pratique.

Le groupe a exclut toute zone située à moins de 15 km d’un volcan ou à proximité d’une faille active.

L’Autorité de Régulation Nucléaire (NRA), quant à elle, veut revoir les règles pour l’enfouissement des déchets de faible et moyenne activité à vie courte. Les règles actuelles imposent une profondeur de 50 m minimum. La NRA veut passer à 70 m minimum. Elle va consulter les compagnies d’électricité puis décider avant la fin mars 2016.

Plus de 9 millions de sacs de déchets radioactifs à Fukushima

Selon les chiffres officiels, à la fin septembre 2015, il y avait déjà 9,16 millions de sacs de déchets radioactifs empilés sur 114 700 sites provisoires. Chaque sac fait un mètre cube. Le ministère de l’environnement attend un total compris entre 16 et 22 millions de mètres cubes après réduction des volumes par incinération.

Le Mainichi a mis en ligne une vidéo prise depuis un hélicoptère à Tomioka, où l’on peut voir les sacs s’empiler sur quatre couches. C’est assez impressionnant. Une couche de terre moins contaminée est ajoutée par dessus pour atténuer le niveau de radiation ambiant.

A Tomioka, il y aurait 814 700 sacs entreposés sur 15 sites.

Les négociations avec les propriétaires de terrains à Ôkuma et Futaba, où le gouvernement veut mettre le site de stockage intérimaire, pour une durée de 30 ans, n’avancent pas. Alors ces sacs pourraient attendre longtemps avant d’être repris…

Il y a vingt ans, une fuite de sodium stoppait Monju

Il y a vingt ans, jour pour jour, une fuite de sodium stoppait le surgénérateur Monju mis en service moins d’un an plus tôt. Il n’a jamais redémarré depuis. Depuis le durcissement des règles de sûreté, les scandales s’accumulent à un tel point que l’Autorité de Régulation Nucléaire a demandé au gouvernement de chercher un nouvel exploitant.

L’usine dite de retraitement, à Rokkashô, qui devait alimenter Monju en plutonium, n’a jamais pu démarrer. Après 23 reports, personne ne sait si elle le pourra un jour.

Pourtant, le gouvernement japonais s’accroche à cette chimère, parle de “cycle du combustible”, alors qu’il n’y a pas de cycle, promet à la province d’Aomori de ne pas lui laisser les combustibles usés sur les bras. La politique japonaise en terme de déchets nucléaire est basée sur un immense bluff.

Le gouvernement continue avec les déchets issus de la catastrophe nucléaire. Il a promis aux habitants d’Ôkuma et de Futaba de reprendre la vingtaine de millions de mètres cube de déchets au bout de trente ans et des les stocker définitivement en dehors de la province de Fukushima. C’est même inscrit dans la loi ! Qui peut croire à de telles sornettes ?

Ces promesses intenables sont bien plus néfastes que les prétendues rumeurs qui mineraient la reconstruction de Fukushima. In fine, ce sont les populations victimes de la catastrophe nucléaire qui souffrent.

Actualité des centrales nucléaires japonaises

• Le marché de l’électricité va être ouvert à la concurrence à partir du 1er avril 2016. Les consommateurs auront le choix. Mais le ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie ne veut pas imposer la publication du mix énergétique qui a servi à produire l’électricité, selon l’Asahi. Les compagnies d’électricité seront seulement encouragées à le faire. Il en est de même pour les émissions de gaz à effet de serre. Quant aux déchets radioactifs produits, ils sont même pas mentionnés dans les directives. Les compagnies d’électricité ne semblent pas enclines à publier ces données, de peur de perdre des clients.

• TEPCo a découvert que 2 000 câbles n’étaient pas installés correctement au regard des normes de protection contre les incendies à ses deux centrales nucléaires de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata) et de Fukushima daï-ni. Ce sont 1 745 câbles dans les réacteurs 1 à 7 de la première et 234 dans les réacteurs 3 et 4 de la deuxième. Il pourrait y en avoir plus puisque la compagnie n’a pas fini ses inspections. Il y a 500 autres zones suspectés. Il y a aussi des problèmes avec des plaques de séparation entre les câbles : 748 à Kashiwazaki-Kariwa et 54 à Fukushima daï-ni.

Par ailleurs, il y a aussi des problèmes de supervision de certaines constructions durant ces 5 dernières années.

Selon le Maïnichi, ces problèmes ont été signalés à l’Autorité de Régulation Nucléaire le 30 novembre dernier. Le Japan Times rapporte que cette dernière n’a pas inspecté ces câbles bien qu’elle ait introduit les nouvelles règles en juillet 2013. Elle ne l’a pas fait non plus pour les réacteurs en activité à la centrale de Sendaï située dans la province de Kagoshima. Ce problème existerait dans d’autres réacteurs à eau bouillante, comme à la centrale de Hamaoka dans la province de Shizuoka.

• Le maire de Takahama a donné son accord au redémarrage des réacteurs n°3 et 4 de la centrale du même nom située dans la province de Fukui. Le conseil municipal avait fait de même en mars 2015. En revanche, le maire pense que c’est au gouvernement de convaincre les citoyens du bienfondé de cette énergie. Quant aux plans d’évacuation en cas d’accident, là encore, il s’en remet au gouvernement. Mais, beaucoup les considèrent comme irréalistes. De plus, depuis avril 2015, une décision de justice suspend la procédure de redémarrage et que l’appel est toujours en cours d’instruction.

• Le ministre des sciences et technologies est allé visiter le surgénérateur Monju dans la province de Fukui car il doit trouver un nouvel exploitant suite à la décision de l’Autorité de Régulation Nucléaire. Interrogé sur ce sujet par la presse, il a répondu qu’il y avait peut-être un manque de communication entre les travailleurs et l’autorité de sûreté. Bien voyons. L’exploitant n’y est donc pour rien.

Des résidents proches de ce réacteur préparent une action en justice pour obtenir son arrêt définitif. Ce n’est pas la première fois qu’une telle tentative est menée. Une première plainte avait été déposée en 1985 pour annuler l’autorisation gouvernementale. Elle avait été rejetée en 2000. Mais, en 2003, la cour d’appel avait annulé l’autorisation de construction, suite à la fuite de sodium survenue en 1995. Elle avait estimé qu’elle était due à des failles dans l’évaluation de la sûreté avant la construction. La cour suprême a finalement décidé que l’autorisation gouvernementale était légitime.

La contamination de l’eau de mer au large de l’Amérique du Nord augmente

Le Woods Hole Oceanographic Institution (WHOI), qui effectue une surveillance citoyenne de la contamination de l’eau de mer dans le Pacifique, vient de publier un communiqué de presse où il annonce que la contamination en césium en provenance de la centrale de Fukushima augmente au large des côtes américaines. La plus forte valeur relevée est de 11 Bq/m3, soit 0,011 Bq/L au large de San Francisco. Cela reste une valeur faible grâce à la dilution dans l’immense masse d’eau du Pacifique.

En 2015, le WHOI a ajouté 110 points de mesure à sa cartographie. Tous les résultats sont sur le site dédié.

 

Les habitants poussés au retour dans les zones évacuées

Comme on le sait, les autorités ont annoncé qu’elles lèveraient les ordres d’évacuer avant mars 2017 et qu’elles cesseraient les indemnisations un an plus tard. Les nombreuses personnes qui vivent dans des logements préfabriqués temporaires devront les quitter sans savoir où aller si elles ne veulent pas ou ne peuvent pas rentrer.

Les habitants originaires des zones dites de “retour difficile” sont les seuls à avoir un droit d’accès aux logements publics en construction. Il y aura donc moins de logements que de familles encore évacuées. Cependant, comme les familles éligibles issues de la zone de “retour difficile” ont reçu l’équivalent de plusieurs années d’indemnisation, beaucoup ont trouvé à se reloger par elles-mêmes. Il y a donc beaucoup moins de demandes que prévu. Les autorités, qui ne pensent qu’au retour dans les zones évacuées, n’envisagent pas d’assouplir les règles et permettre aux autres d’accéder à ces logements. Cela met en colère de nombreuses personnes concernées.

Le Maïnichi rapporte le cas Toshio Niizuma, qui a quitté Naraha pour Iwaki. Il a participé au programme de préparation au retour et, depuis que l’ordre d’évacuer a été levé, le 5 septembre dernier, il reste à Iwaki, mais va voir sa maison tous les deux jours. Le problème est que les débits de dose dans la cour qui a été décontaminée, sont encore trop élevés. Près de la gouttière, il y a jusqu’à 10 microsieverts par heure. Dans son hameau, sur 90 foyers, seuls trois familles passent la nuit chez elles. M. Niizuma aimerait aussi rentrer, mais veut rester avec son fils et sa famille. Il n’ose même pas aborder le sujet car il sait que ce sera une source de conflit. S’il était éligible au parc locatif public, il candidaterait pour y emménager à partir de mars 2017, date à partir de laquelle il ne pourra plus rester dans le logement préfabriqué temporaire. Il ne comprend pas pourquoi ce n’est pas possible et cela le met en colère.

Les autorités régionales de Fukushima auraient prévu de construire 4 890 logements pour les personnes déplacées par la catastrophe nucléaire alors qu’il y a toujours 43 700 familles déplacées en logements temporaires. En ajoutant les 2 800 logements prévus pour les survivants du tsunami, les autorités ne pourront loger, selon le Maïnichi, que 17% des familles potentiellement dans le besoin.

Selon des documents non publics obtenus par le quotidien, en mai 2013, les autorités de Fukushima ont recensé les familles ayant besoin de nouveaux logements en les classant en trois catégories :

  • celles qui veulent rester dans ces logements jusqu’à la levée de l’ordre d’évacuer. Cela concerne les familles issues des zones de retour difficile pour lesquelles il faudrait de 3 136 à 5 663 logements.
  • celles qui veulent demeurer dans ce logement après que l’ordre d’évacuer ait été levé, le temps qu’un environnement plus vivable soit rétabli. Il leur faudrait de 2 743 à 4 172 logements.
  • enfin, celles que ne veulent pas rentrer et demeurer dans ces nouveaux logements. Cela nécessiterait de 3 366 à 4 837 logements.

Mais rien n’est prévu pour ces deux dernières catégories, conformément à la volonté du gouvernement central de pousser au retour. Une telle politique viole les textes internationaux de l’ONU relatifs aux déplacés intérieurs qui imposent aux autorités de leur laisser le choix et de favoriser leur réinstallation s’ils le désirent. Voir, à ce propos, le dossier de l’Organisation Internationales des Migrations.

Accord pour un centre de stockage de déchets radioactifs à Fukushima

La catastrophe nucléaire a généré de vastes quantités de déchets radioactifs de toutes sortes pour lesquels les autorités peinent à trouver des solutions acceptables. Les déchets issus des chantiers de décontamination à Fukushima doivent être entreposés pendant 30 ans sur un site de 16 km2 autour de la centrale de Fukushima daï-ichi, en attendant de trouver mieux. Pour le moment, le projet n’avance pas vite.

Pour les autres déchets, comme ceux qui seront produits après le retour des habitants dans les zones évacuées, ou la paille, les boues de station d’épuration, cendres d’incinérateur, etc…, le gouvernement avait proposé de nationaliser un site d’enfouissement à Tomioka afin d’y stocker définitivement les déchets qui ont une contamination en césium comprise entre 8 000 et 100 000 Bq/kg. Les plus radioactifs devraient être coulés dans des fûts en ciment. Il s’agit du “Fukushima Ecotech Clean Center” qui devrait accueillir 650 000 m3.

Le gouverneur de Fukushima vient de donner son accord. La commune de Tomioka est toujours évacuée. En revanche, la commune voisine de Naraha, par où devraient passer les camions, a vu son ordre d’évacuer levé en 5 septembre 2015. Ces deux communes devraient recevoir 10 milliards de yens (75 millions d’euros) pour ce projet. Les maires étaient initialement opposés sous le prétexte que cela risquerait de décourager le retour des habitants.

Selon les données du ministère de l’environnement, il y a 166 000 tonnes de déchets de ce type dans 12 provinces du Japon, dont 83% à Fukushima (138 000 tonnes). Le gouvernement veut construire des installations similaires dans 5 autres provinces, mais les projets sont bloqués à cause de l’opposition des riverains. Il espère que l’exemple de Fukushima sera suivi par d’autres… Le gouverneur de Fukushima a clairement réitéré son opposition à accepter des déchets provenant d’autres province.

Par ailleurs, un incinérateur a été récemment inauguré dans le district de Warabidaïra à Iitaté. Il devrait incinérer les déchets issus de la décontamination, des maisons détruites, plus de la paille de riz de Fukushima, Minami-Sôma, Daté, Kunimi et Kawamata et des boues de station d’épuration de Fukushima, Minami-Sôma et Kunimi. Il devrait pouvoir “traiter” 240 tonnes par jour pendant trois ans. Une extension de deux ans est possible, si nécessaire. Les cendres ayant moins de 100 000 Bq/kg de césium seront stockées à Tomioka et les autres, à proximité de la centrale accidentée.

Accord entre TEPCo et la famille d’un éleveur qui s’est suicidé

Shigekiyo Kanno avait une quarantaine de vaches laitières à Sôma, à une cinquantaine de kilomètres de la centrale de Fukushima daï-ichi. La vente de lait a été suspendue suite à l’accident nucléaire et il a dû se séparer de presque tout son troupeau. Il craignait de ne pas pouvoir rembourser ses emprunts. Il s’est suicidé dans une grange en juin 2011 pendant que sa femme et ses enfants étaient retournés aux Philippines. Les messages qu’il a laissé étaient sans équivoque : “Si seulement il n’y avait pas eu de centrale nucléaire” ou “je n’ai plus la force de travailler”.

Sa femme a porté plainte contre TEPCo en mai 2013 pour obtenir une indemnisation. Les deux parties sont arrivées à un accord. On ne connait pas le montant de l’indemnisation. La veuve avait demandé 128 millions de yens (presqu’un million d’euros). En revanche, selon son avocat, la compagnie a refusé de présenter des excuses officielles.

La veuve a dit qu’elle n’était pas satisfaite par l’accord mais a signé car la vie est dure depuis qu’elle a perdu son mari. Elle veut aussi vivre en paix avec ses enfants.