Aide au logement pour favoriser le retour des évacués “volontaires”

Une partie des “auto-évacués” ou évacués “volontaires”, qui ont quitté leur domicile bien qu’ils n’aient pas été obligés à évacuer, bénéficie d’un logement gratuit, souvent en dehors de la province de Fukushima. Cette aide cessera fin mars 2017. Pour favoriser leur retour, les autorités régionales vont fournir une nouvelle aide au logement pour les personnes qui rentrent, sous certaines conditions.

Elle s’élèvera à 30 000 yens (231 euros) par mois la première année et 20 000 yens (154 euros) par mois la deuxième.

Le nucléaire ne sera plus l’énergie d’un futur radieux

Le slogan qui barrait l’entrée de la rue principale de Futaba :

cropped-fukushima-geisterstadt-2-540x304.jpg“le nucléaire, l’énergie d’un futur radieux”, est en cours de démantèlement. C’est la fin d’une époque…

7 000 personnes avaient signé une pétition pour son maintien, comme un mémorial des erreurs du passé. Le slogan sera conservé afin de pouvoir être exposé.

A l’autre bout de la rue, il y a un autre message : “L’énergie nucléaire apportera le développement et un futur prospère”, qui sera aussi retiré.

Il y a une vidéo sur le site du Maïnichi.

Encore 100 000 personnes forcées à évacuer à Fukushima

Environ 150 000 personnes ont dû évacuer dans les premiers mois de la catastrophe de Fukushima. Il y a d’abord eu une évacuation systématique dans un rayon de 20 km, puis après une mise à l’abri prolongée entre 20 et 30 km, une “recommandation” à évacuer. Enfin, le 22 avril 2011, plus d’un mois après les rejets massifs, la “recommandation” a été levée sauf dans les territoires les plus contaminés, et un autre ordre d’évacuation a été issu pour une bande allant vers le Nord-Ouest. Le seuil d’évacuation a alors été fixé à 20 mSv/an, qui constitue la fourchette haute des recommandations de la CIPR pour ce qu’elle qualifie de “situations existantes”.

Depuis, l’ordre d’évacuer a été levé en 2014 pour les parties de Tamura et de Kawauchi situées à moins de 20 km, plus en septembre 2015 pour Naraha, entièrement située à moins de 20 km. A chaque fois, cela concernait les parties les moins contaminées de la zone des 20 km.

La dernière carte officielle avec les ordres d’évacuer est ici en anglais. Ils concernent encore 100 000 personnes. Ce chiffre ne prend pas en compte les personnes qui ne sont pas rentrées où c’était possible, ni les “auto-évacués” ou “évacués volontaires”.

Selon le Fukushima Minpo, traduit par le Japan Times, parmi ces personnes déplacées, à la fin novembre 2015, 19 373 vivaient encore dans des préfabriqués provisoires. Ils étaient 33 016 en juillet 2012. Ainsi, 38% de ces logements sont vacants et les “villages” de préfabriqués deviennent de plus en plus désertés, entraînant un sentiment d’abandon et de solitude pour les personnes qui restent. Il y a eu 11 suicides entre janvier et juillet 2015 en lien apparent avec la catastrophe nucléaire, dont deux dans ces préfabriqués.

Certains de ces logements se détériorent très vite.

Le Fukushima Minpo rapporte les dernières statistiques officielles : dans le district de Miyakoji à Tamura, situé à moins de 20 km de la centrale de Fukushima daï-ichi, 62,6% des habitants sont rentrés chez eux. C’est 22,8 points au dessus du chiffre d’il y a un an. 24,2% des anciens résidents vivent ailleurs que dans leur ancien logement. Enfin, 9,1% naviguent entre leur ancienne demeure et leur logement temporaire.

Des nouvelles des centrales nucléaires japonaises

• A Takahama, dans la province de Fukui, le gouvernement vient d’accepter le plan d’urgence externe. Rappelons que les nouvelles règles de sûreté exigent de se préparer à l’évacuation de tous les habitants dans un rayon de 30 km (c’est 5 km en France). Pour Takahama, cela concerne 180 000 personnes dans trois provinces : Fukui, Kyôto et Shiga.

Le maire de Takahama a déjà accepté le redémarrage des réacteurs 3 et 4 qui sont conformes aux nouvelles règles de sûreté. L’assemblée régionale de Fukui vient d’accepter à son tour. Certains de ses membres ont trouvé qu’il était prématuré de décider car le plan d’urgence ne serait pas satisfaisant.

Le maire de Miyazu, dans la province de Kyôto à moins de 30 km de la centrale, quant à lui, a clairement exprimé son opposition à ce redémarrage. Mais il n’a pas voix au chapitre.

Le gouverneur devrait suivre après une rencontre avec le ministre de l’industrie.

Rappelons qu’une décision de justice a suspendu le redémarrage des réacteurs de cette centrale. Une décision en appel est attendue pour jeudi 24 décembre. D’où toute cette agitation.

• A Sendaï, dans la province de Kagoshima, où deux réacteurs sont en fonctionnement depuis août et octobre 2015, l’exploitant a déposé, le 17 décembre dernier, un dossier auprès de l’Autorité de Régulation Nucléaire (NRA) pour la construction d’une deuxième salle de commande bunkérisée, conformément aux nouvelles exigences de sûreté. Une nouvelle structure de refroidissement de secours sera aussi construite, des batteries ajoutées et des filtres seront installés en cas d’éventage pour réduire les rejets radioactifs. Tout doit être terminé pour 2020 au plus tard. C’était 2018 initialement (5 ans après les nouvelles règles), mais la NRA va donner un délai supplémentaire.

Un exercice de crise a eu lieu le 20 décembre autour de cette centrale. 1 200 habitants vivant à moins de 5 km de la centrale ont été évacués. Le système de visio-conférence du centre de crise a eu du mal à démarrer. Il a fallu attendre 3 minutes pour entendre les voix.

Face aux déchets qui s’accumulent sans solution, le gouvernement veut changer les règles

La catastrophe nucléaire a engendré de vastes quantités de déchets radioactifs auxquels il faut ajouter des volumes encore plus grands de déchets issus des chantiers de décontaminations. Nous avions récemment rapporté qu’il y a déjà plus de 9 millions de sacs répartis sur 114 700 sites provisoires à Fukushima.

La règle fixée en août 2011 stipulait que les déchets ayant une contamination en césium inférieure à 8 000 Bq/kg pouvaient être gérés comme des déchets ordinaires. Les autres auront besoin d’une filière spéciale avec des sites dédiés. Les nouvelles règles introduisaient un autre seuil à 100 000 Bq/kg. Il est important de noter que ce seuil de libération de 8 000 Bq/kg est beaucoup plus élevé que ce qu’il y a dans la réglementation européenne où c’est 100 Bq/kg pour chacun des césiums, soit un total de 200 Bq/kg pour les deux.

Mais la réglementation de 2011 ne prévoyait pas de déclassement de ces déchets liés à la décroissance radioactive. Comme le césium-134 a une demi-vie de 2 ans, il n’en reste plus qu’un quart après quatre ans. A l’époque, les autorités pensaient que le transfert vers des centres de stockage dédiés seraient rapide. Mais c’était sans compter sur l’opposition des populations riveraines.

Alors qu’il y a actuellement 166 328 tonnes de déchets radioactifs accumulés dans douze provinces (dont 138 000 tonnes à Fukushima), sans solution de stockage pour le moment, le ministère de l’environnement envisage d’en déclasser une partie car la contamination serait descendue sous le seuil de 8 000 Bq/kg, selon le Yomiuri. Selon les estimations datées de juin dernier, 3 172 tonnes pourraient être déclassées, soit plus de 10% du stock des provinces de Miyagi, Ibaraki, Tochigi, Gunma et Chiba. Pas sûr que les riverains des installations de gestion des déchets ordinaires acceptent…

Colmatage des fuites en mer : le cauchemar continue

La dernière solution en date mise en place par TEPCo pour limiter les écoulements d’eau souterraine contaminée vers l’océan a été de construire une barrière tout le long du littoral. Evidemment, comme on n’arrête pas un écoulement, cette barrière n’a pu être scellée qu’une fois les pompages de l’eau souterraine au pied des réacteurs permis. Cette eau est partiellement décontaminée puis contrôlée avant d’être rejetée en mer. TEPCo prétend qu’ainsi, il y a moins de radioéléments transférés qu’en laissant l’eau s’écouler.

Malheureusement, la pression de l’eau souterraine avait fait pencher ce mur souterrain à peine un mois plus tard. Et les malheurs continuent : l’eau souterraine est devenue trop salée pour être traitée ! Et la quantité d’eau à pomper, traiter et rejeter est plus importante que prévu : 400 m3 par jour. Certes, l’eau souterraine qui s’infiltre dans les sous-sols des bâtiments réacteur a bien diminué, en passant de 400 à 200 m3 par jour, mais le volume total à traiter chaque jour a augmenté.

Par ailleurs, dans quatre des cinq puits de pompage, la contamination en tritium de l’eau dépasse 1 500 Bq/L, ce qui est plus que ce que TEPCo s’est autorisé à rejeter en mer. Et comme on ne sait pas retirer ce tritium, la compagnie ne peut pas procéder au rejet. Elle doit stocker cette eau.

La compagnie va tenter de pomper plus en amont pour réduire la teneur en sel. Elle va aussi essayer d’adapter le traitement à de l’eau salée.

En attendant, TEPCo rejette l’eau souterraine salée dans les sous-sols des réacteurs où elle devient encore plus contaminée à cause de l’eau de refroidissement qui s’y écoule ! TEPCo espérait limiter les infiltrations et la voilà qui injecte l’eau là où elle ne devait pas aller… Des explications de la compagnie en japonais sont disponibles ici.

Par ailleurs, concernant l’eau partiellement décontaminée stockée dans des cuves, mais fortement contaminée au tritium, la compagnie envisage toujours de la vaporiser. C’est complètement fou comme idée. Il y en a 800 000 m3. Outre l’impact sur les environs, il faudra une énergie folle (voir Fukushima-dairy qui relaie l’information).

 

Vidéo sur la gestion des déchets radioactifs à la centrale de Fukushima daï-ichi

TEPCo a mis en ligne, en japonais uniquement, une vidéo montrant le tri des déchets engendrés par la catastrophe nucléaire sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi. Les images sont assez impressionnantes. Le tri est fait en fonction du débit de dose au contact : il y a d’abord les déchets avec moins de 0,1 mSv/h, puis ceux avec moins de 1 mSv/h, puis 10 mSv/h et pour finir 30 mSv/h. La dernière catégorie concerne les déchets ayant plus de 30 mSv/h.

Les volumes semblent gigantesques, même si aucune information à ce propos n’est donnée dans la vidéo.

Nouvelles informations sur la fusion des réacteurs 2 et 3

TEPCo a mis en ligne de nouvelles informations sur les accidents survenus dans les réacteurs n°2 et 3 de la centrale de Fukushima daï-ichi. Lire son communiqué en anglais et le document associé. Le document en japonais est beaucoup plus détaillé.

• La fusion du cœur du réacteur n°2 aurait eu lieu au bout de quatre jours. Voici l’explication avancée par TEPCo. Le système de refroidissement de secours se serait arrêté au bout de quatre jours, le 14 mars au soir et la température est montée. Pour maintenir le refroidissement, les personnes sur place ont tenté d’injecter de l’eau à partir d’un camion pompier. Cela n’a pas fonctionné car la pression à l’intérieur de la cuve était trop élevée. Pour faire diminuer la pression, il fallait éventer le réacteur en ouvrant huit vannes de secours. Cela a été tenté aux premières heures du 15 mars, mais cela n’a pas marché. Ces vannes auraient dû être ouvertes à l’aide d’azote maintenu sous pression, mais, les joints en caoutchouc de la vanne d’injection auraient fondu à cause de la chaleur, entraînant une fuite. La température aurait atteint 200°C, ce qui est plus que ce qui était prévu…

La pression a finalement baissé après qu’une des vannes se soit finalement ouverte vers 1h du matin.

Ces joints peuvent tenir jusqu’à 170°C pendant quelques heures seulement. Ces pièces particulièrement fragiles sont présentes sur les autres réacteurs du même type. TEPCo va les changer sur ses autres réacteurs de Kashiwazaki-Kariwa.

• En ce qui concerne le réacteur n°3, les plus forts rejets radioactifs dans l’atmosphère ne seraient pas dus aux évents destinés à faire baisser la pression, mais à une perte d’étanchéité du confinement. Le réacteur n°3 a été éventé à trois reprises durant les premiers jours. Le troisième évent a eu lieu à 21h le 13 mars, mais la pression n’aurait pas baissé comme attendu. Ainsi, les rejets qui ont suivi, entre la nuit du 14 et le 16 mars seraient dus à une perte de l’étanchéité. TEPCo était déjà arrivé à une conclusion similaire pour le réacteur n°2.

Budget en augmentation pour la décontamination

Le ministère de l’environnement a demandé un budget record de 522,3 milliards de yens (4 milliards d’euros) pour 2016 afin de pouvoir faire face à l’augmentation des coûts de la décontamination. Dans les zones non-évacuées, ce sont les communes qui prennent en charge les travaux, mais le gouvernement qui paye. Et comme il y a une volonté de finir en 2016, le ministère veut augmenter le budget. Il n’est pas sûr que la main d’œuvre suive.

Ce budget inclut aussi 134,6 milliards de yens (1 milliard d’euros) pour la gestion des sites d’entreposage temporaire des déchets engendrés et 214 milliards de yens (1,6 milliards d’euros) pour les sites de stockage prévus.

Les trois communes de Miyagi refusent d’accueillir un centre de stockage

Le ministère de l’environnement a sélectionné trois communes de la province de Miyagi pour y mener des études en vue de l’installation d’un centre de stockage des déchets radioactifs engendrés par la catastrophe. Il s’agit de Kami, Taïwa et Kurihara.

Mais à cause de l’opposition des riverains, aucune investigation n’a pu être menée et ce ne sera pas possible pour le deuxième hiver de suite. A Kami, les riverains et les élus bloquaient l’accès au site à chaque fois que des études devaient débuter. Les deux communes avaient exigé des études simultanées sur les trois sites. Elles n’ont pas eu lieu non plus.

Les maires ont fait savoir qu’ils retiraient leur accord. Le maire de Kami a demandé le transfert des déchets à Fukushima. Des représentants du ministère ont expliqué qu’il était impossible d’accepter cette décision.

Pour le moment, avec l’arrivée de l’hiver et de la neige, aucune investigation n’est possible.