La faille sous le réacteur n°1 de Shika pourrait être active

Le groupe d’experts mandaté par l’Agence de Régulation Nucléaire, la NRA, avait conclu que la faille sismique S1 qui passe sous le réacteur n°1 de la centrale de Shika, dans la province d’Ishikawa, pourrait être active. Le rapport rendu ce jour confirme ce diagnostique. Il n’y a pas d’évidence claire que cette faille, d’une longueur de 780 m est active, mais la strate située au-dessus de la partie Sud-Ouest pourrait avoir bougée après la fin du pliocène, il y a entre 120 000 et 130 000 ans. Et ce pourrait être dû à un mouvement de la faille.

Il est interdit de construire un réacteur au dessus d’une faille active. Si cette opinion est confirmée par la NRA, ce réacteur devra être arrêté définitivement. Bien évidemment, l’exploitant, la Hokuriku Electric Power Company, conteste ce point de vue et prétend que ses études démontrent que la faille S1 n’est pas active. Le PDG a donc annoncé que la compagnie allait présenter de nouvelles données et expliquer à nouveau son point de vue à la NRA. Jusqu’à maintenant, ces arguments n’ont pas convaincu les experts.

Le groupe de 5 experts comprend un membre de la NRA et 4 membres externes, spécialistes des failles sismiques. Ils vont consulter d’autres experts avant de rendre leurs conclusions définitives.

Par ailleurs, le rapport des experts n’exclut pas que la faille S6, qui passe sous des tuyaux de la prise d’eau de mer des réacteurs n°1 et 2, soit aussi active. Cela ne signifie pas l’arrêt définitif du réacteur n°2, mais des travaux supplémentaires. La faille S2, reliée à la S6, pourrait aussi être active. Leur impact pourrait être limité car elles sont en profondeur.

Le réacteur n°1 a été mis en service en 1993 et le 2 en 2006. Une demande d’autorisation de redémarrage a été déposée en août 2014 pour le réacteur n°2.

Le Japon fait pression pour que les Philippines importent les aliments de Fukushima

Selon le Manila Times, dans le cadre des négociations de partenariat économique entre les deux pays, le Japon fait pression sur les Philippines pour qu’elles acceptent des produits agricoles de Fukushima. Mais ce n’est pas gagné. Dans de telles circonstances, tous les produits importés devraient être contrôlés par le Philippine Nuclear Research Institute (PNRI).

De leur côté, les Philippines demandent au Japon d’abaisser ses barrières douanières sur les produits agricoles.

Le plan énergétique du Japon approuvé par un comité Théodule

En juin dernier, le gouvernement japonais a présenté sa stratégie énergétique pour l’horizon 2030, avec 20 à 22% de nucléaire, ce qui est complètement irréaliste, puisqu’il faudrait construire de nouveaux réacteurs. Le pays n’arrive déjà pas à redémarrer les réacteurs existants. Comment en construire de nouveaux ? Les compagnies d’électricité n’en ont plus les moyens et la population y est opposée. Mais le gouvernement est au-dessus de ces détails. Il lui faut prétendre avoir des solutions. Pour faire plus sérieux, il a constitué un panel d’experts qui vient d’entériner cette proposition. Certains membres s’y sont opposés, mais la composition du groupe a été choisie de façon à ce qu’il n’y ait pas de surprises.

Le ministère de l’industrie a chargé un autre groupe d’experts de réfléchir à la poursuite du programme dit de recyclage. Il s’agit d’un autre échec patent de la politique nucléaire japonaise, basé sur un mythe : même en France, moins de 1% de ce qui sort des réacteurs est recyclé. Et il n’y a pas de deuxième tour de recyclage. Le « cycle » du combustible n’existe pas. Mais le gouvernement, qui est au-dessus des réalités, s’accroche à ce mythe car c’est une technologie proliférante. La mission de de groupe n’est pas de réfléchir à une solution pour les déchets, mais de sauver l’usine de retraitement qui a déjà 20 ans de retard et n’a jamais démarré, ainsi que le surgénérateur Monju, démarré en 1994 et arrêté en 1995 après une fuite de sodium. Là encore, les faits sont plus têtus que les politiques. Les compagnies d’électricité, en difficultés financières et qui vont, pour la première fois être confrontées à la concurrence, vont rechigner à financer ces installations sans avenir. La question posée au groupe est comment le gouvernement peut soutenir ce programme après la libéralisation du marché.

C’est cette façon de fonctionner qui a conduit à la catastrophe de Fukushima : se croire au-dessus des faits (le risque tsunami) et faire avaliser les fables par des « experts » sélectionnés. Tout le reste n’est que « rumeurs néfastes ». Il suffit d’expliquer à la population qui, décidément, ne comprend pas. C’est la stratégie DAD : Décider, Annoncer, Défendre, qui est un échec. La même que pour les déchets radioactifs.

Si les autorités ne changent pas leur fonctionnement, le pays ne relèvera jamais la tête après la catastrophe nucléaire qui va durer pendant des décennies encore.

Selon Wikipedia, Théodule est un prénom masculin français, rare, d’origine grecque, signifiant « esclave/serviteur de dieu »

Avec l’approche du typhon Nangka la bataille de l’eau contaminée continue

L’approche du typhon Nangka entraîne de fortes pluies à la centrale de Fukushima daï-ichi. TEPCo a découvert que de l’eau de pluie contaminée a débordé avant de se retrouver dans l’océan. Une première mesure a donné une contamination en césium de 830 Bq/L et 1 100 Bq/L en bêta total. La fuite a été découverte à 8h40, heure locale, et à 17h, le problème n’était pas réglé car la compagnie ne peut faire face aux fortes pluies.

Ce même typhon a fait un mort, 17 blessés et entraîné le déplacement de 350 000 personnes à Shikoku.

Par ailleurs, TEPCo a mis, en anglais, un document avec les relevés de température du sous-sol, là où elle tente de tout geler pour réduire les infiltrations. Les températures ne sont négatives que pour 6 points sur 13. Toujours aussi optimiste, TEPCo tweete que la température diminue progressivement. Les opérations de refroidissement ont débuté le 30 avril dernier. Cela prend du temps !

En aval des réacteurs, on le sait, le gel des galeries souterraines n’est pas possible. TEPCo les remplit donc de ciment. Voici le dernier point sur l’avancement de ces travaux.

Le dernier bilan de l’eau contaminée accumulée est ici en anglais.

TEPCo annonce aussi avoir débuté le démantèlement des cuves du type de celles qui avaient fui.

22 mois sans électricité nucléaire

Cela fait exactement 22 mois consécutifs que le Japon est sans électricité d’origine nucléaire. Des demandes d’autorisation de redémarrage ont été déposé pour 25 réacteurs sur 43 restant. Les dossiers de sûreté de quatre d’entre eux ont été jugés recevables, à Sendaï (Kagoshima) et Takahama (Fukui). Mais pour cette dernière centrale, un arrêt de justice a suspendu toute autorisation de redémarrage. Un premier appel a été rejeté.

En mai dernier, un cinquième réacteur a vu son dossier de sûreté jugé recevable par l’Agence de Régulation Nucléaire, la NRA. Il s’agit du réacteur n°3 d’Ikata dans la province d’Ehimé, sur l’île de Shikoku. L’avis a ensuite été soumis au public pendant un mois. L’Agence a recueilli 3 464 contributions et elle vient de franchir une étape supplémentaire en approuvant les mesures de sûreté, malgré les nombreuses critiques reçues. Pour certains, la tenue aux séismes n’est pas suffisante, ou le risque d’explosion hydrogène est sous-estimé. La NRA pense que les mesures proposées sont suffisantes et les corrections effectuées dans son avis sont mineures.

Par ailleurs, comme nous l’avions signalé, les plans d’urgence externes en cas d’accident ne sont pas satisfaisants. La centrale est sur une péninsule très étroite. Un accident pourrait bloquer la route d’évacuation pour les 5 000 habitants vivant au-delà de la centrale, à l’Ouest. Il y a 123 000 habitants dans un rayon de 30 km autour de la centrale. Les habitants de l’île de Kaminoséki dans la province de Yamaguchi sont aussi concernés.

Une enquête a montré que les élus locaux craignent des embouteillages en cas d’accident, entravant l’évacuation rapide. Pour les personnes dans les hôpitaux et les maisons de retraite, ce sera encore plus compliqué. Par ailleurs, la province voisine de Kôchi, sur l’île de Shikoku, n’a pas encore donné son accord pour accueillir les réfugiés.

Ce réacteur, arrêté depuis avril 2011, va utiliser du combustible MOx, avec du plutonium de retraitement. Il est peu probable qu’un redémarrage soit possible cette année. En effet, il y a encore de nombreux dossiers à soumettre et la NRA doit inspecter la centrale. De plus, les travaux de renforcement des protections contre les séismes vont prendre du temps. l’exploitant, Shikoku Electric, doit encore construire un centre de crise bunkérisé.

Il faudra aussi consulter les élus locaux. Mais, là encore, cela devrait se limiter au maire de la commune qu’Ikata et le gouverneur d’Ehimé, qui dépendent financièrement des subsides de la centrale nucléaire. Ces derniers restent très prudents dans leur déclarations et n’ont pas fait savoir leur opinion. En attendant, la compagnie va faire du porte à porte dans un rayon de 20 km autour de la centrale pour expliquer les mesures de sûreté.

Par ailleurs, Chûgoku Electric, propriétaire de la centrale de Shimané, vient de se faire tancer par la NRA pour avoir falsifié des documents. La compagnie a reconnu, le 30 juin dernier, qu’elle n’avait pas effectué les inspections requises sur les équipements de manipulation des déchets de faible activité, bien qu’elle les ait enregistrées comme faites. Le président de la NRA déplore un manque de culture de sûreté.

Début des travaux de décontamination de J-Village

J-Village était un centre d’entraînement et de formation au football d’un cinquantaine d’hectares, situé sur les communes de Naraha et Hirono, à une vingtaine de kilomètres de la centrale de Fukushima daï-ichi. Il a été construit en 1997 par TEPCo qui finançait une partie de ses activités. Après la catastrophe nucléaire, il a été transformé en base pour les travailleurs à la centrale accidentée.

En novembre 2013, TEPCo a annoncé vouloir rendre le centre et les autorités veulent l’utiliser pour les JO de 2020. Puis, en janvier 2014, elle a promis d’accélérer les travaux, comme si elle n’avait rien de plus important à faire sur le site de la centrale nucléaire. Les travaux de décontamination, qui viennent de débuter, devraient durer jusqu’en mars 2016. Ils ne concernent que 6,9 hectares. TEPCo devrait avoir terminé sa nouvelle base d’accueil en mars 2017. Elle va ensuite décontaminer une partie des terrains de sport qui accueillent actuellement des préfabriqués et rendre J-Village avant mars 2018. Le centre devrait rouvrir comme centre d’entraînement et de formation de football en avril 2019, juste un an avant les JO.

La décision de récupérer le centre pour le football est purement politique : montrer au monde et aux Japonais que tout est rentré à la normale. TEPCo et les autorités devraient avoir d’autres priorités quand on sait que les ressources sont limitées. Le président de la fédération japonaise de football soutient ce retour. Il n’est pas sûr, cependant, que les équipes internationales acceptent d’y aller. Mais dans le monde du foot, l’argent permet de faire des miracles.

On peut se demander pourquoi les travailleurs n’ont pas eu droit à ces travaux de décontamination depuis plus de quatre ans.

L’AIEA a fini son inspection de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa

L’AIEA a fini son inspection de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa à Niigata débutée le 29 juin dernier. Dans son communiqué, l’agence de l’ONU note que TEPCo a amélioré la défense contre les accidents graves. C’est bien la moindre des choses après le fort séisme de 2007 qui avait secoué la région et l’accident de Fukushima. Rappelons qu’en 2007, l’amplitude du séisme avait dépassé ce qui était prévu dans les critères de sûreté de la centrale et il avait fallu plusieurs heures pour éteindre l’incendie d’un transformateur. Selon l’AIEA, le risque incendie aurait aussi été minimisé. Heureusement !

L’agence fait quelques recommandations préliminaires concernant le plan d’urgence interne. Le rapport final est pour dans trois mois. Elle précise que cette inspection ne remplace pas celle de l’Agence de Régulation Nucléaire, la NRA.

Daté : zonage remis en cause par les habitants

Article repris du blog Nos voisins lointains 3.11

La ville de Daté a divisé son territoire en trois zones pour programmer les travaux de décontamination : la zone A où la mesure de la radioactivité ambiante dépasse 20mSv/an, la zone B attenant à la zone A, puis la zone C où la radioactivité ne dépasse pas 5mSv/an.

Dans la zone C, au lieu d’effectuer les travaux de décontamination sur toutes les surfaces de la zone, la municipalité nettoie seulement des endroits restreints où la mesure de radioactivité à 1cm de la surface du sol dépasse 3µSv/h. Si, par exemple, la mesure dépasse cette limite sur le toit, cela ne fait pas l’objet de décontamination.

Lors de la campagne électorale au mois de janvier 2014, le candidat sortant, le maire Shôji NISHIDA a promis d’effectuer les travaux de contamination sur l’ensemble de la zone C. Or, depuis sa réélection, il ne remplit pas sa promesse.

Frustrés par la manque de réponse de la part du maire à leurs demandes répétées de la réalisation de la promesse électorale, certains des habitants de la ville de Date se sont réunis dans un groupe nommé « Association pour protéger l’avenir des enfants dans la ville de Daté » (Kodomo no mirai wo mamoru kai in Date), et ont commencé à installer des drapeaux et des panneaux réclamant les travaux de décontamination. (Voir l’article et la photo). L’association réunit des voix des habitants de la ville de Date et les publie dans leur Facebook également.
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Voici la publication datée du 11 juillet sur la page Facebook de cette association.

Les voix des habitants

  • Les travaux de décontamination ont été effectués aux jardins publics et au site de l’école, mais pas autour de la maison.
  • Pourquoi seulement dans la zone C le seuil minimum pour les travaux de décontamination est à 3µSv/h ?
  • Les enfants pèchent des écrevisses et des poissons aux canaux près de rizières.
  • Les enfants jouent avec des boues autour de la maison. Ce sont des endroits où les travaux de décontamination n’ont pas encore été effectués.
  • J’aimerais voir les travaux de décontamination se réalisent.
  • Est-ce sans risque de laisser les enfants jouer à l’extérieur ?
  • Notre maison se trouve dans la zone B, mais le lieu de travail ainsi que l’école se trouvent dans la zone C.
  • Mon enfant qui est encore petit ramasse des choses dans la rue et les mange.
  • Est-il nécessaire de faire la division entre la zone B et la zone C ? Cela aurait été plus compréhensible de faire les travaux de toutes les surfaces des zones.
  • J’habite dans la zone B. La radioactivité est encore élevée même après les travaux de décontamination. Il semble que nous recevons les rayons des lieux environnants.
    Sans les travaux de décontamination autour de la maison, la radioactivité ne baisse pas.
  • Pourquoi dans la ville de Date, ils ne nettoient que la maison ? J’ai entendu dire qu’ailleurs, c’est différent.
  • J’ai peur de la radiation lors des travaux agricoles.
  • Des petits enfants jouent assis sur le sol. Des fois ils sont les pieds nus. Je les ai vus au parking d’un magasin où les travaux de décontamination n’ont pas encore été effectués. Ce ne sont pas mes enfants, mais j’en ai eu des frissons.
  • Je vois des fumées de brûlis. Est-ce normal ? Ca se passe souvent lorsque les enfants sont sur le chemin de l’école. Cela m’inquiète.
  • J’ai de souci de la radiation à faible dose. Cela m’angoisse de penser que les enfants vont vivre leur vie entière dans cet environnement.
  • Je vais considérer la possibilité des vacances sanitaires et d’évacuation.
  • Pourquoi la ville de Daté n’effectue pas les travaux de décontamination ?
  • En 2011, le maire a déclaré de faire les travaux de décontamination de toutes les maisons. J’ai attendu, puisqu’il avait promis. Que se passe-t-il ?
    J’envie aux habitants des villes et des communes avoisinantes.

Contamination de l’eau souterraine et rejets en mer

La contamination en tritium du puits de pompage n°10 en amont des réacteurs continue de monter et vient de battre deux nouveaux records avec 1 800 Bq/L (prélèvement du 6 juillet) et 1 900 Bq/L (prélèvement du 9 juillet). Il s’agit des quatrième et cinquième records successifs. Cela dépasse la limite fixée pour le rejet en mer, qui est de 1 500 Bq/L, mais TEPCo compte sur la dilution avec l’eau des autres puits : la contamination en tritium de l’eau rejetée tourne autour de 100 Bq/L. Plus en amont, la contamination en tritium des nappes phréatiques peut atteindre 20 000 Bq/L dans le puits de contrôle E10 (prélèvement du 7 juillet).

Au pied des réacteurs, la contamination en tritium a aussi battu un record dans le puits de contrôle n°3 avec 8 500 Bq/L (prélèvement du 1er juillet). Celle en césium bat aussi son propre record dans le puis 1-8, avec respectivement 170 et 670 Bq/L pour les césium-134 et -137 respectivement (prélèvement du 6 juillet).

La contamination en césium de l’eau de mer à l’embouchure du port continue d’osciller.

Par ailleurs, Fukushima dairy rapporte que le mur gelé souterrain en phase de test au pied du réacteur n°4 ne prend pas après deux mois de refroidissement. C’est une mauvaise nouvelle car TEPCo ne pourra pas limiter les infiltrations d’eau souterraine.

24 compagnies taïwanaises ont violé les règles d’importation d’aliments japonais

Taïwan a restreint les importations d’aliments en provenance du Japon à la suite de la catastrophe nucléaire, comme de nombreux pays ou régions. L’île a interdit l’importation d’aliments en provenance des provinces japonaises de Fukushima, Gumma, Tochigi, Ibaraki et Chiba, qui ont été contaminées. Les autorités ont découvert qu’il y a eu des arnaques à l’étiquetage de plusieurs produits alimentaires de ces provinces et ont donc durci les règles à partir du 15 mai dernier.

Après enquête, il s’avère que 24 compagnies taïwanaises ont importé 381 produits en provenance des cinq provinces japonaises. Pour 23 d’entre elles, les documents d’importation ne correspondait pas aux produits importés. Une compagnie n’a pas suivi les bonnes procédures douanières.

Cela ne signifie pas que ces produits étaient contaminés.