22 mois sans électricité nucléaire

Cela fait exactement 22 mois consécutifs que le Japon est sans électricité d’origine nucléaire. Des demandes d’autorisation de redémarrage ont été déposé pour 25 réacteurs sur 43 restant. Les dossiers de sûreté de quatre d’entre eux ont été jugés recevables, à Sendaï (Kagoshima) et Takahama (Fukui). Mais pour cette dernière centrale, un arrêt de justice a suspendu toute autorisation de redémarrage. Un premier appel a été rejeté.

En mai dernier, un cinquième réacteur a vu son dossier de sûreté jugé recevable par l’Agence de Régulation Nucléaire, la NRA. Il s’agit du réacteur n°3 d’Ikata dans la province d’Ehimé, sur l’île de Shikoku. L’avis a ensuite été soumis au public pendant un mois. L’Agence a recueilli 3 464 contributions et elle vient de franchir une étape supplémentaire en approuvant les mesures de sûreté, malgré les nombreuses critiques reçues. Pour certains, la tenue aux séismes n’est pas suffisante, ou le risque d’explosion hydrogène est sous-estimé. La NRA pense que les mesures proposées sont suffisantes et les corrections effectuées dans son avis sont mineures.

Par ailleurs, comme nous l’avions signalé, les plans d’urgence externes en cas d’accident ne sont pas satisfaisants. La centrale est sur une péninsule très étroite. Un accident pourrait bloquer la route d’évacuation pour les 5 000 habitants vivant au-delà de la centrale, à l’Ouest. Il y a 123 000 habitants dans un rayon de 30 km autour de la centrale. Les habitants de l’île de Kaminoséki dans la province de Yamaguchi sont aussi concernés.

Une enquête a montré que les élus locaux craignent des embouteillages en cas d’accident, entravant l’évacuation rapide. Pour les personnes dans les hôpitaux et les maisons de retraite, ce sera encore plus compliqué. Par ailleurs, la province voisine de Kôchi, sur l’île de Shikoku, n’a pas encore donné son accord pour accueillir les réfugiés.

Ce réacteur, arrêté depuis avril 2011, va utiliser du combustible MOx, avec du plutonium de retraitement. Il est peu probable qu’un redémarrage soit possible cette année. En effet, il y a encore de nombreux dossiers à soumettre et la NRA doit inspecter la centrale. De plus, les travaux de renforcement des protections contre les séismes vont prendre du temps. l’exploitant, Shikoku Electric, doit encore construire un centre de crise bunkérisé.

Il faudra aussi consulter les élus locaux. Mais, là encore, cela devrait se limiter au maire de la commune qu’Ikata et le gouverneur d’Ehimé, qui dépendent financièrement des subsides de la centrale nucléaire. Ces derniers restent très prudents dans leur déclarations et n’ont pas fait savoir leur opinion. En attendant, la compagnie va faire du porte à porte dans un rayon de 20 km autour de la centrale pour expliquer les mesures de sûreté.

Par ailleurs, Chûgoku Electric, propriétaire de la centrale de Shimané, vient de se faire tancer par la NRA pour avoir falsifié des documents. La compagnie a reconnu, le 30 juin dernier, qu’elle n’avait pas effectué les inspections requises sur les équipements de manipulation des déchets de faible activité, bien qu’elle les ait enregistrées comme faites. Le président de la NRA déplore un manque de culture de sûreté.