Début de la construction d’un mur anti-tsunami à Naraha

On le sait, les autorités veulent lever l’ordre d’évacuer la commune de Naraha le 5 septembre prochain alors que tout n’est pas prêt pour le retour. La pose de la première pierre d’un nouveau mur anti-tsunami vient juste d’avoir lieu, le précédent ayant été endommagé.

Le nouveau mur, d’une longueur de 1,8 km et d’une hauteur de 8,7 m sera plus éloigné de la côte que le précédent. Il devrait être terminé en mars 2018…

Début d’un exercice de crise interne à la centrale de Sendaï

Kyûshû Electric veut redémarrer le réacteur n°1 de sa centrale de Sendaï à Kagoshima le 10 août prochain. Elle doit mener auparavant un exercice de crise interne qui simule un accident grave avec fusion du cœur.

Cet exercice vient de débuter et devrait durer quatre jours. L’Agence de Régulation Nucléaire, la NRA, est là en observateur. Elle ne mène pas d’exercice elle aussi ? En revanche, il n’y a pas d’exercice externe avec les populations environnantes. Les nouveaux plans d’urgence stipulent pourtant qu’en cas de crise grave à la centrale toute la population dans un rayon de 5 km doit être évacuée préventivement.

Un éleveur porte plainte pour être mieux indemnisé

Un des plus gros éleveurs de la région de Fukushima vient de porter plainte contre TEPCo et le gouvernement. Il réclame 500 millions de yens (3,6 millions d’euros) pour compenser les pertes subies. La compagnie a près de 2 900 têtes de bétails dans plusieurs fermes de Kôriyama et Tamura. Elle doit faire face à la baisse des cours de la viande et au stockage du fumier qui ne peut plus être vendu comme engrais.

C’est la première fois qu’une plainte est déposée à propos du fumier. La compagnie en aurait accumulé 17 000 tonnes.

Encore 7 000 m3 d’eau fortement contaminée dans les galeries souterraines

Il y a de nombreuses galeries souterraines entre les bâtiments réacteur, turbine et la mer. Elles ne sont pas étanches, mais sont pleine d’eau fortement contaminée. Cela entraîne donc une pollution des nappes phréatiques à l’origine d’une feuilleton sur ce blog et de rejets en mer. Sur ordre de l’Agence de Régulation Nucléaire, TEPCo a engagé une bataille pour contenir ces fuites. La compagnie a initialement tenté de tout geler, en vain. Elle remplit donc ces galeries de ciment au niveau des réacteurs 2 et 3. Elle devrait avoir fini à la fin du mois.

Actuellement, il resterait environ 7 000 m3 d’eau fortement contaminée dans ces galeries souterraines, canalisations… La plus forte contamination en césium atteindrait 4 190 Bq/L. A cela, il faut encore ajouter l’eau des sous-sols des bâtiments réacteur et turbine, moins poreux, mais pas étanches pour autant puisque 300 m3 d’eau souterraine y pénètrent chaque jour. De l’eau contaminée doit aussi en ressortir.

Plus de 3 000 demandes d’indemnisation dans le quartier de Watari

Le quartier de Watari dans la ville de Fukushima, à une soixantaine de kilomètre de la centrale nucléaire, a été particulièrement touché par les retombées radioactives : en plusieurs points chauds, l’exposition externe dépassait 20 mSv/an, mais les autorités ont toujours refusé de l’évacuer. Hors de question d’évacuer une partie de la capitale régionale. Encore maintenant, il reste des points où l’exposition dépasse les critères de décontamination.

3 107 habitants de ce quartier, soit 20% de sa population, ont déposé une demande d’indemnisation auprès de la commission ad-hoc pour l’inquiétude engendrée. Ils réclament 100 000 yens par personne et par mois, comme les personnes évacuées, et 200 000 yens pour les 6 premiers mois de la catastrophe.

90% des habitants du quartier d’Ônami avaient fait de même en novembre dernier.

Greenpeace dénonce la politique de retour du gouvernement japonais

Greenpeace a écrit aux autorités japonaises pour leur demander de reporter la date de retour des populations dans les territoires évacués à cause de la radioactivité. Comme nous l’avons signalé en mai dernier, le gouvernement a, en effet, récemment décidé que toute la population devrait être rentrée pour mars 2017 afin de cesser les indemnisations en mars 2018. Les personnes originaires des territoires classés en “zone de retour difficile” ne sont pas concernés par cette décision.

Pour Greenpeace, qui a fait tout une série de mesures à Iitaté, ce n’est pas possible. Les débit de dose relevés peuvent être encore très élevés, même à proximité de zones facilement accessibles. Les analyses de sol, effectuées par Chikurin, le laboratoire fondé avec le soutien de l’ACRO, mettent en évidence de fortes contaminations à proximité du barrage Gambé. Greenpeace a aussi mis en ligne une série de photos.

En effet, l’approche gouvernementale à propos des déplacés de la catastrophe nucléaire est, bien entendue, financière, mais aussi idéologique : il faut démontrer que la catastrophe est réversible. Certaines communes détruites par le tsunami sont reconstruites ailleurs, dans des villes nouvelles. C’est le cas, par exemple, de Tamaura-Nishi qui vient d’être inaugurée. Une telle approche semble exclue pour les territoires contaminés. Même le centre de stockage des déchets radioactifs, qui va couvrir 16 km2 autour de la centrale de Fukushima daï-ichi, avec environ 25 millions de tonnes de détritus, n’est officiellement là que pour 30 ans. Personne n’y croit, mais il ne faut surtout pas dire qu’il n’y aura pas de retour.

Le choix de rendre J-Village au foot est aussi purement idéologique. Il aurait été plus simple de créer un nouveau centre de formation et d’entraînement. Mais l’approche gouvernementale est “scientifique” et les réticences des habitants sont dues à des “rumeurs néfastes”…

Eau contaminée : toujours les mêmes problèmes

L’eau souterraine pompée en amont des réacteurs pour être rejetée dans l’océan vient de battre son sixième record successif de la contamination en tritium dans le puits n°10, avec 2 000 Bq/L (prélèvement du 13 juillet). Cela n’a pas l’air de perturber TEPCo qui se contente de signaler que, lors du prélèvement précédent, daté du 9 juillet, elle avait trouvé 1 900 Bq/L et le laboratoire tiers qui double les mesures, 2 000 Bq/L. Dans le prélèvement du 17 juillet, la contamination du puits n°10 est repassée à 1 900 Bq/L pour le tritium, mais celle du puits voisin, le n°9, bat son propre record avec 250 Bq/L.

Plus en amont, au pied des cuves de la zone H4, il y a toujours 25 000 Bq/L pour le tritium (prélèvement du 11 juillet 2015).

L’eau pompée au pied des réacteurs bat aussi son propre record de la contamination en tritium avec 2 400 Bq/L (prélèvement du 8 juillet).

L’eau du drain qui rejette l’eau de pluie vers le port bat aussi son record de la contamination en césium-137 en deux points (prélèvement du 16 juillet). Cela peut être lié aux fortes pluies qui lessivent la pollution des sols.

Dans ce fichier, outre un autre record pour le tritium avec 1 500 Bq/L au pied du réacteur n°2 (prélèvement du 14 juillet), il y a deux records de la contamination en strontium dans l’eau de mer prélevée dans le port, entre le quai et la barrière avec 1 500 Bq/L. Les prélèvement d’eau de mer datent du 1er juin 2015, car la mesure du strontium prend du temps. A chaque fois, c’est plus que la contamination bêta totale du même échantillon qui est de 1 200 Bq/L, sans que cela ne trouble TEPCo. Le strontium est un émetteur bêta : sa contamination doit être inférieure à celle en bêta total !

Rappelons, à titre de comparaison, que TEPCo se refuse de rejeter dans l’océan une eau qui aurait plus de 1 500 Bq/L pour le tritium et plus de 5 Bq/l en bêta total.

A l’embouchure du port, la contamination en césium continue à osciller. Cela doit être lié aux pluies.

Nouvelle carte de la contamination

Les autorités japonaises viennent de mettre en ligne une nouvelle carte de la contamination des sols sur une zone allant du Nord de Tôkyô à Iwaté. Les données, datées de novembre 2014, ont été obtenues depuis un hélicoptère.

Grâce à la désintégration du césium-134, qui a une demi-vie de 2 ans, la contamination a baissé depuis 2011, mais évolue moins vite maintenant à cause du césium-137, qui lui, a une demi-vie de 30 ans. Il faut aussi ajouter le lessivage des sols qui entraîne une partie du césium, fixé sur les sédiments, dans les cours d’eau puis l’océan.

Un représentant de l’Agence de reconstruction a déclaré au Fukushima Minpo que “les niveaux de dose ont baissé significativement dans les régions de Nakadôri et Hamadôri, ce qui prouve que l’on n’est plus dans une situation où l’on doit évacuer les territoires situés en dehors des zones où il y a eu ordre d’évacuer”. Cela signifie-t-il que, jusqu’à maintenant, il aurait été nécessaire d’évacuer ? Ce commentaire, destiné à encourager le retour des déplacés “volontaires”, sonne comme un aveu.