Voyage à Fukushima, dans une région optimiste et pleine d’espoir

Tel est le titre d’un reportage de la RTBF après avoir “traversé une région pleine d’espoir, organisée et optimiste”. Nos reporters ont vu des villages abandonnés et des tonnes de déchets dans “de grands sacs en plastique noir qui s’entassent à perte de vue, mais de manière ordonnée”. Ce doit être l’ordre qui est source d’optimisme.

On y apprend que la terre contaminée, est “stockée là en attente d’être traitée”. Non, elle sera entreposée le temps qu’il faudra, sans traitement. Et d’ajouter que “le gouvernement japonais a mis en place un processus assez prodigieux, dont l’objectif est de racler plusieurs mètres d’épaisseur de sol, sur des centaines de mètres à l’intérieur des terres, afin de les rendre à nouveau saines pour les habitants et leurs activités économiques. Une belle preuve de résilience”. Waouh, les autorités racleraient la terre sur plusieurs mètres d’épaisseur. Il s’agit de centimètres… Quant à la décontamination, elle se fait sur un vaste territoire qui va bien au-delà de quelques centaines de mètres à l’intérieur des terres !

“Mais malgré tous leurs efforts, les instances officielles n’[arriveraient] pas à gagner la confiance des japonais.” Trop bête, alors qu’il suffit de quelques mesures citoyennes sur un site Internet, celui de Safecast, pour “préparer sereinement le retour des habitants dans les villes abandonnées de la région.”

“Et même si les rues d’Odaka sont encore assez désertes, nous avons assisté au retour d’un petit groupe d’enfants à la maison après l’école, en apparente insouciance.” Que pensaient-ils voir ? Des enfants en pleurs devant des appareils de mesure de la radioactivité ?

Une belle leçon de journalisme…

Les agriculteurs de Fukushima veulent être indemnisés après janvier 2019

Plusieurs sections de Fukushima des coopératives agricoles du Japon (JA) se sont réunies dans la capitale de la province à propos des indemnisations. Selon le Fukushima Minpo, Elles se sont mises d’accord sur une revendication commune demandant la révision de la politique de TEPCo et du gouvernement.

Les autorités souhaitent arrêter les indemnisations à partir de janvier 2019 pour les agriculteurs. Après cette date, une indemnisation sera versée sur demande, en cas de relation avérée avec l’accident nucléaire. Cela inquiète les agriculteurs qui pensent que les « rumeurs néfastes » persisteront et que les consommateurs éviteront toujours leurs produits. Pour les territoires évacués, ce sera encore plus dur.

A Taïwan, le Kuomintang a organisé une manifestation contre l’assouplissement des règles d’importation de produits alimentaires en provenance du Japon. Les autorités ont précisé que les produits de Fukushima, Gunma, Ibaraki, Tochigi et Chiba seront toujours interdits à la vente à Taïwan, mais que ceux d’autres provinces pourront être importés s’ils ont un certificat de contrôle.

Travailleurs brésiliens à Fukushima daï-ichi : l’ambassade du Brésil a réagi

Suite à l’embauche de 7 Brésiliens à la centrale de Fukushima daï-ichi qui n’avaient pas bénéficié d’une formation satisfaisante en radioprotection, l’ambassade du Brésil avait demandé aux journaux gratuits de langue portugaise de ne plus diffuser de petites annonces pour un emploi avec risque d’exposition à la radioactivité. Selon le Maïnichi, les autorités brésiliennes souhaitent que ses ressortissants soient bien informés des risques encourus.

Le marché de l’emploi s’est dégradé pour les Brésiliens d’origine japonaise après la crise de 2008. Au printemps 2012, un de ces journaux gratuits avait diffusé une annonce pour retirer des débris de la zone évacuée à moins de 20 km de la centrale de Fukushima daï-ichi. Payé 30 000 yens de l’heure, une centaine de personnes avaient candidaté en trois jours.

Cette annonce avait aussi entraîné des protestations et l’ambassade avait demandé aux éditeurs de ne plus diffuser ce genre d’annonce. Au printemps 2015, après avoir repéré des offres d’emploi similaires dans d’autres journaux, le consulat du Brésil a mis un avertissement sur sa page Internet, alertant sur les risques à travailler à la centrale de Fukushima daï-ichi.

TEPCo devrait débuter la construction d’une structure sur le réacteur n°3 avec 9 mois de retard

TEPCo a fini de retirer les débris qui jonchaient le sommet du réacteur n°3. Elle doit ensuite construire une structure neuve tout autour afin de pouvoir retirer les combustibles usés de la piscine de refroidissement. Contrairement au réacteur n°4, le débit de dose ambiant est trop élevé pour que des hommes fassent le travail sur place. Tout doit être préparé à distance et assemblé sur place à l’aide d’engins télécommandés.

TEPCo vient d’annoncer à l’Autorité de Régulation Nucléaire que les travaux devraient commencer en janvier prochain, avec 9 mois de retard. Il a fallu plus de temps pour décontaminer partiellement le site et installer des plaques de plomb afin de réduire le débit de dose ambiant. La construction devrait prendre 6 mois. Le retrait des combustibles devait commencer avant avril 2018, mais la compagnie reste prudente sur la date.

Extension de la durée d’exploitation du réacteur n°3 de Mihama confirmée

L’Autorité de Régulation Nucléaire (NRA) a confirmé son autorisation de prolonger de 20 ans l’exploitation du réacteur n°3 de la centrale de Mihama située dans la province de Fukui. Il a une puissance de 826 MWe. Le redémarrage n’est pas pour tout de suite puisqu’il faut faire des travaux et qu’il y en a pour plusieurs années. En effet, il faut renforcer la résistance aux séismes et rendre ininflammable 1 000 km de câbles électriques. La date de mars 2020 est avancée, au plus tôt et le coût est estimé à 165 milliards de yens (1,4 milliard d’euros).

Comme la date limite pour donner une autorisation “exceptionnelle” d’exploitation au-delà de 40 ans approchait, la NRA a mis la priorité sur ce dossier. Si elle n’avait pas rendu son verdict dans les temps, elle aurait été accusée de laxisme engendrant l’arrêt définitif du réacteur. Le système de sûreté japonais induit donc de mettre la priorité sur les réacteurs les plus vieux, qui ne sont pas les plus sûrs…

En 2004, 11 travailleurs étaient décédés dans ce réacteur suite à une fuite de vapeur.

Le prolongement de l’exploitation des réacteurs au-delà de 40 ans est en principe “exceptionnel”, mais on arrive à trois réacteurs de plus de 40 ans dont le dossier de sûreté est validé contre 6 réacteurs moins âgés. Ce n’est plus “exceptionnel”. Kansaï Electric veut continuer sur sa lancer et demander la prolongation de deux autres réacteurs d’Ôï, qui ont 36 et 37 années.

Avant la catastrophe à la centrale de Fukushima, KEPCo voulait remplacer ces réacteurs vieillissants, mais ce n’est plus possible. Alors, elle essaye de prolonger l’existant. Mais les piscines de combustible usées seront pleines avant 20 ans et la compagnie n’a pas de solution pour le moment.

Démarrage des travaux d’aménagement du centre d’entreposage des déchets radioactifs

Le ministère de l’environnement a lancé les travaux d’aménagement du centre d’entreposage des déchets radioactifs issus de la décontamination. Ce site, de 16 km2 tout autour la centrale de Fukushima daï-ichi sur les communes de Futaba et Ôkuma, doit accueillir environ 22 millions de mètres cubes de déchets pour 30 ans seulement officiellement. En attendant, les déchets s’accumulent partout, sur 150 000 sites et marquent le paysage, ce qui n’est pas sans poser de problèmes.

A Katsurao, par exemple, où l’ordre d’évacuer a été levé en juin dernier, les déchets occupent près de 30% des 220 hectares de rizières.

A la fin octobre 2016, seulement 445 propriétaires terriens ont accepté de vendre ou louer leur terrain pour y mettre des déchets sur 2 360 concernés. La surface correspondante ne représente que 11% de la surface totale. La plupart des propriétaires qui hésitent ou refusent de céder leur terrain, craignent que les déchets y restent bien plus longtemps que les 30 années annoncées. En effet, le gouvernement ne sait pas où mettre les déchets après.

Les premiers déchets ne devraient pas arriver avant l’automne 2017, au plus tôt. Quelques travaux préliminaires ont déjà eu lieu et 70 000 m3 de déchets y sont déjà entreposés. Une partie du site est sur la zone dévastée par le tsunami. Les déchets y seront sans protection particulière en cas de nouveau tsunami.

Exportation du nucléaire japonais

Le Vietnam devrait renoncer à son projet de centrale nucléaire dans le Sud du pays, à cause des risques engendrés et du coût. Le nucléaire n’est plus compétitif et la demande en électricité n’augmente pas aussi vite que prévu. Une résolution en ce sens vient d’être soumise au parlement qui devrait se prononcer le 22 novembre prochain.

Il s’agit d’un coup dur pour le Japon qui espérait y exporter sa technologie.

Le Vietnam avait décidé, en 2009, de construire deux centrales nucléaires avec deux réacteurs chacune dans la province de Ninh Thuan. La Russie et le Japon avaient remporté un projet chacun.

Suite à la catastrophe nucléaire japonaise, le Vietnam a commencé à revoir ses projets. En 2015, il avait déplacé le site de construction plus dans les terres afin de le protéger des tsunamis, puis il a reporté le lancement des chantiers. Ces projets devraient être désormais abandonnés.

Faute de débouchés à l’exportation pour une industrie en difficulté sur le marché domestique, le Japon vient de signer un accord de coopération nucléaire avec l’Inde qui n’est membre, ni du traité de non-prolifération, ni du traité d’interdiction des essais nucléaires. Pour garder la face, l’accord entre les deux pays contient une annexe avec une clause indiquant que le Japon pourrait arrêter la coopération si l’Inde effectue un essai nucléaire. Quelle hypocrisie ! Le développement de l’arme nucléaire continue dans tous les pays qui en possèdent sans recours aux essais. Et puis, une fois l’essai effectué, ce sera trop tard, la technologie aura déjà été transférée, même s’il est mentionné que le Japon pourra demander le retour des composants d’origine japonaise. C’est assez irréaliste pour certains d’entre eux, comme la cuve d’un réacteur.

La France, les Etats-Unis et la Russie n’ont pas eu d’état d’âme et ont déjà signé un traité de coopération avec l’Inde. La France et les Etats-Unis, qui ont besoin de composants japonais pour construire des centrales nucléaires en Inde poussaient à la signature d’un traité avec le Japon.

Le premier ministre japonais a expliqué que cet accord allait renforcer l’engagement de l’Inde en faveur de la non-prolifération et qu’il était en phase avec les efforts du Japon envers le désarmement nucléaire. Bel exercice de novlangue. La crédibilité de l’engagement du Japon en faveur du désarmement nucléaire vient de prendre un nouveau coup, après son refus de signer une résolution de l’ONU en ce sens.

L’accord permet à l’Inde d’enrichir l’uranium et d’extraire du plutonium des combustibles usés, deux activités proliférantes. L’enrichissement à haute concentration d’uranium-235 comme requis pour une bombe n’est pas autorisé sans l’accord du Japon. Ce n’est même pas interdit par l’accord !

Les associations de victimes des bombardements de Hiroshima et Nagasaki, ainsi que celles de l’accident nucléaire à la centrale de Fukushima daï-ichi, ont protesté. Les maires de Hiroshima et Nagasaki aussi. Le premier a demandé à ce que le Japon pousse l’Inde à rejoindre le traité de non-prolifération. Il y avait quatre fois plus de monde à la manifestation du vendredi soir devant le siège du premier ministre.

Le Pakistan, qui n’est pas membre non plus du traité de non-prolifération, a aussi protesté, mais coopère avec la Chine…

TEPCo a fini de retirer les panneaux de la structure qui protégeait le réacteur n°1

TEPCo a mis en ligne des photos et une vidéo du retrait du dernier des 18 panneaux latéraux de la structure qui protégeait le réacteur n°1. D’une masse de 20 tonnes, ils sont retirés par une grue télécommandée car le débit de dose à proximité y est trop élevé. Les travaux de retrait avaient débuté en octobre 2014 pour le toit et le 13 septembre dernier pour les façades.

La compagnie va maintenant retirer les débris qui couvrent la partie supérieure du réacteur et la piscine de combustibles usés, reconstruire une nouvelle structure et retirer les 392 assemblages de combustible. Evidemment, suite au scandale engendré par les rejets de poussières radioactives lors des travaux de déblaiement du réacteur n°3 (voir notre bilan des quatre ans à ce propos, ainsi que celui pour les cinq ans), TEPCo communique sur les actions mises en place pour prévenir d’autres rejets similaires.

Le retrait des combustibles de la piscine devrait débuter avant mars 2021.

Un écolier originaire de Fukushima victime de harcèlement à Yokohama

Les enfants évacués de Fukushima ont souvent été victimes de harcèlement (ijimé) dans leur nouvelle école. Le cas d’un collégien de Yokohama âgé de 13 ans, qui refuse désormais d’aller en cours, est particulièrement poignant.

Quand il était en primaire, il a dû « donner » de l’argent à une dizaine de camarades sous le prétexte qu’il touchait des indemnités qu’il devait partager. L’école, qui n’a rien fait pour le protéger, est sévèrement critiquée par un rapport d’enquête rédigé par des inspecteurs mandatés par le comité d’éducation de la commune.

L’enfant a été scolarisé en CE1 dans cette école en Août 2011, après avoir quitté Fukushima. Le harcèlement a débuté immédiatement. Quand il était en CM2, une dizaine d’élèves l’ont forcé à leur payer des sommes allant de 50 000 à 100 000 yens (près de 500 à 1 000 euros) à plus d’une dizaine d’occasions. Le garçon a dû voler ses parents pour satisfaire ces demandes.

Il a commencé à manquer l’école et il ne veut plus aller désormais. En mai 2014, les parents ont prévenu l’école que le harcèlement s’intensifiait. Cette dernière a mené une enquête et a conclu que la situation n’était pas sérieuse au sens de la loi de protection contre le harcèlement. Puis, l’enquête n’a pas été poursuivie. Les parents se sont retournés vers la commune qui a mené sa propre enquête. Ce n’est qu’à ce moment là que l’école a reconnu la gravité des faits.

Données sur les doses prises par les travailleurs à la centrale de Fukushima daï-ichi

TEPCo a mis en ligne de nombreuses données relatives aux doses prises par les travailleurs à la centrale de Fukushima daï-ichi. Outre les tableaux habituels, il y a des données par classe d’âge entre avril et septembre 2016, des relevés mensuels et annuels depuis mars 2011. Il y a aussi des données sur les doses à la peau et à l’œil pour chaque année.

9 594 personnes ont travaillé à la centrale accidentée en septembre 2016, dont 8 562 sous-traitants qui prennent des doses plus fortes. Rappelons que TEPCo a remis tous ces compteurs à zéro le 1er avril 2016 et que 13 354 ont travaillé à la centrale depuis, dont 11 813 sous-traitants. Combien d’entre eux étaient déjà employés avant cette date, on ne le sait pas.

La dose externe moyenne prise sur le mois de septembre 2016 est de 0,29 mSv (0,31 mSv pour les sous-traitants et 0,14 mSv pour les employés de TEPCo). La dose externe maximale est de 7,28 mSv sur un mois. A titre de comparaison, la dose maximale admissible pour les travailleurs du nucléaire au Japon est de 50 mSv sur un an et 100 mSv sur 5 ans.

La dose cumulée depuis le 1er avril 2016 s’élève à 1,47 mSv en moyenne (1,58 mSv pour les sous-traitants et 0,65 mSv pour les employés de TEPCo) et la dose maximale à 36,15 mSv. 30 personnes ont déjà reçu une dose supérieure à 20 mSv, toutes sous-traitantes.

Depuis octobre 2015, TEPCo ne transmet plus les données relatives aux personnes autorisées à recevoir des supérieures aux limites habituelles car leur expertise est indispensable. Elles étaient 1 203 en septembre 2015.