Accord de Paris sur le climat : le Japon traîne des pieds

Alors que l’accord sur le climat de Paris devrait entrer en vigueur le 4 novembre prochain, le Japon, qui est le cinquième ou sixième émetteur mondial de gaz à effet de serre, ne l’a pas encore ratifié.

Le gouvernement devrait approuver la ratification le 11 octobre prochain. Puis, le texte va être soumis au parlement. Ce sera donc trop tard pour la prochaine conférence des Parties ainsi que la COP22 qui débuteront le 7 novembre prochain à Marrakech au Maroc. Le Japon n’aura donc pas voix au chapitre lors de la conférence des Parties.

Ces engagements lors de la conférence de la COP21 à Paris étaient déjà peu ambitieux et le pays s’était vu remettre le prix fossile. Le premier ministre n’a pas évoqué le sujet durant son adresse de rentrée devant le parlement. Et le pays continue à investir dans le charbon, aussi bien pour le marché intérieur qu’à l’étranger.

73 pays et l’Union européenne, qui totalisent plus de 55% des émissions de gaz à effet de serre, ont déjà ratifié ce traité. Le Japon ne pensait pas que cela irait aussi vite et pensait passer inaperçu… Il subit maintenant des pressions de la communauté internationale pour accélérer son processus de la ratification.

Fuite d’eau radioactive d’une cuve

Environ 32 litres d’eau contaminée auraient fui d’une cuve, selon TEPCo. L’eau aurait été contenue dans le réceptacle situé sous les cuves.

Cette eau aurait déjà été partiellement traitée, mais la contamination résiduelle serait de 590 000 Bq/L en bêta total. Quant à la cuve, elle est là depuis 2011. Il s’agit d’une cuve boulonnée avec des joints qui a plus de risque de fuir que les cuves installées maintenant, qui, elles, n’ont plus de joint. TEPCo s’était engagée à remplacer les anciennes cuves, mais elle n’arrive pas à faire face à l’augmentation de la quantité d’eau à stocker, toutes les mesures appliquées jusqu’à maintenant, y compris le gel du sous-sol, n’ayant eu qu’un effet limité. Alors ces vieilles cuves continuent à être utilisées.

Dans le dernier bilan mis en ligne, TEPCo annonce qu’il y a

  • 687 000 m3 d’eau traitée,
  • 204 000 m3 d’eau où le strontium a été retiré,
  • 9 000 m3 de déchets radioactifs concentrés liquides.

A cela s’ajoutent 67 000 m3 dans les sous-sols des bâtiments réacteur et turbine.

Par ailleurs, dans le dernier document mis en ligne par TEPCo à propos du mur gelé, on peut voir, à partir de la page 15, que les fortes précipitations ont fait remonter les températures et que la compagnie est en train de cimenter les passages qui ne gèlent pas.

La gestion de l’eau contaminée demeure un problème sans fin à Fukushima. Alors, pour rassurer, TEPCo a mis en ligne un dispositif de mesure en continu de la radioactivité dans l’eau de mer, disponible en japonais uniquement.

Arrêt du réacteur n°1 de Sendaï

Kyûshû va arrêter le réacteur n°1 de sa centrale de Sendaï située dans la province de Kagoshima. Il s’agit d’un arrêt de maintenance afin de remplacer une partie du combustible. Ce réacteur avait été remis en service en août 2015.

La compagnie prévoit un arrêt de deux mois, mais il pourrait être plus long car le gouverneur a demandé des garanties supplémentaires. Par ailleurs, il faudrait vérifier l’acier de sa cuve.

Il n’y a plus que deux autres réacteurs en activité et le réacteur n°2 de Sendaï sera aussi arrêté en décembre prochain. Il ne restera alors plus que Ikata 3.

Par ailleurs, l’Autorité de Régulation Nucléaire, la NRA, a estimé que le réacteur n°3 de la centrale de Mihama, dans la province de Fukui, peut être exploité au-delà de 40 ans, âge qu’il aura atteint en décembre prochain. Mais, il y a encore des dossiers à instruire. Puis, il y aura alors pour plusieurs années de travaux. Le redémarrage ne pourra pas avoir lieu avant 2020, au plus tôt. Les réacteurs n°1 et 2 de cette même centrale ont été arrêtés définitivement après Fukushima.

La NRA avait laissé un mois au public pour faire part de ses commentaires sur son projet d’avis et aurait reçu 1 390 contributions. Certaines revenaient sur l’estimation de l’impact des séismes et pointent les remarques de l’ancien commissaire de la NRA, le sismologue Shimazaki et les polémiques qui ont concerné la centrale voisine d’Ôï.

Après deux autres réacteurs à Takahama, aussi exploités par Kansaï Electric, c’est le troisième réacteur à obtenir une extension de sa durée d’exploitation. La prolongation au-delà des 40 années d’exploitation devient de moins en moins “exceptionnelle” comme le prévoit la législation.

Les compagnies d’électricité demandent au gouvernement de payer la facture de la catastrophe de Fukushima

Le coût de la catastrophe de Fukushima ne cesse d’augmenter et l’industrie nucléaire ne veut pas payer. Selon le Maïnichi, la Fédération des compagnies productrices d’électricité (FEPC) vient de demander au gouvernement une rallonge de 8 000 milliards de yens (70 milliards d’euros).

En 2013, le gouvernement avait estimé que le coût de la catastrophe s’élèverait à 9 000 milliards de yens (78 milliards d’euros) : 5 400 milliards de yens (47 milliards d’euros) pour les indemnisations, 2 500 milliards de yens pour la décontamination (22 milliards d’euros), 1 100 milliards de yens (9,6 milliards d’euros) pour le centre d’entreposage des déchets radioactifs… mais cela ne suffira pas.

La FEPC estime que cela ne suffira pas : les indemnisations devraient coûter 2 600 milliards de yens en plus pour atteindre 8 000 milliards de yens (70 milliards d’euros) et la décontamination 4 500 milliards de plus pour atteindre 7 000 milliards de yens (61 milliards d’euros). De plus, les profits de TEPCo devraient être inférieurs de 1 000 milliards de yens par rapport aux premières estimations. Cela fait donc un total de 8 100 milliards de yens qui manqueraient et les membres de la FEPC ne veulent pas payer.

TEPCo, quant à elle, aurait provisionné 2 000 milliards de yens (17,4 milliards d’euros) le coût du démantèlement des réacteurs accidentés, mais cela ne suffira pas non plus.

La Fédération aurait demandé au gouvernement de prendre en charge ces coûts car la situation financière de ses membres n’est pas bonne avec le parc nucléaire à l’arrêt dont la maintenance coûte cher et l’ouverture du marché de l’électricité. Ces mêmes compagnies avaient déjà fait du lobbying pour un partage du coût du démantèlement des réacteurs nucléaires et seraient en passe d’obtenir satisfaction. Ils leur manquerait 1 200 milliards de yens pour ce poste.

L’énergie nucléaire n’est pas une énergie compétitive et a besoin de soutien public. Les compagnies avancent que la politique nucléaire a été décidée par le gouvernement et qu’il doit en assumer les coûts. Mais ce sont elles qui sont responsables de la sûreté et de ses défaillances qui ont conduit à ces coûts indus. Et quand elles faisaient des profits grâce à leur monopole et les tarifs très élevés qu’elles pratiquent, elles ne les partageaient pas… Leur demande est donc inacceptable pour le Maïnichi dans son éditorial.

Dans l’immédiat, l’Etat devrait rester actionnaire majoritaire de TEPCo bien plus longtemps que ce qui a été annoncé initialement.

Décret relatif à la protection sanitaire contre les dangers résultant de l’exposition aux rayonnements ionisants : Avis de l’ACRO

Le Ministère de l’environnement a soumis à l’avis du public son projet de décret relatif à la protection sanitaire contre les dangers résultant de l’exposition aux rayonnements ionisants, qui transpose la directive européenne  2013/59/Euratom, dite BSS (Basic Safety Standards).

Lire l’avis de l’ACRO à ce sujet. Il ressort que la France a retenu les limites les moins protectrices des recommandations internationales en cas d’accident nucléaire, ce qui est inadmissible et se restreint à une information minimaliste des populations sans la moindre consultation.

Bref, les leçons de la catastrophe en cours à Fukushima n’ont pas été tirées.

Le mur gelé toujours inefficace : TEPCo veut plus de temps, faute de solution alternative

Le mur gelé souterrain est un fiasco, mais TEPCo ne veut pas l’admettre car elle n’a rien d’autre à proposer. Ce gel des sous-sols autour des quatre réacteurs accidentés aurait dû diminuer les infiltrations d’eau souterraine au bout d’un mois et demi. Six mois plus tard, il n’en est rien.

La compagnie dit avoir besoin de plus de temps pour prouver son efficacité. La plupart des observateurs n’y croient plus. L’Autorité de Régulation Nucléaire (NRA) lui demande de faire des propositions de gestion de l’eau contaminée en partant de l’hypothèse que le gel des sous-sols n’a pas les effets escomptés. Pour TEPCo, les typhons qui ont frappé le Japon en septembre seraient responsables des retards. Ils ont entraîné une augmentation des flux et un dégel.

Le typhon Malakas, qui a arrosé la région du 20 au 23 septembre, a aussi entraîné des débordements d’eau contaminée en mer. Les écoulements phréatiques sont ralentis par une barrière construite le long du littoral. TEPCo pompe en amont pour éviter les débordements. Mais, lors du passage du typhon, la nappe phréatique contaminée est remontée jusqu’à 3 cm au dessus du niveau du sol. La concentration en césium dans l’eau de mer est montée à 95 Bq/L.

La partie aval, située à l’Est des réacteurs, est presque entièrement gelée, mais à seulement à 95% en amont, à l’Ouest. TEPCo attend le feu vert de la NRA pour geler entièrement la partie en amont, mais cette dernière lui demande de prouver l’efficacité au niveau de la partie aval d’abord.

Ce projet a coûté 35 milliards d’euros d’argent public. Et en attendant, TEPCo continue de pomper l’eau contaminée pour la mettre dans des cuves après traitement. La quantité d’eau qui s’infiltre quotidiennement aurait dû être réduite à 70 m3 par jour. C’était 500 m3 par jour avant le gel. C’est devenu 560 m3 par jour en moyenne depuis le gel, en prenant en compte le mois de septembre où les fortes pluies dues aux typhons ont fait monter l’accumulation d’eau à des valeurs comprises entre 600 et 1 200 m3 par jour.

Comme TEPCo ne sait plus où mettre cette eau, même après traitement, elle a reporté le remplacement des premières cuves les plus vulnérables, qui avaient fui. Elles auraient dû être remplacées par des cuves plus solides d’ici mars 2017. Ce sera mars 2018. Fin septembre, elles contenaient encore 110 000 m3 d’eau contaminée.

La NRA presse aussi TEPCo de pomper l’eau fortement contaminée accumulée dans les sous-sols des bâtiments réacteur et turbine. La compagnie maintient son plan d’y arriver d’ici 2020, même si le gel des sous-sols autour des réacteurs n’est pas efficace. Il y en aurait 68 000 m3. Les condenseurs contiendraient environ 2 000 m3 d’eau la plus contaminée, qui concentrerait environ 80% de la radioactivité présente dans toute cette eau. Ils sont donc particulièrement inquiétants. TEPCo espère les purger avant mars 2018.

Quant à l’eau traitée dans les cuves, toujours fortement contaminée en tritium, il n’y a pas de décision prise. Les pistes explorées étaient assez surprenantes et c’est le rejet en mer qui aurait la faveur des autorités, car elle serait la solution la moins chère. Pour en savoir plus, voir le rapport en anglais du METI, repéré par Enerwebwatch.

56ième versement financier pour TEPCo

TEPCo annonce avoir reçu le 56ième versement financier de la part de la structure gouvernementale de soutien qui lui avance de l’argent pour les indemnisations : 104,1 milliards de yens (913 millions d’euros). Cet argent est prêté sans intérêt.

TEPCo a déjà reçu un total de 6 419 milliards de yens (56,3 milliards d’euros) et cela ne suffira pas.

Plutonium : l’acharnement

Alors que le gouvernement s’apprête à arrêter définitivement le surgénérateur Monju tout en tentant de ne pas perdre la face, l’exploitant, la Japan Atomic Energy Agency (JAEA), veut continuer à produire du combustible au plutonium pour ce type de réacteur. A cette fin, il veut déposer une demande d’autorisation de redémarrage de son usine Third Plutonium Fuel Development Facility située à Tôkaï, dans la province d’Ibaraki et il l’a fait savoir à l’Autorité de Régulation Nucléaire, la NRA.

Mise en service en 1988, cette installation a produit du combustible pour Joyo et Monju. Si Monju va être abandonné, le gouvernement veut garder Joyo pour justifier sa politique plutonium. Cette remise en service va nécessiter des investissements qui vont se chiffrer en dizaines de milliards de yens car il faut renforcer sa sûreté pour un programme qui est voué à l’échec.

Les surgénérateurs ont été pensés il y a plus de 50 ans et ne devraient pas être disponibles industriellement avant plus de 50 ans, selon les estimations les plus optimistes. Plus de 100 ans de R&D ! Aucun industriel ne veut investir dans un tel projet et c’est de l’argent public qui va être gaspillé.

Quant à la JAEA, elle a été jugée incapable d’exploiter Monju à cause d’une culture de sûreté défaillante. Elle va être capable d’exploiter l’usine de combustible ?

Le redémarrage n’est pas pour si tôt…