Début du retrait des panneaux latéraux autour du réacteur n°1

TEPCo a commencé à retirer les panneaux latéraux qui entourent le réacteur n°1. La compagnie a mis des photos et une vidéo en ligne. Le panneau retiré ce jour mesure 23 m sur 17 m et pèse 20 tonnes. Il y a 17 autres panneaux à retirer. TEPCo espère avoir fini avant la fin de l’année.

Il faudra ensuite retirer les débris, puis reconstruire une structure afin de vider la piscine de combustibles avec 392 assemblages. Il y en a pour plusieurs années encore, d’autant plus qu’il y a de nombreuses barres endommagées qu’il va être difficile de retirer. Elles étaient là avant la catastrophe. Le retrait des combustibles ne devrait commencer qu’en 2020, au plus tôt.

Les panneaux et un toit avaient été mis en place en octobre 2011 pour limiter les rejets gazeux et l’eau de pluie. Le retrait du toit avait débuté en juillet 2015. Ces travaux ont pris beaucoup de retard à cause du scandale lié aux rejets de poussières radioactives lors des travaux de démantèlement du réacteur n°3, suite aux négligences de la compagnie.

La “Fukushima pride” en faveur de l’agriculture

L’agence de reconstruction vient de lancer la “team Fukushima pride” en faveur de l’agriculture. En s’inscrivant sur ce site, géré par une compagnie privée, on peut acheter des produits de Fukushima, et même en gagner lors de tirages au sort.

Les produits agricoles de Fukushima ont plus de mal à se vendre et sont achetés par l’industrie agro-alimentaire qui pratique des prix plus bas que la vente via des circuits plus courts. L’initiative de l’agence de reconstruction a surtout pour but de changer l’image de ces produits alors que le gouvernement veut lever les ordres d’évacuer et relancer l’agriculture dans ces zones.

Par ailleurs, le ministère de l’agriculture, qui effectue des contrôles réguliers et aléatoires des produits de l’agriculture, de la pêche, de la chasse et de la cueillette, a fait analyser 260 538 produits en provenance de 17 provinces situées au Nord-Est de Shizuoka en 2015. 264 échantillons avaient une concentration en césium dépassant la limite de 100 Bq/kg. Il s’agit surtout de champignons, de gibier et de poissons d’eau douce. Il y avait aussi 5 échantillons agricoles avec une contamination dépassant la limite : deux de riz à Fukushima, deux de soja à Fukushima et un de sarrasin à Iwaté. Le riz de Fukushima était pour la consommation personnelle car les autorités de Fukushima contrôlent systématiquement tous les 10,5 millions de sacs mis sur le marché. Pour la première fois, aucun sac contrôlé n’a dépassé la limite en 2015, selon le Fukushima Minpo. Aucun poisson de mer contrôlé par le ministère de l’agriculture ne dépassait la limite non plus.

Le strontium-90, qui est plus radiotoxique, a été détecté dans deux échantillons avec des concentrations de 0,35 et 0,05 Bq/kg.

Selon le Maïnichi, qui rapporte ces résultats, les contrôles effectués dans 17 provinces ont déjà coûté 4 milliards de yens (35 millions d’euros). Pour certains produits pour lesquels la contamination est quasi-systématiquement inférieure à 25 Bq/kg, les contrôles pourraient être allégés, selon le ministère.

Certains produits de l’agriculture, de la pêche, de la cueillette et de la chasse continuent à être interdits à la vente dans certaines zones. Il n’y a pas de mise sur le marché de produits alimentaires issus des territoires évacués. La dernière liste officielle d’interdictions est ici en anglais. Elle date du 24 août dernier. Les listes précédentes sont ici en anglais.

Certaines cultures, comme celle des champignons qui concentrent le césium, continuent à être sinistrées, même dans les provinces voisines de Fukushima.

Pour les 12 communes les plus affectées par les retombées radioactives, le gouvernement prévoit un nouveau plan de soutien à la reprise de l’agriculture. Il s’agit de Tamura, Minami-Sôma, Kawamata, Hirono, Naraha, Tomioka, Ôkuma, Futaba, Namié, Kawauchi, Katsurao and Iitaté. Pour cela, il prévoit un budget de 7 milliards de yens (61 millions d’euros). Il existe déjà un programme d’aide sous la forme de prêt de matériel agricole. Mais le système concerne surtout les coopératives et n’est pas adapté pour les petites exploitations. Le nouveau programme devrait couvrir jusqu’à 75% l’achat de matériels et d’animaux, à hauteur de 10 millions de yens par ferme. Ces chiffres doivent encore être validés. C’est le gouvernement central qui payera.

Selon le Yomiuri, qui s’est fait le porte-parole du “village nucléaire”, de nombreux agriculteurs se sont tournés vers la production de fleurs, car elles sont moins sujettes “aux incompréhensions liées à l’incident nucléaire” (sic). Quelques expériences sont aussi menées par 6 agriculteurs dans la commune évacuée de Namié. D’autres sont prévues dans celle d’Iitaté. Ils bénéficient d’un soutien financier de la province.

Parler d’incident pour Fukushima et réduire le problème de l’agriculture à un problème de rumeurs néfastes est un scandale. Il s’agit, ni plus ni moins, que de culpabiliser les personnes qui ont des doutes, qui se posent des questions. Les autorités feraient mieux de se préoccuper des inquiétudes des consommateurs et appeler un becquerel un becquerel. Il y a aussi de grandes quantités de données obtenues par des laboratoires non officiels, comme ceux rassemblés dans la base de données Minna no data à laquelle Chikurin participe, qui sont simplement ignorées par les autorités. On ne peut pas espérer gagner la confiance des consommateurs si on ne leur fait pas confiance.

Création d’un fond de soutien aux enfants malades de la thyroïde à Fukushima

Selon le Japan Times, un groupe de citoyens a créé un fond pour soutenir financièrement les familles des enfants victimes d’un cancer de la thyroïde à Fukushima. Le but est de recueillir au moins 20 millions de yens (174 000 euros) pour couvrir une partie des dépenses de santé liées à cette maladie à Fukushima et dans les provinces voisines.

Les critères d’attribution d’une aide de l’ordre de 50 000 yens (moins de 500 euros) par enfant seront établis prochainement. Cela ne suffit pas, mais ce n’est pas négligeable pour une famille modeste.

Pour le moment, les frais médicaux des enfants ayant un cancer de la thyroïde à Fukushima sont couverts par la province. Mais les familles doivent avancer l’argent. Et il y a des frais supplémentaires liés aux déplacements, à l’hébergement, voire à une perte de revenu. Selon ce groupe, ces frais supplémentaires peuvent s’élever à 10 000 yens (90 euros) par consultation et à 150 000 yens (1 300 euros) lors d’une intervention chirurgicale.

Au 31 mars dernier, il y avait déjà 172 cas potentiels de cancers de la thyroïde chez les enfants de Fukushima, dont 131 confirmés par une intervention chirurgicale et un cas qui s’est révélé bénin. Le groupe espère pouvoir aider de 200 à 400 familles.

Comme nous l’avons déjà rapporté, certaines familles ont accepté de se confier aux médias pour exprimer leur désarroi.

Statistiques sur les doses prises par les travailleurs à la centrale de Fukushima daï-ichi

TEPCo a mis en ligne ses dernières statistiques concernant les travailleurs à la centrale de Fukushima daï-ichi. Rappelons que la compagnie a remis tous les compteurs à zéro au 1er avril 2016 ce qui est une façon d’effacer de la mémoire les fortes doses prises au début.

Ainsi, au 31 juillet 2016, 12 259 travailleurs sont intervenus à la centrale accidentée depuis le 1er avril 2016, dont 10 837 sous-traitants. On ne sait pas combien étaient déjà présents avant cette date. Ce sont les sous-traitants qui prennent les doses les plus fortes, avec une moyenne de 0,3 à 0,4 mSv/mois. La plus forte dose est de 13,81 mSv sur un mois alors qu’il ne faut pas dépasser 20 mSv par en moyenne sur 5 ans. Un travailleur est déjà arrivé à 33,23 mSv depuis le 1er avril. Il aura bientôt atteint la limite strict de 50 mSv sur un an à ce rythme.

Les tableaux donnent aussi les doses équivalentes à la peau et à la cornée. La plus forte dose à la peau depuis le 1er avril est de 105,47 mSv alors que la limite est de 500 mSv sur un an. Pour la cornée, c’est 44,68 mSv alors que la limite est 150 mSv/an.

Les données précédentes sont ici.

Problèmes potentiels sur les cuves de 13 réacteurs nucléaires japonais

L’acier du fond et du couvercle de la cuve de l’EPR en construction à Flamanville ne satisfait pas aux normes à cause de la concentration en carbone, qui affecte les propriétés mécaniques des pièces en cas de contrainte externe forte. C’est Creusot Forge, filiale d’Areva, qui est responsable. Elle a aussi fourni les deux EPR en construction en Chine. Actuellement, personne ne sait si ces trois réacteurs seront autorisés à démarrer.

Ce scandale de l’acier non conforme s’est propagé : en juin 2016, l’Autorité de Sûreté Nucléaire française révélait que des fonds de générateurs de vapeur d’EDF pourraient présenter des anomalies similaires. Ils ont été fabriqués par Creusot Forge, comme pour l’EPR, ou par Japan Casting & Forging Corp.. Le certificat d’épreuve d’un générateur de vapeur de Fessenheim affecté par une des irrégularités détectées dans l’usine Creusot Forge d’Areva a même été suspendu par l’ASN le 19 juillet dernier.

JCFC, la forge japonaise a aussi construit des cuves de 13 réacteurs au Japon, selon Bloomberg. C’est ce qui ressort des investigations demandées par l’Autorité de Régulation Nucléaire japonaise. Les exploitants ont jusqu’au 31 octobre pour vérifier si ces cuves satisfont aux normes de sûreté japonaises.

Les 13 réacteurs concernés sont :

  • Fukushima daï-ni 2 et 4 de TEPCo ;
  • Takahama n°2 et Ôï n°1 et 2 de Kansaï Electric ;
  • Genkaï n°2, 3 et 4 et Sendaï n°1 et 2 de Kyûshû Electric ;
  • Ikata n°2 de Shikoku Electric ;
  • Shika n°2 de Hokuriku Electric ;
  • Tsuruga n°2 de Japan Atomic Energy Agency.

Sur cette liste, il y a deux réacteurs en activité : ceux de Sendaï. Le gouverneur de Kagoshima avait demandé leur arrêt, ce qui a été refusé par l’exploitant. Le gouverneur vient de réitérer sa demande d’arrêt, sans évoquer ce problème d’acier.

Le gouvernement veut reporter une partie des coûts du démantèlement et de la catastrophe nucléaire sur les consommateurs

De nombreux réacteurs nucléaires ne redémarreront jamais au Japon. 6 ont déjà été arrêtés définitivement depuis le début de la catastrophe, en plus des 6 de la centrale de Fukushima daï-ichi. Les réacteurs arrêtés coûtent chers sans rien rapporter. Tout cela dans un contexte d’ouverture du marché de l’électricité.

Les opérateurs historiques ont donc une offre moins compétitive avec leur parc nucléaire. Dès 2014, le gouvernement avait trouvé la parade : reporter le coût du démantèlement sur le transport de l’électricité et donc sur la facture de tous les consommateurs, quel que soit leur choix de producteur. C’est une façon d’externaliser les coûts du nucléaire.

Selon le Maïnichi, le gouvernement persiste dans cette voie. Une partie des coûts de l’accident nucléaire à la centrale de Fukushima daï-ichi est aussi prise en charge par tous les exploitants nucléaires. Là encore, il est question de demander à tous les producteurs de mettre la main à la poche. In fine, ces coûts seront aussi reportés sur les factures des consommateurs.

Une telle politique déresponsabiliserait les exploitants du nucléaire et va à l’encontre de l’esprit de la libéralisation du marché.

Un groupe de travail mis en place par le ministère de l’économie et de l’industrie doit faire des propositions concrètes avant la fin de l’année afin de changer la loi l’an prochain.

Moody’s : le coût de l’accident pour TEPCo dépasse 100 milliards d’euros

L’agence de notation Moody’s a évalué TEPCo et estime que la compagnie doit clarifier le coût de la catastrophe nucléaire. Elle estime aussi que le redémarrage de deux réacteurs de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa contribuerait à redresser les finances de la compagnie, ce qui paraît évident. TEPCo doit aussi faire face à la libéralisation du marché de l’électricité, ce qui est bien connu.

Selon l’agence, les coûts que TEPCo devra supporter pourraient s’élever à :

  • plus de 2 000 milliards de yens pour le démantèlement de la centrale de Fukushima daï-ichi ;
  • plus de 2 500 milliards de yens pour la décontamination. C’est le gouvernement, qui détient 54,7% de la compagnie, qui paye actuellement. Il pourrait se rembourser en vendant ses parts ;
  • 6 700 milliards de yens pour les indemnisations. Le gouvernement a déjà avancé une partie de cette somme sans intérêts.

On arrive à un total qui pourrait dépasser les 11 200 milliards de yens (presque 100 milliards d’euros). Cette somme est proche de celle obtenue par le Financial Times, qui ajoutait que TEPCo n’en payera que 20%.

Un an après la levée de l’ordre d’évacuer, seulement 10% des habitants sont rentrés à Naraha

Il y a tout juste un an, le gouvernement levait l’ordre d’évacuer de la commune de Naraha située à moins de 20 km de la centrale de Fukushima daï-ichi. A peine 200 personnes étaient rentrées dans les premières semaines. Elles sont 681 maintenant, soit moins de 10% des 7 300 habitants toujours inscrits dans la commune.

53% des habitants qui sont rentrés sont des personnes âgées de plus de 65 ans. L’école devrait rouvrir l’an prochain, mais combien d’enfants rentreront ? Ils étaient 680 à l’école et au collège avant la catastrophe. La commune espère que 80% des 450 enfants éligibles seront inscrits en avril 2017.

La commune espère aussi un taux de retour de 50% au printemps prochain, mais de nombreuses familles sont inquiètes de la radioactivité rémanente, malgré la décontamination. Elle veut développer un centre ville compact avec de nouvelles habitations, des commerces et une clinique pour attirer les habitants. Cela devrait être terminé en 2018. Il y a aussi un mur anti-tsunami à construire.

Très peu ont repris l’agriculture. Seuls une vingtaine d’hectares de rizières ont été plantés cette année, ce qui représente à peine 5% de la surface cultivée avant accident. Un seul éleveur sur une quarantaine a repris l’élevage, mais il continue à vivre à Iwaki. Il a 5 vaches.

Pourtant, Naraha n’a pas été fortement contaminée. Le taux de retour dans les communes plus contaminées pourrait être plus faible.

Sans surprise, Kyûshû Electric refuse d’arrêter ses réacteurs de Sendaï

Conformément à sa promesse électorale, le gouverneur de la province de Kagoshima a écrit le 26 août dernier à Kyûshû Electric pour demander l’arrêt temporaire et immédiat de la centrale de Sendaï, le temps de réexaminer sa sûreté suite aux séismes de Kumamoto. Il y a deux réacteurs en activité dans cette centrale.

Sans surprise, la compagnie vient de refuser. Elle s’est engagée à plus de transparence pour rassurer les riverains. Le gouverneur s’est dit très déçu, mais la réponse était évidente. Fin du kabuki.

Ces réacteurs doivent être arrêtés les 6 octobre et 16 décembre prochains, après 13 mois d’exploitation. La compagnie a expliqué qu’elle effectuera une inspection approfondie à ce moment là pour répondre aux demandes du gouverneur et pour rassurer. Elle contrôlera d’autres items, comme les boulons. Mais elle ne fera pas de nouvelle inspection des failles sismiques, mais présentera les résultats de l’étude précédente au gouverneur. La compagnie fournira des véhicules pour évacuer les personnes dépendantes en cas d’accident.

Le gouverneur sera sollicité avant le redémarrage de ces deux réacteurs. Il pourra alors obtenir plus de garanties sur leur sûreté.