Nous avions signalé la création d’une association de familles ayant un enfant victime d’un cancer de la thyroïde à Fukushima. Les parents souhaitent rester anonymes et l’association sera représentée par un avocat et un médecin. Le but est de créer un lieu de dialogue et d’échange entre parents concernés et d’influencer les autorités pour obtenir une meilleure compréhension.
Certains parents se sont confiés au Asahi. La mère d’une lycéenne qui a une grande cicatrice au bas du cou qui doit être cachée par un foulard explique que sa fille est très fatiguée depuis et s’endort parfois en jouant. Elle se plaint de l’attitude des médecins : un chirurgien a expliqué qu’il fallait faire une ponction pour prélever des cellules de la thyroïde. Comme c’est douloureux, il leur a laissé un mois pour décider. Plus tard, au moment de l’annonce du résultat, le médecin aurait juste lâché, sans la moindre précaution oratoire devant la lycéenne : “c’est une tumeur maligne”. Il aurait ajouté qu’il n’y a pas d’inquiétude à avoir et qu’il n’y avait pas d’urgence à intervenir. Il était possible d’attendre six mois à un an. Après l’intervention, six mois plus tard, le chirurgien aurait déclaré que la tumeur était plus grosse qu’attendu et qu’il n’aurait pas fallu attendre six mois.
Plus tard, l’hôpital a organisé une réunion d’information des familles, mais, selon cette mère, c’était inutile. On leur juste délivré des informations sans répondre aux attentes des familles.
Le père d’un lycéen qui aurait été opéré par le même chirurgien explique qu’il a demandé plusieurs fois s’il y avait un lien avec la catastrophe nucléaire et que ce dernier aurait juste répondu : “il n’y a pas de corrélation”. Il aurait ajouté : “ne dites rien aux médias, même s’ils apprennent que votre fils a été opéré. Vous savez, il n’est pas nécessaire de leur répondre.” Le fils serait dans la crainte d’une récurrence de la maladie.
Interrogé par le quotidien japonais, le chirurgien aurait fait répondre par le service de presse de l’hôpital que “nous avons payé la plus grande attention à l’établissement d’un environnement où les patients peuvent parler de leurs inquiétudes et doutes, ayant des spécialistes de la santé mentale à leur côté à un stade précoce de leurs traitements. Ces efforts se poursuivent dans la période post-opératoire. En cas de diagnostic de cancer, nous prenons un soin extrême lorsque nous informons les patients. Mais maintenant, après avoir été confronté à des interprétations qui ne correspondent pas à mes intentions, je me rends compte la grande difficulté de transmettre le message aux patients.”