Le bras de fer continue entre Kyûshû Electric et l’Autorité de Régulation Nucléaire
La centrale nucléaire de Sendaï à Kagoshima est la seule à produire de l’électricité au Japon, avec deux réacteurs en service. Comme nous l’avons déjà expliqué, la compagnie est revenue sur ses engagements concernant la protection sismique du centre de crise arguant qu’il a l’autorisation de fonctionner sans faire les travaux promis. L’Autorité de Régulation Nucléaire, la NRA, n’est pas d’accord et a appelé l’exploitant à effectuer les travaux promis.
La compagnie continue à résister et elle va soumettre des données à la NRA pour démontrer que sa solution, moins onéreuse car elle ne consiste qu’à renforcer l’existant, pas à construire un nouveau bâtiment, est tout aussi sûre en terme de résistance aux séismes.
Avoir un bâtiment anti-sismique, avec une structure en caoutchouc pour absorber les vibrations telluriques n’est pas obligatoire dans le nouveau référentiel de sûreté, mais la présence d’un centre de crise ayant cette protection s’est révélée très utile à Fukushima daï-ichi. Kyûshû Electric s’était donc engagée à construire un tel bâtiment pour accueillir le centre de crise de 6 600 m2. Le nouveau plan consiste en l’utilisation du centre actuel et à son extension pour avoir une surface totale de 3 200 m2.
L’instruction du dossier de demande de redémarrage de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa suspendu
Il y a deux ans et demi, TEPCo avait déposé une demande d’autorisation de redémarrage pour ses réacteurs 6 et 7 de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa à Niigata. Mais la NRA a annoncé que l’exploitant n’est pas encore prêt pour l’inspection de sa nouvelle méthode d’évaluation du risque sismique.
Les autorités régionales de Niigata ont mis en place leur propre commission d’enquête relative à l’accident de Fukushima pour pouvoir décider, en connaissance de cause, du redémarrage de Kashiwazaki-Kariwa. C’est devant ce comité que TEPCo avait reconnu avoir trop tardé pour admettre la fusion de trois cœurs nucléaire à Fukushima daï-ichi. Et il a fallu 5 ans à TEPCo pour découvrir que les critères de définition de la “fusion du cœur” étaient dans son manuel d’urgence ! Cet épisode a rendu furieuse la commission d’enquête qui a précisé que la compagnie n’obtiendrait jamais son feu vert dans de telles conditions.
L’Asahi rapporte que le gouverneur avait appelé TEPCo lors de la crise en affirmant qu’il y avait eu fusion des cœurs, mais la compagnie avait démenti à l’aide de diagrammes.
Le redémarrage n’est pas pour bientôt.
Takahama arrêté par la justice
Comme cela a été dit, la justice a arrêté la procédure de redémarrage des réacteurs 3 et 4 de la centrale de Takahama dans la province de Fukui. Le réacteur n°3, déjà en service, avait dû être arrêté le 10 mars dernier. Kansaï Electric, l’exploitant, a fait appel. Selon l’Asahi, le 18 mars, le patron de la compagnie, qui préside aussi l’association des exploitants du nucléaire, a menacé de porter plainte contre les plaignants s’il gagnait en appel. Cette menace a provoqué un tollé.
Arrêt définitif d’un sixième réacteur et redémarrage potentiel d’un troisième en juillet
Shikoku Electric a décidé d’arrêter définitivement le réacteur n°1 de sa centrale d’Ikata dans la province d’Ehimé car la remise aux nouvelles normes de sûreté coûterait trop cher. Les travaux sont estimés à plus de 170 milliards de yens (plus de 1,3 milliards d’euros) et pourraient prendre jusqu’à 4 à 5 ans. En imaginant que l’exploitant obtienne l’autorisation “exceptionnelle” d’aller jusqu’à 60 ans, les 14 ou 15 années d’exploitation supplémentaires ne justifient pas l’investissement.
Le réacteur a été mis en service en septembre 1977 et est arrêté depuis septembre 2011. Il a une capacité de 566 MWe. Shikoku Electric a déposé une demande d’autorisation de redémarrage du réacteur n°3 de cette centrale. La NRA avait jugé son dossier de sûreté recevable et la compagnie a terminé les travaux. Elle vient de demander que la NRA mène actuellement les dernières inspections sur site. La compagnie espère un redémarrage en juillet 2016. Une plainte a été déposée contre ce redémarrage.
C’est le sixième réacteur à être arrêté définitivement. Les cinq autres avaient été mis à l’arrêt définitif il y a un an. Il y a, en plus, les 6 à la centrale de Fukushima daï-ichi qui sont hors service.
Bilan
Le Japon avait 54 réacteurs nucléaires de production d’électricité en 2010. L’accident a détruit 4 réacteurs à Fukushima daï-ichi et les réacteurs 5 et 6, noyés par le tsunami, ont été arrêtés définitivement en 2014. Par ailleurs, 6 autres réacteurs ont été arrêtés définitivement à cause de leur vétusté : il s’agit des réacteurs n°1 et 2 de Mihama (Fukui) et les n°1 de Shimané, de Genkaï (Kyûshû), de Tsuruga (Fukui) et, tout récemment, du réacteur n°1 d’Ikata (Ehimé).
Le parc nucléaire japonais est donc réduit à 42 unités. Une demande d’autorisation de redémarrage n’a été déposée que pour 26 réacteurs. Pour le moment, seulement 5 réacteurs ont vu leur dossier de sûreté jugé conforme par la NRA. Deux sont en service, à Sendaï (Kagoshima). Deux autres, à Takahama (Fukui) sont à l’arrêt suite à une décision de justice. Enfin, Shikoku Electric espère le redémarrage d’un troisième réacteur en juillet 2016.
Les dossiers de sûreté des réacteurs 1 et 2 de la centrale de Takahama ont aussi été jugés conformes, mais pour obtenir une autorisation “exceptionnelle” d’exploitation jusqu’à 60 ans, il faut des contrôles supplémentaires qui ne sont pas terminés. Verdict en juillet 2016.