Le réacteur n°3 de Takahama arrêté sur injonction de la justice

Kansaï Electric a arrêté le réacteur n°3 de sa centrale de Takahama dans la province de Fukui suite à la décision de justice. Il ne produit plus d’électricité depuis 20h alors qu’il venait tout juste d’être remis en service le 29 janvier dernier. Le réacteur n°4, quant à lui, était à l’arrêt suite à une panne lors des opérations de redémarrage.

La compagnie, qui juge cette décision inacceptable, s’apprête à faire appel. Le porte-parole du gouvernement s’est contenté de dire que la politique en la matière n’a pas changé et que le Japon a les règles de sûreté les plus strictes au monde. Cette affirmation n’a jamais été démontrée.

Pour le juge, KEPCo n’a pas bien expliqué les mesures de sûreté ni celles pour faire face à un accident. Il pense que les réacteurs ne pourront pas supporter un fort séisme et que l’estimation de la taille de la faille faite par l’exploitant n’est pas correcte. Quelles sont les mesures de protection des piscines de refroidissement des combustibles usés en cas de fissure provoquée par un tremblement de terre ? Il rappelle aussi qu’un grand tsunami a frappé la région en 1586.

Ce jugement intervient après que l’Autorité de Régulation Nucléaire (NRA) ait jugé que ces réacteurs étaient conformes aux nouvelles règles de sûreté. Mais la cour a aussi estimé que les nouvelles règles ont été mises en place sans que l’on ne connaisse bien les enchaînements qui ont conduit à la catastrophe de Fukushima. Elle a aussi critiqué les plans d’urgence : un rayon de préparation à l’évacuation de 30 km mis en place après Fukushima pourrait être insuffisant (c’est 5 km en France…).

Rappelons que c’est la deuxième qu’un tribunal juge que les mesures de sûreté à Takahama ne sont pas suffisantes. Il s’agit donc d’une remise en cause de la politique énergétique du pays et du nouveau référentiel de sûreté mis en place après Fukushima. Ni le gouvernement, ni la NRA n’ont l’intention de changer leur politique.

Même si KEPCo gagne en appel, les procédures judiciaires vont prendre des mois, alors que la compagnie dépendait du nucléaire pour 50% de sa production électrique avant Fukushima. Cette décision va avoir un impact important sur ses finances alors qu’elle va perdre des clients après l’ouverture du marché le 1er avril prochain.

Il ne reste que deux réacteurs en activité au Japon sur 43 restant depuis la catastrophe nucléaire. Ce sont ceux de la centrale de Sendaï à Kagoshima.