Démarrage d’un quatrième réacteur nucléaire à Takahama – que faire des vieux réacteurs ?

Vers 17h, Kansaï Electric a commencé le démarrage du réacteur n°4 de sa centrale de Takahama dans la province de Fukui, sur la Mer du Japon. La réaction en chaîne devrait débuter 13 heures plus tard, le 27 février, puis le réacteur va monter progressivement en puissance. Il devrait générer de l’électricité à partir du 29 février. Il s’agit du réacteur qui a eu une petite fuite d’eau récemment.

Parallèlement, le réacteur n°3, qui avait été relancé il y a un mois, devrait entrer ce jour en exploitation commerciale. Rappelons que ces deux réacteurs utilisent du combustible MOx, avec du plutonium extrait des combustibles usés, qui est plus dangereux que du combustible ordinaire à base d’uranium naturel. Et que deux autres réacteurs sont en fonctionnement à la centrale de Sendaï, dans la province de Kagoshima. C’est tout, sur un parc de 43 unités.

Cette semaine, l’Autorité de Régulation Nucléaire (NRA) a jugé que les deux autres unités de Takahama, les plus anciennes, sont conformes aux nouvelles normes de sûreté. L’exploitant avait déposé une demande “exceptionnelle” de prolongation de 20 ans, sachant que la nouvelle loi limite à 40 années l’exploitation. Cette limite avait été introduite par la précédente majorité afin de montrer l’engagement du Japon à sortir, à terme, du nucléaire.

Ces réacteurs, qui ont plus de 40 ans, ne sont pas encore prêts à démarrer car il y a de nombreux travaux de remise à niveau nécessaires. En particulier, il y a un total de 1 300 km de câbles électriques avec un isolant inflammable. Ils devront être remplacés à 60% ou ignifugés pour le reste en les entourant d’un retardateur de flamme. Il faut aussi entourer l’enceinte de confinement par une coque en béton pour réduire le débit de dose ambiant et protéger les travailleurs. L’exploitant estime à 3 ans la durée des travaux.

Il y a encore 7 autres réacteurs nucléaires avec des câbles inflammables au Japon.

Ce sont les deux premiers réacteurs de plus de 40 ans à passer cette première étape. L’avis de la NRA va être soumis au public pendant un mois. Cette dernière a fait des efforts pour répondre à la demande dans les temps, car la loi impose une réponse avant juillet 2016. Il lui faut encore approuver la demande d’extension d’exploitation qui prend en compte le vieillissement et inspecter les réacteurs en se focalisant sur la résistance aux séismes. Est-ce que cela sera fait dans les délais ? Si la réponse est négative, ces deux réacteurs devront être arrêtés définitivement et démantelés.

La demande de prolongation, déposée en mars 2015, était tardive. Il s’agissait des demandes de redémarrage n°22 et 23. Cette priorité mise par la NRA sur ces deux réacteurs âgés n’est pas sans faire grincer des dents chez les autres exploitants du nucléaire qui attendent beaucoup plus longtemps pour voir leurs dossiers instruits. Mais si la NRA avait laissé passer la date limite du 7 juillet 2016, l’exploitant aurait probablement porté plainte contre elle, selon le Maïnichi. Et le gouvernement, qui veut entre 20 et 22% de nucléaire dans le mix électrique en 2030, a besoin des vieux réacteurs pour atteindre cet objectif.

Ces deux réacteurs ont une puissance de 826 MWe chacun. Le premier a été mis en service en novembre 1974 et le second en novembre 1975.