Déchets radioactifs : recherche d’un plan B

On l’a déjà souvent signalé, le gouvernement est à la peine pour trouver des sites de stockage ou d’entreposage des déchets radioactifs issus de la décontamination. A Fukushima, où le site retenu fait 16 km2 autour de la centrale de Fukushima daï-ichi, les négociations avec les propriétaires de terrains n’avancent pas. Dans les autres provinces touchées, les riverains des sites retenus s’opposent à l’implantation et ont même bloqué l’accès. Le gouvernement cherche donc des solutions pour faire accepter les déchets.

La dernière idée proposée est de proposer de réhabiliter les sites quand la contamination sera passée sous un seuil de libération. Les matériaux contaminés pourraient être utilisés dans la construction d’infrastructures etc.

L’autre idée est de surveiller les sites et de les utiliser comme terrain de sport quand ils seront considérés comme « sûrs ».

Les réflexions vont continuer pour déterminer quelles infrastructures pourraient accueillir ces déchets moins radioactifs et quels sont les niveaux considérés comme sûrs.

Le tribunal de Fukui ordonne de ne pas redémarrer la centrale de Takahama

Neuf citoyens japonais ont saisi la justice contre le redémarrage des réacteurs 3 et 4 de la centrale de Takahama, dans la province de Fukui. Ils pensent que l’exploitant, KEPCo, a sous estimé le risque sismique et d’accident. Le tribunal vient de leur donner raison et demande à la compagnie de cesser immédiatement les opérations en ce sens. Elle va faire appel.

Rappelons que ces deux réacteurs ont vu leur nouveau dossier de sûreté validé par l’Agence de régulation nucléaire et que l’exploitant espère un redémarrage en novembre 2015.

Le même juge, Hideaki Higuchi, avait déjà pris une décision similaire concernant la centrale d’Ôï en mai 2014. KEPCO avait fait appel et annoncé vouloir passer outre. Voir la traduction en français du jugement sur le site de la gazette du nucléaire.

Perte du robot dans le réacteur n°1

TEPCo n’a pas réussi à retirer le robot dans l’enceinte de confinement du réacteur n°1 et va donc l’y laisser. En revanche, elle a mis en ligne des images commentées en anglais et une vidéo prises par ce robot. Le clip mis en ligne fait 2 minutes et 40 secondes alors que le robot a enregistré 3 heures d’images. On y voit l’intérieur de l’enceinte de confinement, mais aussi de la vapeur et l’impact des radiations sur les capteurs de la caméra.

Les débits de doses enregistrées sont de l’ordre de 7 à 10 Sv/h selon les médias qui reprennent le tableau publié par TEPCo. C’est énorme, car c’est une dose létale en 40 minutes environ. Les débits de dose sont aussi indiqués sur la vidéo et ils dépassent parfois 20 Sv/h. La température est plus clémente, de l’ordre de 20°C.

TEPCo n’a pas noté de dommages significatifs sur les structures internes à l’enceinte.

La compagnie devait insérer un deuxième robot aujourd’hui, mais elle doit renoncer car le câble de commande du robot en panne gène l’accès dans le tuyau étroit. Aucun calendrier n’est donné pour le moment.

Avancement de demandes de redémarrage

Le réacteur n°3 de la centrale d’Ikata, située dans la province d’Ehimé et exploitée par Shikoku Electric, pourrait être le prochain à voir son dossier de sûreté jugé recevable par l’Agence de régulation nucléaire (NRA). La demande d’autorisation de redémarrage avait été déposée en juillet 2013.
Cette centrale avait longtemps été pressentie comme la première à redémarrer car elle a rapidement installé une deuxième salle de contrôle bunkérisée, mais les débats entre l’exploitant et l’agence de régulation ont porté le risque sismique lié à une faille passant au Nord de la centrale. La secousse la plus forte est maintenant estimée à 650 gal contre 570 gal (cm/s2) dans le dossier et la plus haute vague de tsunami est passée de 4 à 8,12 m (la précision de telles prévisions m’étonnera toujours). Les travaux de renforcement devraient durer jusqu’à l’automne.

Seuls 4 autres réacteurs ont déjà franchi cette étape.

A Sendaï (Kagoshima), l’inspection du réacteur n°1 touche à sa fin, mais la NRA se refuse à donner un calendrier. L’arrêt prolongé des réacteurs pourrait conduire à des surprises lors de la remise en service. Le réacteur n°1 est arrêté depuis mai 2011 et le n°2 depuis septembre 2011. L’exploitant table toujours sur un redémarrage à la fin juin.

A la centrale de Mihama, l’instruction du dossier de demande d’autorisation de redémarrage avait été suspendu le temps de statuer sur les failles sismiques. Le groupe d’experts de la NRA a finalement jugé qu’il n’y a pas d’évidence que la faille soit active, même si les données semblent encore insuffisantes. Certains experts ont réclamé des investigations supplémentaires. L’instruction du dossier va cependant commencer.

6 centrales nucléaires sont concernées par la révision des critères de sismicité des failles au Japon.

Mercredi 15 avril, cela fera exactement 19 mois consécutifs que le Japon se passe de l’énergie nucléaire.

Retrait du corium : le Japon revoit ses plans

Le retrait du corium, à savoir le combustible fondu, qui a percé la cuve des réacteurs 1 à 3 et qui s’est probablement étalé au fond de l’enceinte de confinement, est le plus gros défi des opérations de démantèlement à cause du fort taux de radiation. Impossible de s’approcher, même pour savoir où il est exactement.
L’idée retenue jusqu’à présent était d’emplir d’eau l’enceinte de confinement pour diminuer le débit de dose ambiant. Mais ce n’est guère possible car l’enceinte est percée et l’eau s’enfuit dans les sous-sols. Par ailleurs, le poids de l’eau réduirait la résistance de l’enceinte en cas de séisme.
L’organisation semi-gouvernementale, la Nuclear Damage Compensation and Decommissioning Facilitation Corp. (NDF), propose deux alternatives en ne laissant de l’eau que dans le fond de l’enceinte de confinement. Le corium pourrait être retiré par le dessus ou par le côté après avoir percé un trou. La question est de comment éviter que des poussières radioactives ne se dispersent et ne contaminent les lieux quand les débris seront dans l’air.

Emissions de CO2 : le Japon tente de faire bonne figure

Le Japon, qui est le cinquième émetteur de CO2, devrait annoncer ces engagements en terme de réduction des gaz à effet de serre lors du prochain sommet du G7 qui aura lieu en juin en Allemagne. Plusieurs chiffres sont parus dans la presse, traduisant l’embarras des autorités et les désaccords internes au gouvernement.
Il semblerait qu’il va annoncer une baisse de 20% en 2030 par rapport au niveau de 2005. Le ministère de l’environnement militerait pour une baisse de 25%. Mais le ministère de l’industrie milite pour 20%. Le Nikkei, quotidien économique, parle d’une baisse de 20% par rapport au niveau de… 2013. En 2013, il n’y avait quasiment aucun réacteur nucléaire en fonctionnement et les émissions de CO2 du pays ont augmenté de 1,3% par rapport à 2005.
Avant la catastrophe nucléaire, le Japon prévoyait une réduction de ses émissions de gaz à effet de serre de 25% entre 1990 et 2020. L’engagement actuel correspond à une hausse par rapport à 1990.
L’Union européenne s’engage à une réduction de 40% par rapport au niveau de 1990. Pour la Suisse c’est 50% par rapport à 1990 en utilisant le marché du carbone. Les Etats-Unis ont pris 2005 comme année de référence.

Réacteur n°1 : le robot est tombé en panne dans l’enceinte de confinement

Comme prévu, le robot est entré dans l’enceinte de confinement du réacteur n°1, au niveau B1, pour l’inspecter. TEPCo a mis en ligne quelques images commentées en anglais. Mais il est rapidement tombé en panne, après 5 heures d’utilisation, sans que la compagnie ne donne d’explication.
Il aurait dû parcourir une vingtaine de mètres dans l’enceinte et revenir, mais il n’aurait parcouru que les 2/3 du trajet aller avant de s’arrêter. Il transmet toujours des données.
Ce robot n’est pas étanche et ne peut pas aller dans le bas de l’enceinte de confinement où il y a de l’eau. Un autre robot étanche est en cours de développement. Par ailleurs, il était prévu qu’il ne puisse pas fonctionner plus qu’une dizaine d’heures à cause du fort taux de radiation qui endommage l’électronique.
Si la compagnie ne peut pas récupérer le robot, elle coupera le câble et en enverra un autre.

Scénario catastrophe gardé secret

Le Tôkyô Shimbun en japonais, mentionné par le Japan Times en anglais, a révélé qu’en 1984, le Japon a étudié les conséquences d’une attaque sur une centrale nucléaire. Cela faisait suite au bombardement en 1981 par Israël du réacteur d’Osirak construit par la France en Irak. Ce réacteur était ironiquement surnommé Ô Chirac. Dans un des scénarios, la perte de refroidissement aurait entraîné une fusion du cœur et une explosion hydrogène. C’est ce qui s’est passé à Fukushima, avec une agression naturelle. Ce rapport était secret et les plans d’urgence n’ont pas été adaptés. Tchernobyl, 2 ans plus tard, ne changera rien.

Dans le scénario le plus grave qui impliquait un endommagement de l’enceinte de confinement et l’absence d’évacuation immédiate, jusqu’à 18 000 personnes auraient pu mourir de l’exposition à la radioactivité jusqu’à 25 km de la centrale.

L’étude a pris le cas d’un réacteur de 1 000 MWe sans préciser sa localisation, mais a aussi pris en compte la piscine de combustible. L’impact significatif sur les territoires, l’agriculture etc aurait pu avoir une portée de 86 km.

Drôles d’idées pour régler le problème du tritium

Le tritium, qui est de l’hydrogène radioactif, est très difficile à séparer de l’hydrogène non radioactif dans l’eau. TEPCo qui retire 62 radioéléments de l’eau contaminée, ne retire pas le tritium. La compagnie veut rejeter en mer l’eau traitée avec le tritium, mais le stock dans les cuves représente environ 150 années de rejets à la limite autorisée. Et les pêcheurs ne veulent pas entendre parler d’augmenter les autorisations de rejet. Ils n’ont pas confiance dans la compagnie.

La situation est donc bloquée et l’eau s’accumule dans les cuves. La situation pourrait être critique en cas de fortes secousses et de fuite massive. TEPCo et le gouvernement cherchent donc des alternatives : une idée envisagée, selon Reuters, est d’évaporer toute cette eau. C’est la méthode utilisée à Three Mile Island aux Etats-Unis. Mais le stock ici est beaucoup plus grand. Il faudra donc une énorme quantité d’énergie. Et la vapeur d’eau va se condenser et retomber sous forme de pluie au tritium dans l’océan et sur terre. Le gain pour l’environnement est nul.

Une autre idée avancée est d’enterrer cette eau. L’article ne donne pas plus de précision sur cette option. Le tritium va alors probablement migrer dans les nappes phréatiques comme sous le centre de stockage de la Manche ou à Valduc en France.

Rappelons que le tritium a une demi-vie de 12 ans : c’est à dire que tous les 12 ans le stock est divisé par deux. Au bout de 120 ans, il y aura 1 024 fois moins de tritium.

Ouverture du lycée des zones évacuées

Comme nous l’avons déjà mentionné, il y avait 5 lycées dans les 8 communes du district de Futaba avec 1 500 élèves avant la catastrophe. Un nouveau lycée vient d’ouvrir à Hirono, à la place des 5 lycées abandonnés qui fermeront officiellement en avril 2017. Il y avait 152 élèves aujourd’hui, jour de la rentrée au Futaba Miraï Gakuen.
Le lycée est dans un ancien collège d’une zone qui a été évacuée. Certains élèves sont internes car les familles ne peuvent pas rentrer.