Nouvelles images de l’enceinte de confinement du réacteur n°1

Le deuxième robot a pu mener à bien sa mission. TEPCo a mis en ligne quelques images vidéo et quelques photos commentées en anglais : premier document et deuxième document. La vidéo est très courte cette fois-ci.

TEPCo annonce des débits de dose allant de 6,7 à 8,3 Sv/h, ce qui est énorme. Mais, la dernière fois, les chiffres annoncés ne correspondaient pas à ce que l’on pouvait lire sur la vidéo… Peu importe, une telle dose peut tuer un être humain en une heure.

Il n’y a pas d’endommagement majeur de noté, même s’il y a des débris sur la grille où se déplace le robot. Cette grille est bien rouillée. La peinture de protection n’a peut-être pas supporté les fortes chaleurs. Vers le milieu de la vidéo, quand la caméra regarde vers le bas, on voit le reflet de la lampe sur l’eau de refroidissement. TEPCo en a déduit que l’eau a 2,8 m de profondeur.

TEPCo pourrait envoyer ce deuxième robot terminer la mission du premier.

Voir le communiqué de la compagnie.

Un deuxième été sans nucléaire ?

Le ministère de l’industrie a annoncé que le Japon pourrait passer l’été sans nucléaire. Ce n’est pas une surprise puisqu’il n’y avait déjà pas d’électricité nucléaire durant l’été 2014. Il va demander à la population et aux compagnies de faire attention à leur consommation sans pour autant fixer de restrictions.

De son côté, KEPCo a fait appel du jugement lui intimant d’arrêter immédiatement les opérations de redémarrage des réacteurs n°3 et 4 de sa centrale de Takahama à Fukui. La compagnie a pointé des erreurs factuelles dans le jugement et estime que les mesures de protection contre les séismes sont suffisantes.

Plainte à Minami-Sôma contre la levée de la recommandation à évacuer

Nous avions déjà signalé qu’environ 530 personnes s’apprêtaient à porter plainte contre le gouvernement qui a levé l’ordre d’évacuer autour de 142 points chauds de Minami-Sôma. La plainte a été déposée aujourd’hui à Tôkyô. Rappelons qu’autour des points chauds, où l’exposition externe pouvait dépasser 20 mSv/an, il avait été recommandé d’évacuer. Ce n’était pas obligatoire. Puis, une fois les travaux de décontamination terminés, la recommandation a été levée le 28 décembre dernier.

Les plaignants souhaitent que l’exposition externe ne dépasse pas 1 mSv/an. Le gouvernement affirme que sa décision est scientifique et qu’il veut convaincre la population. C’est toujours « Décider – Annoncer – Défendre »…

Déchets radioactifs de Chiba

Comme partout, les autorités peinent à trouver une solution pour les déchets radioactifs. Les populations n’en veulent pas. Les déchets de la province de Chiba, au Nord de Tôkyô, pourraient être entreposés sur un site de TEPCo qui possède une centrale thermique le long de la Baie de Tôkyô. Ce site est loin de toutes les habitations. Il y en a 3 687 tonnes qui proviennent de 10 communes. La contamination en césium dépasse 8 000 Bq/kg.

Temps d’évacuation autour de la centrale de Takahama

A l’instar de l’Amérique du Nord, le Japon exige désormais une estimation des temps d’évacuation autour des installations nucléaires. Au Japon, c’est aux autorités locales de mener l’exercice dans un rayon de 30 km et l’Agence de régulation nucléaire (NRA) évalue le travail. Suite à la décision de justice, cette dernière vient de rendre publiques les estimations pour la centrale de Takahama.

Il y a 180 000 habitants dans un rayon de 30 km autour de Takahama. La NRA estime qu’il faudrait jusqu’à 16 heures pour tous les évacuer. C’est presque 5 heures de plus que ce qu’avaient estimé les autorités locales de Fukui. Ces dernières n’ont pris en compte que l’évacuation de 90% de la population et n’ont pas compter le temps nécessaire aux contrôles de la contamination.

La NRA a aussi fait des calculs similaires pour les autres centrales de Fukui : c’est autour de Mihama que cela pourrait prendre le plus de temps, avec 26 heures et 20 minutes. C’est pratiquement le double que ce qu’avaient estimé les autorités régionales.

Contamination de l’alimentation à Fukushima

Les autorités régionales de Fukushima effectuent des contrôles réguliers des denrées alimentaires produites localement. Les données sont accessibles ici en anglais.
En 2014, tous les 5 850 contrôles ont montré que la contamination était inférieure à la limite de mise sur le marché, fixée à 100 Bq/kg pour les la somme des deux césiums. C’est une bonne nouvelle.
Il est important de rappeler que la mise sur le marché de plusieurs produits reste interdite et il n’y a pas d’agriculture dans les territoires évacués.

Doses prises par les décontamineurs

Les chantiers de décontamination dans les territoires évacués sont sous la responsabilité directe du gouvernement. Les travailleurs doivent porter un dosimètre et la dose enregistrée ne doit pas dépasser 50 mSv par an comme pour les travailleurs du nucléaire et 100 mSv sur 5 ans. Des statistiques officielles sur les doses prises par plus de 26 000 travailleurs engagés sur ces chantiers avant 2014 viennent d’être rendues publiques.

Aucun n’a dépassé 50 mSv en un an. La dose moyenne est de 0,5 mSv par an et 14,6% d’entre eux ont reçu une dose supérieure à 1 mSv/an, qui est la limite pour le public. La plus forte dose enregistrée est de 13,9 mSv en un an. Ils sont 34 à avoir dépassé 10 mSv.

Plus précisément, 11 058 sont intervenues en 2011-2012. C’est à cette époque qu’il y a eu la plus forte dose enregistrée. En 2013, 20 564 sont intervenues et la plus forte dose enregistrée était de 6,7 mSv, avec une moyenne de 0,5 mSv en un an.

Voir le communiqué de presse en japonais et le document associé avec les données.

Ces statistiques, compilées par la Radiation Effects Association qui dépend du gouvernement, donnent un total de personnes inférieur aux chiffres avancés par le ministère de l’environnement en charge des travaux. Le ministère de la santé du Japon pense donc que cette association n’a pas réussi à enregistrer les doses de tout le monde.

Actuellement, 12 000 personnes par jour travaillent sur des chantiers de décontamination. Les travaux sont terminés dans quatre des onze communes évacuées.

Selon l’inspection de travail de Fukushima, qui surveille les 1 152 compagnies engagées dans ces chantiers, il y a eu 800 violations du droit du travail enregistrées concernant la sécurité des travailleurs. Parfois, cela concerne l’absence de mesure du débit de dose ambiant avant les travaux ou le port de dosimètres.

Le village nucléaire sous le choc

En ordonnant l’arrêt immédiat de la procédure de redémarrage des réacteurs n°3 et 4 de la centrale de Takahama, le tribunal de Fukui a jugé que KEPCo, l’exploitant, n’avait pas démontré la résistance des réacteurs face aux séismes et que le redémarrage constituait une menace imminente pour les riverains. Il note que, cette dernière décennie, 5 tremblements de terre ont secoué des centrales nucléaires au-delà de ce qui était prévu. Qu’est qui prouve que l’estimation de KEPCo est suffisante ? Le tribunal cite, notamment, les piscines de combustible usé qui ne sont pas protégées par une enceinte de confinement. Les plans d’urgence ne permettraient pas de protéger les populations en cas d’accident grave.

Comme le juge, Hideaki Higuchi, avait déjà pris une décision similaire en mai 2014, les plaignants étaient assez confiants. KEPCo, quant à elle, a tenté une action pour qu’il soit dessaisi de l’affaire. En vain. Des précisions sur la plainte sont disponibles en anglais sur le site de Green Action à Kyôto. D’autres plaintes ont été déposées pour demander l’arrêt définitif de cette centrale. Un autre jugement est attendu le 22 avril concernant la centrale de Sendaï, dans la province de Kagoshima, pour laquelle la procédure de redémarrage est la plus avancée. Un jugement similaire condamnerait tout redémarrage avant longtemps.

Cette décision de justice, qui intervient après que l’Agence de régulation nucléaire (NRA) ait estimé que le dossier de sûreté des réacteurs 3 et 4 de la centrale de Takahama étaient recevables. Elle aura donc un impact car elle remet en question le jugement de cette autorité. La cour a aussi estimé que le nouveau référentiel de sûreté japonais, présenté comme le plus strict au monde, était « irrationnel » et que les critères étaient « trop lâches ».

La NRA n’a pas apprécié. Son président a déclaré aux médias que les critères japonais étaient reconnus internationalement comme les plus stricts au monde et que la cour n’avait pas compris ce point. Mais à ce stade, cela reste un slogan. Si c’est vrai, cela doit pouvoir être montré à l’aide d’un comparatif international. Il a aussi ajouté que le jugement contenait des erreurs factuelles à propos des risques sismiques et de la résistance de certaines pièces. La NRA va continuer les inspections de la centrale de Takahama et l’instruction du dossier. Elle n’a pas l’intention de revoir son référentiel de sûreté.

Le porte-parole du gouvernement a aussitôt affirmé que cette décision n’affecterait pas la politique gouvernementale en matière de nucléaire. La compagnie va, bien évidemment, faire appel, mais cela pourrait retarder de plusieurs mois voire années le redémarrage. Le précédent jugement similaire de cette même cour concernant les réacteurs d’Ôï date de mai 2014 et presqu’un an plus tard, l’affaire est encore en cours en appel. Avant la catastrophe de Fukushima, le nucléaire représentait 50% de la production d’électricité de KEPCo qui souffre donc économiquement de l’arrêt complet de son parc. Il va falloir qu’elle revoit ses plans car elle vient de cumuler quatre années de déficit de suite.

Il y a actuellement 24 demandes d’autorisation de redémarrage. Il est déjà certain que certaines n’aboutiront pas car les réacteurs sont trop vétustes ou situés sur une faille maintenant considérée comme active.

A plus long terme, après avoir tergiversé, le gouvernement compte fixer la part du nucléaire dans le mix électrique à l’horizon 2030 à 18% à 19%. Le ministère de l’industrie voulait plus de 20%, ce qui aurait impliqué la construction de nouveaux réacteurs. Ce dernier chiffre est probablement encore trop optimiste. Cette décision a été prise sans débat public ni consultation des citoyens. Il ne faut être surpris qu’ils se retournent alors vers la justice qui est leur dernier recours pour se faire entendre.

Par ailleurs, les plans gouvernementaux de réduction d’émission de gaz à effet de serre ont été fortement critiqués par la presse japonaise car ils sont peu ambitieux. C’est probablement l’année 2013 qui a va être prise en référence alors que les émissions étaient quasiment à leur maximum historique. L’Europe a choisi 1990.

En 2013, le Japon a émis 1,408 milliard de tonnes de CO2, avec une augmentation de 1,2% par rapport à l’année précédente. C’est le deuxième chiffre le plus élevé depuis 1990. Le record était en 2007, avec 1,412 milliard de tonnes.

Enfin, ce 15 avril, cela fait exactement 19 mois consécutifs que le Japon est sans production d’électricité nucléaire.

Deuxième robot dans l’antre du réacteur n°1

TEPCo a fait pénétré un deuxième robot dans l’enceinte de confinement du réacteur n°1. Il est identique à celui tombé en panne la semaine dernière. Il va prendre un autre chemin. Même si le précédent robot s’est trouvé coincé, il a pu continuer à transmettre des informations pendant deux à trois jours. C’est beaucoup plus que la dizaine d’heures initialement envisagée. TEPCo va donc aller plus lentement avec le deuxième robot.