395 sacs de déchets emportés par les flots à Fukushima

Suite aux pluies torrentielles récentes, plusieurs sites d’entreposage des déchets radioactifs issus des chantiers de décontamination ont été inondés. A Iitaté, dans la province de Fukushima, ce sont finalement 395 sacs d’un mètre cube chacun qui ont été emportés. 314 ont pu être récupérés, mais vides pour la moitié d’entre eux… (au moins 153). Ils contenaient des herbes, branches et sols contaminés.

Ces sacs étaient dans un champ à proximité de la rivière.

Dans la province de Tochigi, ce sont au moins 334 sacs qui ont été emportés par la rivière Kinugawa. Une vingtaine ont pu être récupérés en aval, mais vides. La commune de Nikkô ne sait pas où sont allés les 314 autres sacs. Il y avait 558 sacs en tout dans un parc à côté de la rivière.

250 hectares de terrains devraient être couverts de panneaux solaires à Fukushima

250 hectares de terrains agricoles ont été reclassés en terrains pour la production d’électricité solaire dans les territoires contaminés de Fukushima. La production va être rachetée par Tôhoku Electric. A Iitaté, où deux centrales solaires sont prévues, une compagnie locale a même été créée pour l’occasion. Il s’agit d’Iitaté Denryoku, dont le patron était éleveur avant la catastrophe.

Des nouveaux projets pourraient voir le jour, en mettant les panneaux plus en hauteur de façon à pouvoir maintenir une activité agricole.

Nouvelles manifestations de masse au Japon

C’est le projet de loi sur l’engagement de l’armée japonaise, appelée “forces d’auto-défense”, qui mobilise à nouveau de nombreux Japonais. Après la manifestation massive du mois dernier, ils étaient, de nouveau, plusieurs dizaines de milliers à entourer le parlement pour tenter d’empêcher l’adoption de la loi. Les organisateurs mentionnent 45 000 personnes cette fois-ci.

Les manifestations sont généralement limitées aux trottoirs par de très nombreux policiers. Mais ces derniers ont été débordés et la foule a pu envahir la chaussée sur la rue qui mène au parlement. Outre des slogans contre le projet de loi, il y a aussi des appels à la démission du premier ministre, qui chute dans les sondages.

Des étudiants appellent à manifester tous les jours, jusqu’au passage de la loi devant la chambre basse, le 16 septembre et devant la chambre haute, le 18 septembre probablement. Le gouvernement veut éviter le long week-end du 19-20 septembre qui est suivi par plusieurs jours fériés (silver week), de crainte de nouvelles manifestations massives.

C’est ce même gouvernement qui doit gérer la catastrophe nucléaire. Comment peut-il y arriver sans écouter l’avis de la population ? Le premier ministre a déclaré que le soutien de la population devrait augmenter après le vote, avec le temps qui passe. Bref, la population se laisserait emporter par ses émotions. Une fois la raison revenue, tout le monde réalisera combien le premier ministre avait raison ! Quel mépris !

C’est la même philosophie qui est appliquée au retour des populations. Tout faire pour qu’elles rentrent, en pariant qu’elles seront d’accord, une fois de retour. Mais, c’est faire fi du stress engendré par cette situation et des risques liés au seuil de dose élevé qui est maintenu pour la politique de retour.

Il y a eu un changement important dans la société japonaise après la triple catastrophe de mars 2011. De nombreuses personnes se sont organisées pour accéder à la connaissance nécessaire pour prendre des décisions dans une situation de risque nouvelle due à la radioactivité (voir notre rapport de février 2012 sur les initiatives citoyennes au Japon). La défiance, voire la colère, envers les autorités est aussi plus forte. Cela se traduit par des manifestations massives, que ce soit contre l’énergie nucléaire, le déplacement d’une base militaire américaine à Okinawa ou ce projet de loi. Il est aussi impossible de trouver des sites pour le stockage des déchets radioactifs.

Un documentaire récent, dédié à ces manifestations, “Tell the Prime Minister“, met bien en évidence la grande diversité des personnes qui manifestent. (L’extrait vidéo sur ce site montrent des manifestations contre le redémarrage des réacteurs nucléaires. On entend saïkadô hantaï, saïkadô hantaï…).

La classe politique au pouvoir à Tôkyô ne veut pas voir ces changements sociétaux et continue à se comporter comme avant. Les décisions prises sans respecter l’avis des populations peuvent être particulièrement délétères pour les victimes de la catastrophe de Fukushima. Ce seront, une fois de plus, les personnes les plus vulnérables, qui n’ont pas les moyens de s’opposer aux autorités, qui en feront les frais.

TEPCo a commencé à rejeter en mer l’eau souterraine partiellement décontaminée

TEPCo a commencé à rejeter en mer l’eau souterraine pompée au pied des réacteurs et partiellement décontaminée. 850 m3 issus d’un stock de 4 000 m3 devraient être rejetés durant ce premier jour. Le rejet du stock complet devrait durer 3 jours supplémentaires.

La compagnie pompe actuellement entre 100 et 200 m3 d’eau souterraine par jour et devrait passer à 500 m3 par jour s’il n’y a pas de problème.

Rappelons que TEPCo s’est engagée à ne pas rejeter une eau qui aurait plus de 1 Bq/L en césium, 3 Bq/L en bêta total et 1 500 Bq/L en tritium. Lors du rejet, la contamination en tritium variait entre 330 et 600 Bq/L.

La compagnie espère ainsi que les infiltrations dans les sous-sols des réacteurs vont diminuer alors que le mur de glace prend du retard. Ce sont 300 m3 qui pénètrent chaque et se mélangent à l’eau de refroidissement très contaminée.

TEPCo a mis en ligne une photo et une vidéo qui ne présentent aucun intérêt.

Sept sites d’entreposage de déchets radioactifs submergés

Les pluies torrentielles liée au passage du typhon n°18 ou Etau ont submergé 7 sites d’entreposage de déchets radioactifs issus de la décontamination.

A Iitaté, ce sont plus de 82 sacs d’un mètre cube chacun qui sont partis dans la rivière, comme nous l’avions signalé. 37 ont pu être récupérés et les 45 autres ne seraient pas endommagés, selon le ministère de l’environnement. Il n’est pas possible d’aller les récupérer pour l’instant.

Concernant l’eau de pluie qui déborde de temps en temps à la centrale de Fukushima daï-ichi et à cause des scandales passés, les pêcheurs et riverains demandent à l’Agence de Régulation Nucléaire d’imposer des limites à TEPCo. Mais l’agence explique que rien, dans la loi, ne le permet. Réviser la loi va prendre du temps, et ce n’est pas une priorité.

Pluies torrentielles suite au passage d’un typhon

Le passage du typhon n°18, ou typhon Etau, a entraîné des pluies torrentielles sur le Nord-Est du Japon et la situation est particulièrement critique à Tochigi et Ibaraki. A Miyagi aussi des digues ont lâché. Plus de 100 000 personnes ont dû être évacuées temporairement. Des digues ont lâché, entraînant l’inondation de plusieurs communes et la destruction de nombreuses constructions. On déplore déjà trois victimes et plusieurs disparus. Parfois, les scènes n’étaient pas sans rappeler le tsunami de 2011.

Le risque d’inondation de ces zones était connu depuis longtemps (voir les cartes de prédiction) et l’agence de météorologie nationale avait émis un message d’alerte maximum, demandant aux populations de s’éloigner des zones à risques. Mais cela n’a pas suffit, de nombreuses personnes se sont trouvées bloquées chez elles et il n’a pas été facile d’aller les secourir. Parfois, l’ordre d’évacuer est arrivé trop tard. De plus, le risque d’inondation ne semble pas bien connu des populations, contrairement au risque sismique.

Face à un tel drame, et cela peut paraître anecdotique, mais à la centrale de Fukushima daï-ichi, l’eau de pluie a, une fois de plus, débordé dans la mer. Comme à son habitude, TEPCo a immédiatement tweeté pour dire qu’il n’y avait pas d’effet noté.

Plus dans les terres, à Iitaté, des sacs contenant des déchets radioactifs issus des opérations de décontamination auraient été emportés par les flots de la Niida. Sur 82 sacs emportés, 32 auraient pu être repêchés le jour même. Un sac fait un mètre cube.

TEPCo annonce avoir terminé la barrière le long du littoral

TEPCo a mis en ligne des photos et une vidéo du chantier de construction d’une barrière dans le port devant la centrale, supposée arrêter les écoulements d’eau souterraine contaminée vers l’océan. La vidéo est aussi sur la page Facebook de la compagnie.

Chacun sait que l’on n’arrête pas un écoulement, on le détourne seulement. L’eau continuait donc à rejoindre l’océan, par d’autres chemins. C’est pourquoi, la barrière n’était pas complètement fermée. Mais, comme la compagnie veut pomper l’eau souterraine au pied des réacteurs et rejeter l’eau en mer, après traitement, la barrière pourrait devenir utile. Elle a récemment montré les installations à la presse et communique maintenant sur la barrière.

De nombreux déplacés refusent de quitter leur préfabriqué

Suite à la triple catastrophe, les autorités japonaises ont rapidement mis à la disposition des personnes déplacées des logements préfabriqués, le temps de trouver mieux. Fin juillet 2015, il restait encore 52 000 préfabriqués à Iwaté, Miyagi et Fukushima, dont 30% étaient occupés.

De nouveaux logements en dur sont proposés aux personnes concernées, mais, parfois, elles refusent de partir. Il y aurait 900 cas avec de nombreuses raisons. Pour certains, c’est la peur d’un nouveau tsunami. Ainsi, à Sendaï, plusieurs familles refusent d’habiter dans le nouveau complexe construit dans une zone inondée par le tsunami. Il y a aussi des personnes âgées isolées. Une est allée en maison de retraite, mais il n’y avait personne pour déménager ses affaires. Une autre est décédée, mais personne n’est venu vider le logement temporaire.

Pour d’autres personnes, c’est le coût des nouveaux logements qui est un frein. Les préfabriqués sont gratuits alors qu’il faut payer un loyer une fois relogé. Il y a aussi des abus. Certains utilisent le préfabriqué pour le stockage ou l’ont sous-loué.

Les communes souhaitent éliminer rapidement ses logements temporaires pour utiliser les terrains. A Kamaishi, les autorités ont réussi à convaincre les derniers récalcitrants à aller dans des préfabriqués sur un autre site. Ils étaient une cinquantaine.

Selon les statistiques officielles, il resterait 199 000 évacués suite aux trois catastrophes. Parmi eux, 68 000 seraient toujours dans des préfabriqués, prévus, initialement pour durer deux ans. Il s’agit surtout de personnes âgées ou avec de faibles revenus qui ne peuvent pas se reloger par elles-même. Après le séisme de Kôbé, certains étaient restés 5 ans dans des préfabriqués. Cette fois-ci ce sera plus car le programme de reconstruction n’avance pas assez vite. Il est question de 2018, voire au-delà.

Il y aurait besoin, en tout, de 29 501 unités d’habitation pour reloger tout le monde, mais seulement 11 000 auraient été construites.

A Fukushima, où il y a 20 000 personnes dans des préfabriqués, s’ajoutent les problèmes liés à la contamination radioactive. Il y a 70 000 personnes évacuées à cause des ordres gouvernementaux, plus tous les évacuées dits “volontaires”.

Le réacteur n°1 de Sendaï entre en exploitation commerciale

Suite au feu vert de l’agence de régulation nucléaire, Kyûshû Electric a envoyé la production du réacteur n°1 de sa centrale de Sendaï à Kagoshima sur le réseau électrique. Il est donc entré en exploitation commerciale. Si tout va bien, il sera arrêté à nouveau dans 13 mois. Il a une puissance de 890 MWe.

Le 15 septembre, cela aurait fait exactement deux ans que le Japon se passait de l’énergie nucléaire.

Par ailleurs, la compagnie a annoncé vouloir commencer, dès le lendemain, le chargement en combustible du réacteur n°2 de cette même centrale. Les opérations devraient prendre quatre jours et elle prévoit un redémarrage en octobre prochain et un couplage au réseau électrique un mois plus tard.

La compagnie espère renouer avec les profits dès cette année, après 4 années successives de pertes. En effet, les réacteurs à l’arrêt coûtent très cher et ne rapportent rien.