TEPCo reconnait avoir des problèmes avec l’eau souterraine qui est trop contaminée

Comme nous l’avions expliqué en décembre dernier, TEPCo a dû mal à faire face aux problèmes liés à l’eau contaminée. Sa dernières mesures mises en place pour diminuer les fuites vers l’océan tournent au cauchemar.

TEPCo a construit et scellé une barrière tout le long du littoral, puis a commencé à pomper l’eau contaminée au pied des réacteurs, en vue de la décontaminer avant rejet en mer. Malheureusement, la pression de l’eau souterraine avait fait pencher ce mur souterrain à peine un mois plus tard. Et les malheurs continuent : l’eau souterraine pompée est devenue trop contaminée pour être traitée. Elle est donc rejetée dans les sous-sols des bâtiments turbine, comme TEPCo vient de le reconnaître dans un communiqué en anglais, avant d’être repompée vers les cuves. Le stock d’eau contaminée augmente actuellement de 600 m3 par jour, alors que c’était 400 m3/j en 2013.

Les fuites vers l’océan ont probablement diminué, mais la compagnie n’en a pas fini avec toute cette eau.

Comment TEPCo prend soin des travailleurs

TEPCo vient de communiquer sur une opération qui vise à remercier les 7 200 travailleurs du site de la centrale de Fukushima daï-ichi avant le week-end : ils recevront, chacun, une canette d’une boisson énergisante… Quelle générosité ! Il n’est pas sûr que ce soit la boisson idéale pour se reposer le week-end.

La compagnie avait aussi détaillé les mesures prises pour réduire la dose reçue par les travailleurs. Cela passe par la décontamination des sols, la réduction de la contamination de l’eau contenue dans les cuves… Elle montre aussi les lieux de repos et la nouvelle cantine.

En attendant, les dernières statistiques publiques en anglais sur les doses prises par les 45 578 travailleurs qui sont passé sur le site (ici en ligne) montrent que les doses prises ne baissent pas. La dose maximale prise en octobre 2015 est de 14,42 mSv – c’est un sous-traitant – et la dose moyenne, de 0,58 mSv en un mois. Il y a, en plus, 1 203 personnes qui ont une limite de dose plus élevée afin de pouvoir continuer à pénétrer sur le site.

L’Union européenne allège les contrôles à l’importation d’aliments en provenance du Japon

L’Union européenne a allégé les contrôles à l’importation d’aliments en provenance du Japon voir le règlement d’exécution du 6 janvier 2016 en français et en anglais.

Il n’y a plus aucun contrôle exigé pour les aliments en provenance de Saïtama et d’Aomori.

Pour les provinces de Gunma, Ibaraki, Tochigi, Miyagi, Iwate et Chiba, il est actuellement exigé d’échantillonner et d’analyser, avant leur exportation vers l’Union, les champignons, les produits de la pêche, le riz, le soja, le sarrasin et certaines plantes sauvages comestibles ainsi que leurs produits transformés et dérivés. Pour plusieurs de ces matières premières alimentaires, il y a lieu de ne plus exiger d’échantillonnage et d’analyse avant l’exportation vers l’Union.

Pour les provinces d’Akita, de Yamagata et de Nagano, le contrôle de certaines plantes sauvage n’est plus exigé mais un cas de non-conformité entraîne le maintien des contrôles pour d’autres. Les contrôles sont aussi maintenus pour les provinces de Shizuoka, de Yamanashi et de Niigata suite à la constatation d’un cas de non-conformité.

Enfin, à Fukushima, les contrôles ne sont plus exigés pour certains aliments, mais maintenus pour d’autres.
La liste des aliments qui doivent toujours être contrôlés est donnée en annexe. Elle reste longue pour Fukushima et inclut des produits de la pêche et de l’agriculture. Ailleurs, il s’agit surtout de produits de la pêche et de plantes sauvages.

Ces nouvelles règles sont effectives à partir du 9 janvier 2016.

Suite à la décision européenne, Singapour aurait accepté de reconsidérer ses conditions d’importation d’aliments en provenance du Japon.

Grandes manœuvres en amont de l’ouverture complète du marché de l’électricité le 1er avril prochain

Les compagnies d’électricité japonaises avaient un monopole régional qui leur permettait d’imposer des tarifs très élevés. Pour les gros consommateurs, le marché de l’électricité est ouvert. Il le sera aussi pour tous à partir du 1er avril 2016. De nouveaux acteurs veulent entrer sur le marché et les compagnies d’électricité font tout pour garder leurs consommateurs et continuer à bénéficier de leur rente de situation.

Chûbu Electric veut pénétrer le marché tokyoïte où TEPCo a le monopole. Pour cela, elle va proposer un tarif flexible en fonction de l’heure de la journée. TonenGeneral Sekiyu K.K., qui distribue du pétrole, va vendre de l’électricité et proposer un tarif 3 à 6% inférieur à celui de TEPCo. Elle veut aussi concurrencer Kansai et Chûbu Electric.

Pour garder ses clients, TEPCo va proposer des bouquets incluant électricité, gaz, voire même accès à Internet et va introduire un système de points de fidélité. On ne connait pas encore le détail. La compagnie espère aussi pénétrer le marché du Kansaï et du centre du Japon. Pour cela, elle va aussi proposer un tarif réduit aux foyers qui signent un contrat de deux ans qui devrait être inférieur de 3 à 6% que ce que proposent Kansaï et Chûbu Electric.

Tôkyô Gas va aussi proposer un bouquet incluant gaz, électricité et Internet pour attirer les clients. Une compagnie de chemin de fer de Tôkyô veut aussi vendre de l’électricité et Jupiter Telecommunications Co va ajouter l’électricité à son offre de télévision par câble.

Une Enercoop japonaise qui vendrait de l’électricité 100% renouvelable dans le cadre de l’économie sociale et solidaire ne semble pas exister. C’est bien dommage.

Les exploitants historiques font pression pour pouvoir redémarrer leurs réacteurs nucléaires qui leur coûtent cher, même à l’arrêt, sans rien leur rapporter.

Les problèmes de sûreté liés aux câbles seraient génériques

TEPCo avait découvert que 2 000 câbles n’étaient pas installés correctement au regard des normes de protection contre les incendies à ses deux centrales nucléaires de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata) et de Fukushima daï-ni. En effet, dans les nouvelles règles de sûreté, les câbles reliés aux équipements importants pour la sûreté doivent être séparés des autres câbles électriques pour les protéger en cas d’incendie. Dans les réacteurs n°6 et 7 de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, ces câbles passent sous la salle de contrôle avec les autres câbles. Ce problème semble être répandu dans les réacteurs à eau bouillante.

L’Autorité de Régulation Nucléaire, la NRA, a d’abord pensé que seuls les réacteurs à eau bouillante étaient concernés, mais cela pourrait être plus général. Il a déjà été noté dans les 7 réacteurs de Kashiwazaki-Kariwa, les n°3 et 4 de Fukushima daï-ni, le n°4 de Hamaoka (Shizuoka), le n°1 de Shika (Ishikawa), le n°3 d’Onagawa (Miyagi) et le n°1 de Higashidôri (Aomori). A Kashiwazaki-Kariwa, le problème date de la construction des réacteurs et TEPCo doit apporter une solution d’ici le 29 janvier.

La NRA a donc demandé aux exploitants du nucléaire de vérifier leurs réacteurs et de rapporter le résultat avant la fin mars 2016. Mais les deux réacteurs en fonctionnement à la centrale de Sendaï (Kagoshima) et les deux en cours de redémarrage à Takahama (Fukui) sont exemptés bien que ce problème n’ait pas été contrôlé. Les exploitants ont jugé que ce n’était pas nécessaire puisque ces quatre réacteurs ont déjà reçu l’autorisation de fonctionner. Une drôle de conception de la sûreté. Les exploitants du nucléaire japonais n’ont pas encore compris que ce sont eux qui sont responsables de la sûreté de leurs réacteurs ?

Source : jiji press repris par le Japan Times.

Le Japon va renvoyer 330 kg de plutonium aux Etats-Unis

En mars prochain, le Japon devrait réexpédier plus de 330 kilogrammes de plutonium de qualité militaire vers les États-Unis, conformément à un accord bilatéral passé en 2014. Il reste discret sur la date de départ et la route prévue, pour des raisons de sécurité. Les Etats-Unis ont exigé ce renvoi pour des raisons de prolifération dans la région.

Le plutonium est, pour le moment, à Ibaraki. En juin 2014, une erreur dans l’inventaire de plutonium transmis à l’AIEA a été découverte.

Quelques chiffres concernant les personnes déplacées par la catastrophe nucléaire

Il y a encore plus de 100 000 personnes qui ne sont pas autorisées à vivre chez elles à cause la radioactivité au Japon. 57 000 environ sont restés dans la province de Fukushima et 43 000 sont dans une autre province.

L’ordre d’évacuer devrait être levé dans certaines parties de Minami-Sôma, Kawamata et Katsurao en 2016. A Naraha, où il a été levé le 5 septembre 2015, seulement 5% des habitants sont rentrés.

Zoom sur Namié :

Avant la triple catastrophe, Namié avait environ 21 000 habitants. 559 sont décédés suite aux séismes et tsunami, ainsi que des suites de l’évacuation. La commune est toujours entièrement évacuée.

14 500 habitants sont restés dans la province de Fukushima et 6 400 sont répartis dans 44 autres provinces. Il y aurait environ 900 personnes à Tôkyô. Le lieu de résidence n’est pas bien connu, sauf pour 3 300 personnes qui bénéficient d’un logement provisoire dans un préfabriqué ou dans le parc locatif public. Ces derniers sont répartis sur 31 lieux dans 7 communes différentes.

Comme le souligne l’Asahi, des élections municipales ont tout de même eu lieu à Namié, mais il était quasiment impossible de faire campagne dans de telles conditions. C’est donc un des fondements même de la démocratie qui est aussi menacé. Le taux de participation a été de 56% contre 73,5% avant la catastrophe.