Dernières statistiques sur les doses prises par les travailleurs à la centrale de Fukushima daï-ichi

Le ministère de la santé, du travail et des affaires sociales a mis en ligne les derniers résultats concernant les doses prises par les travailleurs à la centrale de Fukushima daï-ichi. Toutes les données sont accessibles depuis cette page en anglais.

Au 30 novembre 2015, 45 891 personnes sont passées sur le site de la centrale pour y travailler, dont 41 228 sous-traitants (90%). Ils sont environ 10 000 par mois. La plus forte dose enregistrée en novembre 2015 était de 13,88 mSv en un mois. La moyenne en novembre était de 0,52 mSv : 0,55 mSv pour les 9 334 sous-traitants et 0,20 mSv pour les 1 042 employés de TEPCo.

Toujours en novembre 2015, 16 travailleurs supplémentaires (dont 13 sous-traitants) ont reçu une dose cumulée comprise entre 75 et 100 mSv, sachant que la limite à ne pas dépasser sur 5 ans est de 100 mSv.

La part de l’alimentation locale augmente dans les menus de la cantine à Fukushima

La part des produits locaux dans les menus des cantines scolaires était de 36,1% en 2010 à Fukushima. Elle n’a pas été mesurée en 2011 et 2012. En 2013, elle était descendu à 18,3%. Elle en hausse depuis et a atteint 27,3% en 2015 (Source : Fukushima Minpo).

Par ailleurs, tous les 10 millions de sacs de riz contrôlés en 2015 à Fukushima avaient une contamination inférieure à la limite de mise sur le marché qui est de 100 Bq/kg pour le césium. 99,9% de ces sacs auraient une contamination inférieure à 25 Bq/kg. Il y avait eu deux sacs de 30 kg dépassant la limite en 2014.

La dernière liste des produits alimentaires de la province de Fukushima interdits de mise sur le marché, datée du 20 janvier 2016, contient 54 ordres d’interdiction. On trouve de tout : du riz, des légumes, des fruits, des poissons et des plantes sauvages, dont les champignons.

Pour les provinces de Chiba et Ibaraki, la liste, datée du 15 janvier 2016, contient 7 ordres d’interdiction par province. Il s’agit de champignons de culture, de plantes sauvages, de poissons de rivière et de gibier. Il en est de même à Iwaté. A Tochigi, la liste est plus longue : il y a des châtaignes et la viande de bœuf en plus.

Toutes les restrictions sont ici en anglais.

Enfin, un bilan des contrôles officiels effectués sur l’alimentation en 2015 est ici en anglais.

 

La décontamination de l’esprit

Une organisation japonaise intitulée “la déclaration de la sûreté à Fukushima” (福島安全宣言) ou quelque chose comme cela a lancé une campagne concernant la “décontamination des esprits” (心の除染) pour convaincre que la radioactivité est sûre.

Dans une vidéo prise dans la zone des vingt kilomètres, encore évacuée, une personne fait des relevés de débit de dose et affirme à chaque fois que c’est sûr car bien en dessous de 100 mSv. Mais la vidéo évite les zones les plus contaminées et confond les microsieverts et les microsieverts/heure. Quand les autorités japonaises affirment qu’il n’y a pas de risque en dessous de 100 mSv, c’est sur la vie entière. Comparer cette valeur à des microsieverts par heure ou des millisieverts par an n’a pas de sens.

Il y a aussi des vidéos de conférences pseudo-scientifiques pour affirmer que les radiations à Fukushima sont sûres. L’audience semble très réduite.

Ce groupe appelle à la levée des ordres d’évacuation et au retour des habitants, ainsi qu’au redémarrage des réacteurs nucléaires déclarés sûrs.

Une autre initiative du même genre, déjà présentée par le Blog de Fukushima, a consisté à faire ramasser les détritus le long de la route nationale 6 qui passe en zone interdite par des enfants. Cette fois-ci, c’était une organisation intitulée “Happy Road Net” qui était organisatrice (voir l’affiche du projet).

Rappelons qu’il est reconnu au niveau international qu’il n’y a pas de limite innocuité pour les radiations et que chaque dose a un impact qui lui est proportionnel. Dans un tel contexte, il est recommandé que l’exposition aux radiations soit justifié par un bénéfice. Quel était le bénéfice pour ces enfants ?

Il y a fort à parier que la décontamination des esprits ne soit pas plus efficace que la décontamination des territoires contaminés…

Réacteur n°3 : préparatifs pour le retrait des combustibles de la piscine

On le sait, les piscines de combustible sont particulièrement menaçantes car elles ne sont pas protégées par une enceinte de confinement, et elles contiennent une grande quantité de radioéléments. En cas de fissure de la piscine, suite à un séisme par exemple, et perte de refroidissement, les conséquences pourraient être encore plus graves que ce qui s’est passé en 2011. Dans le cas du réacteur n°3, il y a aussi du combustible MOx, riche en plutonium.

Dans le cas de la piscine du réacteur n°4, où des humains ont pu travaillé, les combustibles ont pu être retirés. En revanche, pour les réacteurs n°1 à 3,  c’est plus compliqué car toutes les opérations doivent être télécommandées, le débit de dose empêchant les humains d’y travailler.

C’est pour le réacteur n°3 que TEPCo est la plus en avance. Elle a retiré tous les débris qui surplombaient la piscine et elle est en train d’assembler une structure qui viendra recouvrir le tout afin d’y installer un palan et une grue pour retirer les combustibles.

Voir les photos et explications en anglais sur le site de la compagnie.

TEPCo va d’abord installer des écrans protecteurs afin de réduire le débit de dose. Pour la construction de la structure, elle est en train de s’entraîner à Onahama. Les travaux de retrait du combustible ne devraient pas commencer avant 2018.

Minami-Sôma : qu’est ce qui est à l’origine de la contamination du riz en 2013 ?

C’est une histoire ancienne, mais elle continue à faire des remous. Du riz récolté en 2013 à Minami-Sôma a eu une contamination en césium supérieure à la limite de mise sur la marché, qui est de 100 Bq/kg alors que l’année précédente, la contamination était inférieure à la limite. Le ministère de l’agriculture a soupçonné les retombées de poussières lors du démantèlement du réacteur n°3 durant l’été 2013, mais ne l’a annoncé que pendant l’été 2014. Le maire et les habitants de Minami-Sôma étaient furieux, car ni TEPCo, ni le gouvernement, ne leur ont signalés des retombées radioactives sur la commune. Le ministère de l’agriculture avait parlé de ce problème avec TEPCo en mars 2014 sans prévenir la commune…

Ce n’est qu’en décembre 2014 que l’on a appris que TEPCo avait cessé d’asperger des résines fixatrices de poussières avant les opérations de démantèlement du haut du réacteur n°3. Ou avait fortement dilué le produit avant usage, le rendant inopérant. Un choc supplémentaire pour les habitants de Minami-Sôma.

L’Autorité de Régulation Nucléaire, la NRA, avait finalement conclu que le dépassement de la limite de la contamination du riz ne pouvait pas être due aux poussières, sans pour autant apporter d’autres explications. Et, comme nous le notions, l’IRSN avait rédigé une note sur le sujet qui laissait entendre que, si toute la contamination ne pouvait pas venir des poussières, elles auraient pu avoir une contribution significatives.

Selon l’Asahi, les habitants de Minami-Sôma n’ont, en tout cas, pas été convaincus et veulent en savoir plus. Le 9 décembre 2015, saisi par une association locale, le conseil municipal a décidé, à l’unanimité, de mener une investigation car le gouvernement a renoncé à en chercher la cause. La NRA a refusé de commenter. Son président avait déclaré qu’il ne leur appartenait pas de trouver l’origine de l’élévation de la contamination et que c’était le problème du ministère de l’agriculture.

Une étude scientifique, publiée en libre accès dans un journal avec comité de lecture, tend à remettre en cause les affirmations de la NRA. En se basant sur un code de dispersion atmosphérique et des résultats de mesure sur des poussières radioactives, les auteurs estiment que la quantité de césium rejetée est au moins 3,6 fois plus élevée que ce qu’ont annoncé les autorités. Ils ont aussi relevé une valeur élevée de la contamination en strontium-90, particulièrement radiotoxique, au centre de ce qui était le panache radioactif.

Selon l’Asahi, pour un des auteurs, qui est venu présenter les résultats de l’étude aux agriculteurs et habitants de Minami-Sôma, cela ne fait aucun doute : l’augmentation de la contamination du riz relevée en 2013 est bien due aux rejets de TEPCo. Tout concorde à pointer vers cette cause. Il pense que l’analyse de la NRA est un peu rapide.

Réouverture de la patinoire naturelle de Kawamata

Depuis 1984, une rizière du district de Yamakiya, entièrement évacué, dans la commune de Kawamata était transformée en patinoire en hiver. Avec l’accident nucléaire et l’ordre d’évacuation, cette activité avait cessé. La rizière devrait être remise en eau cet hiver pour refaire la patinoire.

L’ordre d’évacuation du district devrait être levé cette année.

La province de Fukushima va faire appel à l’instance de médiation pour être indemnisée

La province de Fukushima veut faire appel à l’instance de médiation pour être indemnisée par TEPCo. Depuis juillet 2012, elle fait trois demandes d’indemnisation pour un total de 11 milliards de yens (86 millions d’euros), mais n’a reçu que 3,92 milliards de yens (31 millions d’euros) pour aider les petites entreprises à redémarrer et pour déménager un lycée, selon l’Asahi.

En revanche, TEPCo ne veut pas payer le reste, à savoir un nouveau service de l’administration régionale créé pour faire face aux conséquences de la catastrophe et une campagne de publicité pour attirer les touristes.

La décision de faire appel à la structure de médiation sera discutée lors de la prochaine assemblée régionale en février.

Iode : l’Autorité de Sûreté Nucléaire belge préconise l’extension à tout le pays

Alors que la France renouvelle la distribution de comprimés d’iode dans un rayon de 10 km seulement autour des centrales nucléaires, et de 500 m pour l’arsenal de Brest, le conseil scientifique de l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire belge vient de préconiser :

  • La prédistribution de comprimés d’iode stable est une action utile ; l’approche actuelle de mise à disposition d‘iode stable tant auprès des familles que des collectivités, dans les zones existantes doit certainement être conservée
  • L’élargissement de la disponibilité d’iode stable doit être garantie pour l’ensemble du territoire ; à décider : stocks centralisés dans des pharmacies avec mécanismes de distribution rapide ou extension de la prédistribution à l’ensemble du territoire.
Cela renforce le point de vue de l’ACRO et Greenpeace de demander un élargissement de la distribution des comprimés d’iode à 100 km autour des centrales nucléaires françaises.

La centrale de Fukushima daï-ichi est devenue une destination touristique

A l’instar de la centrale accidentée de Tchernobyl, celle de Fukushima est devenue une destination touristique. Selon l’Asahi, environ 16 000 personnes l’avaient déjà visitée à la fin septembre 2015. Au début, il s’agissait surtout de journalistes ou de politiciens. Maintenant, il y a aussi de simples touristes.

Selon TEPCo, il y a eu 900 visiteurs la première année. Depuis, le nombre de visiteurs ne cesse d’augmenter. Sur les 3 700 personnes qui ont visité la centrale lors du premier semestre 2015, 250 étaient originaires de Fukushima.

Une organisation intitulée “Appreciate Fukushima Workers” organise aussi de telles visites afin de montrer les efforts effectués par les travailleurs sur place. Elle aurait déjà emmené 140 personnes lors de 7 visites.

La visite se fait essentiellement en bus et la dose prise est de l’ordre de 10 microsieverts.

TEPCo a aussi ouvert un centre d’accueil pour les visiteurs en avril 2014 où elle accepte deux à trois groupes par jour. Tous ne peuvent pas aller visiter la centrale ensuite.