C’est une histoire ancienne, mais elle continue à faire des remous. Du riz récolté en 2013 à Minami-Sôma a eu une contamination en césium supérieure à la limite de mise sur la marché, qui est de 100 Bq/kg alors que l’année précédente, la contamination était inférieure à la limite. Le ministère de l’agriculture a soupçonné les retombées de poussières lors du démantèlement du réacteur n°3 durant l’été 2013, mais ne l’a annoncé que pendant l’été 2014. Le maire et les habitants de Minami-Sôma étaient furieux, car ni TEPCo, ni le gouvernement, ne leur ont signalés des retombées radioactives sur la commune. Le ministère de l’agriculture avait parlé de ce problème avec TEPCo en mars 2014 sans prévenir la commune…
Ce n’est qu’en décembre 2014 que l’on a appris que TEPCo avait cessé d’asperger des résines fixatrices de poussières avant les opérations de démantèlement du haut du réacteur n°3. Ou avait fortement dilué le produit avant usage, le rendant inopérant. Un choc supplémentaire pour les habitants de Minami-Sôma.
L’Autorité de Régulation Nucléaire, la NRA, avait finalement conclu que le dépassement de la limite de la contamination du riz ne pouvait pas être due aux poussières, sans pour autant apporter d’autres explications. Et, comme nous le notions, l’IRSN avait rédigé une note sur le sujet qui laissait entendre que, si toute la contamination ne pouvait pas venir des poussières, elles auraient pu avoir une contribution significatives.
Selon l’Asahi, les habitants de Minami-Sôma n’ont, en tout cas, pas été convaincus et veulent en savoir plus. Le 9 décembre 2015, saisi par une association locale, le conseil municipal a décidé, à l’unanimité, de mener une investigation car le gouvernement a renoncé à en chercher la cause. La NRA a refusé de commenter. Son président avait déclaré qu’il ne leur appartenait pas de trouver l’origine de l’élévation de la contamination et que c’était le problème du ministère de l’agriculture.
Une étude scientifique, publiée en libre accès dans un journal avec comité de lecture, tend à remettre en cause les affirmations de la NRA. En se basant sur un code de dispersion atmosphérique et des résultats de mesure sur des poussières radioactives, les auteurs estiment que la quantité de césium rejetée est au moins 3,6 fois plus élevée que ce qu’ont annoncé les autorités. Ils ont aussi relevé une valeur élevée de la contamination en strontium-90, particulièrement radiotoxique, au centre de ce qui était le panache radioactif.
Selon l’Asahi, pour un des auteurs, qui est venu présenter les résultats de l’étude aux agriculteurs et habitants de Minami-Sôma, cela ne fait aucun doute : l’augmentation de la contamination du riz relevée en 2013 est bien due aux rejets de TEPCo. Tout concorde à pointer vers cette cause. Il pense que l’analyse de la NRA est un peu rapide.