TEPCo a mis en ligne une présentation des efforts entrepris pour améliorer les conditions de travail à la centrale de Fukushima daï-ichi. Ce document présente aussi les résultats de l’enquête effectuée auprès des travailleurs, qui sont presque tous des sous-traitants. Il apparaît ainsi que le pourcentage de travailleurs qui ont reçu des documents expliquant les conditions de travail est passé de 54,6% à 75,4%. Le deuxième chiffre date de 2014. Cela signifie que presque un quart des intervenants n’ont pas reçu de tels documents ! Incroyable.
Par ailleurs, le nombre d’intérimaires, qui reçoivent des ordres d’une autre compagnie que celle qui leur verse le salaire, a augmenté : il est passé de 17,9% à plus de 20% (chiffre illisible). C’est interdit pour les travaux sous rayonnements ionisants. Qu’a fait TEPCo ? Organisé un séminaire pour rappeler le droit. Les compagnies contrevenantes ne sont pas punies ?
L’enquête a montré que 47,4% des travailleurs ressentent de la satisfaction à travailler à Fukushima daï-ichi. 14,2% n’ont aucune satisfaction. Que propose TEPCo ? De mettre un poster avec des messages venant de toute la planète pour remontrer le moral des troupes ou de servir des repas chauds.
Environ la moitié des travailleurs ressentent de l’inquiétude. Ils craignent les radiations et le risque d’accident. La réponse ? Encore des posters avec des explications sur les risques d’accident et ceux liés aux radiations ou des balises qui affichent le débit de dose.
Concernant les salaires, il y a une prime de risque liée au travail dans des conditions difficiles qui avait souvent été ponctionnée par les différentes couches de sous-traitance, sans atteindre les travailleurs. TEPCo s’est engagée, en novembre 2013, à informer ses sous-traitants directs afin qu’ils veillent à ce que la prime soit bien versée à la personne exposée aux risques. Des contrôles ont été effectués.
L’enquête montre que 70,8% des travailleurs connaissent cette prime. Encore 14,7% n’ont pas reçu d’information à son propos. Parmi les travailleurs qui connaissent la prime, 59,7% l’ont reçu comme prévu et 33,3% devraient la recevoir dans le futur. TEPCo dit vouloir poursuivre ses efforts pour améliorer le salaire des intervenants. C’est plus important que des posters. Recevoir le salaire auquel on a droit est bien la moindre des choses.
Rappelons qu’ils sont environ 7 000 à trimer quotidiennement à Fukushima daï-ichi. Il apparaît de l’enquête de TEPCo que les violations du droit du travail ne concernent pas que quelques individus mais un pourcentage significatif des travailleurs engagés dans les travaux de sécurisation du site. Et TEPCo n’a essentiellement que des posters comme solutions à proposer. C’est assez incroyable. Pas étonnant qu’il y ait pénurie de travailleurs.
Dans ce film de propagande en anglais d’« atoms in Japan », le lobby du village nucléaire, on apprend que 30 à 40% des travailleurs de la centrale de Fukushima daï-ichi n’ont pas voulu y retourner après l’accident et qu’il y a un manque de main d’œuvre qualifiée. Par ailleurs, environ la moitié des intervenants actuels sont originaires de Fukushima.