Appel contre l’arrêt du redémarrage de Takahama rejeté

En avril dernier, le tribunal de Fukui avait demandé à Kansaï Electric de ne par redémarrer ses réacteurs 3 et 4 de sa centrale de Takahama. Cela avait provoqué un choc au Japon. La compagnie avait fait appel et la cour l’a rejeté : les arguments de KEPCo n’étaient pas suffisamment convaincants. Elle a la possibilité de saisir une autre cour, mais cela va retarder d’autant le redémarrage de ces deux réacteurs.

Un jugement similaire contre la centrale d’Ôï en mai 2014 est toujours instruit en appel.

Avant la catastrophe de Fukushima, le nucléaire représentait 50% de la production d’électricité de KEPCo qui souffre donc économiquement de l’arrêt complet de son parc.

Fin des logements gratuits pour les déplacés « volontaires » en 2017

Nous avons déjà évoqué le sort des déplacés « volontaires » qui ne reçoivent pas de soutien des autorités, autre qu’un logement gratuit quand ils sont partis assez tôt. L’accès au logement est reconduit année après année sans que personne sache quand il s’arrêtera.

Les autorités de la province de Fukushima souhaitent que ce soutien cesse fin mars 2017. Elles comptent ainsi pousser les personnes concernées à rentrer. Sur les 115 000 personnes de Fukushima qui bénéficient d’un logement mis à disposition, 36 000 sont originaires de zones où il n’y a pas eu d’ordre d’évacuer. Il s’agit souvent de familles avec enfants.

Une consultation des communes concernées va débuter à ce sujet.

Évidemment, pour les habitants originaires des zones où il y a eu ordre d’évacuer, ce soutien perdurera. Mais les autorités s’apprêtent à lever ces ordres d’ici quelques années dans les zones où l’exposition externe le permet. Pour le moment, là où l’ordre d’évacuer a été levé, le taux de retour reste faible. La cessation du soutien au logement est donc un signal fort pour tout le monde.

Rappelons, comme nous l’avons déjà évoqué, que le principal parti au pouvoir rêve de voir tout le monde rentré d’ici mars 2017, sauf dans les zones de « retour difficile ».

Eau du robinet faiblement contaminée

Les dernières données officielles de contrôle de l’eau du robinet font apparaître une très faible contamination en césium dans les provinces touchées par la catastrophe. Même Tôkyô est affectée. Il n’y a qu’un point par province. Or, la situation doit être contrastée dans les provinces concernées, en fonction des captages qui sont plutôt en surface au Japon.

A noter qu’à Ichihara, dans la province de Chiba, il y a aussi de l’iode-131 dans l’eau du robinet. Cet élément a une demi-vie de 8 jours et ne peut pas provenir de l’accident à la centrale nucléaire. Il est couramment utilisé en médecine nucléaire et peut se retrouver dans les urines, puis les eaux usées quand les patients rentrent chez eux. Le captage a-t-il lieu en aval de la station d’épuration ? Où est-ce l’hôpital qui n’est pas équipé de cuves de rétention ? Il doit être facile de remédier à cette situation.

Promotion des robots

TEPCo a mis en ligne une vidéo promotionnelle pour vanter le succès des deux robots envoyés dans l’enceinte de confinement du réacteur n°1. Elle explique que cela lui a permis d’obtenir de nombreuses données intéressantes, mais l’on en sait pas plus sur ces données, si ce n’est qu’il n’y a pas d’obstacle à une investigation plus poussée.
La compagnie explique aussi que le niveau de débit de dose mesuré est moins important que ce qu’elle avait imaginé, sans dire qu’il serait létale en quelques minutes pour un être humain. Les robots ont tenu plus longtemps et TEPCo s’en félicite.

La télévision publique NHK mentionne que TEPCo a rendu publiques des heures d’enregistrement de vidéos faites par ces deux robots, mais je ne les ai pas trouvées en ligne. Si un lecteur les trouve, nous sommes preneurs.

Le Japan Atomic Industrial Forum, qui signe « atoms in Japan », avait aussi récemment proposé une vidéo promotionnelle des robots japonais. La gestion de l’accident apparaît comme un défi excitant.

Outre un appel aux étudiants à s’engager dans cette voie, l’industrie japonaise veut se placer sur le gigantesque marché international du démantèlement des installations nucléaires.

Déchets radioactifs à Tochigi : réunion gouvernementale contre meeting des opposants

Le ministère de l’environnement a organisé une réunion publique à propos de son projet de centre de stockage de déchets radioactifs générés par la catastrophe dans la province de Tochigi. La réunion, qui a eu lieu la veille à Utsunomiya, la capitale régionale, a attiré 180 personnes.

Les opposants au projet organisaient, au même moment, une autre réunion publique à Shioya, ville proche du site envisagé située à 22 km de la capitale. Elle a attiré 1 100 personnes. Le gymnase de l’école était plein et 200 personnes ont dû suivre les débats sur un écran situé à l’extérieur.

Le gouvernement dit avoir préféré la capitale car elle est plus facile d’accès.

A Shioya, la plupart des personnes présentes étaient là pour s’opposer au projet. Selon le Maïnichi, à Utsunomiya, plusieurs personnes ont manifesté leur opposition.

Le réacteur n°3 d’Ikata pourrait voir son dossier de sûreté jugé recevable

Le réacteur n°3 d’Ikata, dans la province d’Ehimé sur l’île de Shikoku, pourrait bientôt voir son dossier de sûreté jugé recevable par l’Agence de Régulation Nucléaire (NRA). Ce serait le cinquième réacteur à franchir cette étape. Le dossier de demande de redémarrage a été déposé en juillet 2013 et le redémarrage n’est pas encore pour tout de suite.

Dans le cas d’Ikata, il faut aussi obtenir l’accord des élus locaux.

Rappelons qu’il reste officiellement 43 réacteurs nucléaires sur 54 avant la catastrophe et qu’un dossier de demande de redémarrage a été déposé pour 24 d’entre eux. Plusieurs n’obtiendront pas l’autorisation. Pour le moment, tout le parc nucléaire est arrêté depuis exactement 20 mois.

TEPCo va commencer à retirer la couverture du réacteur n°1

TEPCo va commencer à retirer la couverture du réacteur n°1. Les travaux auraient dû débuter en juillet 2014, mais ils ont pris plusieurs mois de retard suite au scandale des rejets de poussières radioactives lors du démantèlement de la partie haute du réacteur n°3. Ce n’est que le 31 décembre 2013 que l’on a appris que TEPCo n’avait pas aspergé des résines fixatrices ou les avait fortement diluées. Voir notre bilan des quatre ans à ce propos.

Cette fois-ci, TEPCo va asperger de la résine pendant près d’une semaine. La surveillance va aussi être renforcée. Voir les photos mises en ligne.

Ensuite, il faudra retirer la couverture, les débris de la partie haute du réacteur, reconstruire une structure comme pour le réacteur n°4 et retirer les combustibles de la piscine. Il y en a pour plusieurs années.

Comme c’est la saison de la plantation du riz à Fukushima, TEPCo s’est engagée à suspendre immédiatement les travaux en cas de niveaux anormaux et prévenir les élus locaux en moins de 30 minutes.

TEPCo a vidé la piscine du réacteur n°5

TEPCo a complètement vidé la piscine du réacteur n°5. Rappelons que ce réacteur était arrêté le 11 mars 2011 et qu’il n’a pas subi de fusion de son cœur. Les installations de manipulation du combustibles sont encore en place et les travailleurs peuvent pénétrer dans le bâtiment réacteur. Cela a facilité les choses.

Le retrait du combustible a commencé le 22 avril et s’est terminé le 13 mai. Voir l’annonce en japonais de TEPCo.

Proposition pour accélérer le retour des habitants

Selon le Maïnichi, le parti libéral démocrate (LDP), le principal parti au pouvoir, va soumettre au gouvernement une proposition de lever tous les ordres d’évacuation avant six années après le déclenchement de la catastrophe pour les zones où l’exposition externe est inférieure à 50 millisieverts par an (mSv/an).

Rappelons que les autorités ont divisé les territoires évacués en trois zones : la zone de préparation au retour, là où l’exposition externe est inférieure à 20 mSv/an, la zone de restriction là où elle est comprise entre 20 et 50 mSv/an et la zone de retour difficile là où elle est supérieure à 50 mSv/an. Les deux premières zones, avec respectivement 32 000 et 23 000 habitants, sont donc concernées par cette proposition.

Le parti appelle aussi le gouvernement à accélérer la décontamination et la restauration des infrastructures. Plus facile à réclamer qu’à faire.

Cette proposition ne prend pas en compte l’avis des personnes concernées. Inventer une nouvelle gouvernance prenant en compte ce que veulent les populations et respectant leur choix est pourtant un des principaux enjeux de la politique à long terme des conséquences de cette catastrophe. Le LDP ne semble pas l’avoir compris.

Par ailleurs, le Maïnichi rapporte aussi qu’une centaine de résidents originaires du district de Tsushima à Namié, classé en zone de retour difficile, s’apprêtent à déposer une plainte collective contre TEPCo et le gouvernement pour avoir été privé de leur domicile, de leurs terres et traditions. Ils n’ont pas encore décidé le niveau d’indemnisation qu’ils vont réclamer. TEPCo a refusé sous le prétexte que ce ne serait pas juste vis à vis des autres personnes.

La commission de conciliation concernant les indemnisations a proposé, en mars 2014, d’augmenter la compensation liée au stress de 100 000 à 150 000 yens par mois.

Le district de Tsushima est une zone rurale à une trentaine de kilomètres de la centrale de Fukushima daï-ichi où habitaient quelque 1 400 personnes. Le gouvernement n’a pas encore présenté ses plans relatifs à cette zone de retour difficile et les anciens résidents ont le sentiment d’être abandonnés.

Une autre plainte collective a déjà été déposée par des habitants du district de Miyakoji à Tamura, situé dans le zone de préparation au retour.

Amélioration des conditions de travail à Fukushima daï-ichi : des progrès restent à faire

TEPCo a mis en ligne une présentation des efforts entrepris pour améliorer les conditions de travail à la centrale de Fukushima daï-ichi. Ce document présente aussi les résultats de l’enquête effectuée auprès des travailleurs, qui sont presque tous des sous-traitants. Il apparaît ainsi que le pourcentage de travailleurs qui ont reçu des documents expliquant les conditions de travail est passé de 54,6% à 75,4%. Le deuxième chiffre date de 2014. Cela signifie que presque un quart des intervenants n’ont pas reçu de tels documents ! Incroyable.

Par ailleurs, le nombre d’intérimaires, qui reçoivent des ordres d’une autre compagnie que celle qui leur verse le salaire, a augmenté : il est passé de 17,9% à plus de 20% (chiffre illisible). C’est interdit pour les travaux sous rayonnements ionisants. Qu’a fait TEPCo ? Organisé un séminaire pour rappeler le droit. Les compagnies contrevenantes ne sont pas punies ?

L’enquête a montré que 47,4% des travailleurs ressentent de la satisfaction à travailler à Fukushima daï-ichi. 14,2% n’ont aucune satisfaction. Que propose TEPCo ? De mettre un poster avec des messages venant de toute la planète pour remontrer le moral des troupes ou de servir des repas chauds.

Environ la moitié des travailleurs ressentent de l’inquiétude. Ils craignent les radiations et le risque d’accident. La réponse ? Encore des posters avec des explications sur les risques d’accident et ceux liés aux radiations ou des balises qui affichent le débit de dose.

Concernant les salaires, il y a une prime de risque liée au travail dans des conditions difficiles qui avait souvent été ponctionnée par les différentes couches de sous-traitance, sans atteindre les travailleurs. TEPCo s’est engagée, en novembre 2013, à informer ses sous-traitants directs afin qu’ils veillent à ce que la prime soit bien versée à la personne exposée aux risques. Des contrôles ont été effectués.

L’enquête montre que 70,8% des travailleurs connaissent cette prime. Encore 14,7% n’ont pas reçu d’information à son propos. Parmi les travailleurs qui connaissent la prime, 59,7% l’ont reçu comme prévu et 33,3% devraient la recevoir dans le futur. TEPCo dit vouloir poursuivre ses efforts pour améliorer le salaire des intervenants. C’est plus important que des posters. Recevoir le salaire auquel on a droit est bien la moindre des choses.

Rappelons qu’ils sont environ 7 000 à trimer quotidiennement à Fukushima daï-ichi. Il apparaît de l’enquête de TEPCo que les violations du droit du travail ne concernent pas que quelques individus mais un pourcentage significatif des travailleurs engagés dans les travaux de sécurisation du site. Et TEPCo n’a essentiellement que des posters comme solutions à proposer. C’est assez incroyable. Pas étonnant qu’il y ait pénurie de travailleurs.

Dans ce film de propagande en anglais d’« atoms in Japan », le lobby du village nucléaire, on apprend que 30 à 40% des travailleurs de la centrale de Fukushima daï-ichi n’ont pas voulu y retourner après l’accident et qu’il y a un manque de main d’œuvre qualifiée. Par ailleurs, environ la moitié des intervenants actuels sont originaires de Fukushima.