Quel est le sort des réfugiés ?

Après le séisme de Kôbé en 1995, le Japon a dû faire face à un grand nombre de personnes sans logement. Il a donc modifié ses procédures d’accueil en mettant gratuitement à la disposition des personnes dans le besoin des logements vides, complétés, si besoin, de logements préfabriqués. En 1995, 139 logements vacants avaient été utilisés pour accueillir des personnes déplacées.

Selon le Maïnichi, au premier mars de cette année, 112 762 réfugiés de la triple catastrophe habitent dans 47 158 logements vacants. Ils utilisent 55% du parc prévu à cet effet sur tout le pays ! 27 333 personnes habitent dans 10 793 logements préfabriqués situés à Fukushima, Miyagi et Iwaté.

Les réfugiés « volontaires » qui ont quitté Fukushima par crainte des radiations, même s’ils n’étaient pas obligés, peuvent aussi profiter de ces logements. Au début de la catastrophe, tout le monde était accepté sans distinction. A partir du 22 avril 2011, le gouvernement a fixé les critères d’évacuation – 20 mSv/an – ce qui a entraîné l’évacuation forcées de plusieurs communes situées au-delà des 20 km et de nombreux points chauds jusqu’en septembre 2011.

Les personnes qui ont reçu un ordre ou un conseil à évacuer bénéficient d’une indemnisation, pas les autres.

Les autorités provinciales de Fukushima n’ont accepté que les déplacés forcés dans les logements préfabriqués. Les autres ont dû se rabattre sur les autres logements, souvent situés en dehors de la province. A partir de décembre 2012, les autorités de Fukushima ont demandé à leurs homologues des autres provinces de ne plus accepter de déplacés « volontaires ».

La question qui préoccupe le plus ces personnes est de savoir combien de temps elles pourront bénéficier de ces logements. Surtout les déplacés « volontaires » qui ne bénéficient pas d’autre soutien.

La loi indique que ces logements peuvent être mis à la disposition des personnes déplacées pendant 2 ans. En cas de catastrophe majeure, cela peut être étendu chaque année, tant que c’est nécessaire. En 1995, après le séisme de Kôbé, cela a duré quatre ans. Il n’était donc pas possible de faire moins. Maintenant que les quatre ans sont écoulés, les déplacés volontaires sont dans l’expectative. Pourront-ils rester au-delà de mars 2016 ?

Cette règle de reconduction année par année est liée aux logements préfabriqués dont il faut s’assurer qu’ils restent salubres et elle s’applique à tous sans discrimination. Si la mise à disposition des logement n’est pas reconduite, les déplacés contraints bénéficieront d’un autre logement, mais pas les déplacés « volontaires ». Cette précarité rend plus difficile la reconstruction d’une nouvelle vie. Par ailleurs, si ces réfugiés « volontaires » veulent changer de logement, ils perdent le bénéfice du loyer. Ainsi, les familles qui se sont agrandies après la naissance d’un ou plusieurs enfants, par exemple, doivent rester dans un logement trop petit.

Qui devra payer le loyer pour les déplacés volontaires ? Pour le moment, c’est le gouvernement qui avance l’argent. TEPCo a déjà fait savoir qu’elle refuserait de rembourser. La province de Fukushima refuse de s’en charger. La décision a aussi une portée symbolique : si le gouvernement paye, TEPCo sera considérée comme exonérée du fait que ces personnes ont dû tout quitter pour se protéger. Qui sera redevable à la fin ?