Cancers de la thyroïde : données en anglais

Les dernières statistiques concernant les cancers de la thyroïde publiées le 12 février dernier (voir notre résumé) sont maintenant partiellement disponibles en anglais sur le site officiel de l’université médicale de Fukushima.

Les données sur les anomalies congénitales que nous avons signalées le 19 février dernier sont encore en cours de traduction en anglais. Elles sont ici en japonais et seront accessibles à partir de la même page que pour la thyroïde.

Les fuites et le comportement de TEPCo choquent

La compagnie fait face à deux problèmes de fuite : une première découverte dimanche 22 février suite au déclenchement d’une alarme et une seconde avouée la veille qu’elle connaissait depuis avril 2014. Ce deuxième drain va directement dans l’océan, sans passer par le port.

Le fait que TEPCo ait laissé s’écouler de l’eau qu’elle savait de plus en plus contaminée vers l’océan choque au Japon. La compagnie déclare qu’elle n’a pas pris de mesure car il n’y a pas de standard pour l’eau de pluie. Rappelons que la contamination de l’eau en question dépasse les limites que la compagnie s’est fixée pour le rejet en mer de l’eau pompée en amont.

Les pêcheurs se sentent trahis. Le fait que la compagnie cache ses données et les problèmes ne fait qu’alimenter les « rumeurs néfastes » et ce sont les pêcheurs qui en souffrent. TEPCo a donc proposé de dérouter le drain qui va dans l’océan pour que l’eau contaminée aille dans le port où la compagnie a installé des barrières. Mais ces barrières ne font que ralentir les fuites, elles ne les arrêtent pas !

La compagnie avait une réunion avec les pêcheurs pour qu’ils acceptent qu’elle rejette dans l’océan l’eau de la nappe phréatique après décontamination partielle. La réunion a été houleuse et les pêcheurs ne sont pas prêts à donner leur accord !

A l’issue d’une audition de TEPCo, le président de l’autorité de sûreté, Shunichi Tanaka, a aussi critiqué la compagnie d’avoir attendu une heure trente après l’alarme avant de boucher le drain. Cela signifie que la compagnie n’avait pas de plan en cas de problème. La fermeture du drain aurait dû être automatique dès que l’alarme se déclenche. Le communiqué de la NRA ne nous apprend rien de neuf. Cette dernière n’était pas informée non plus, jusqu’à récemment, du problème de l’augmentation régulière de la contamination de l’autre drain.

Ce comportement de la compagnie est donc incompréhensible. Elle démontre une fois de plus qu’elle se limite à appliquer les règles sans vision de la sûreté et de la protection de l’environnement. Comment peut-elle prétendre avoir la responsabilité d’exploiter du nucléaire ?

Le porte-parole du gouvernement continue à affirmer que la situation est “sous-contrôle” et que la pollution est arrêtée dans le port…

Origine de la fuite récente : le toit du réacteur n°2 ?

TEPCo a découvert une flaque d’eau fortement contaminée sur le toit du réacteur n°2 : la contamination bêta total monte jusqu’à 52 000 Bq/L, dont 23 000 Bq/L de césium-137, et 6 400 de césium-134. Ce pourrait être la source de la fuite détectée dimanche dernier.
La compagnie l’a découverte en recherchant la cause de l’augmentation régulière de la contamination de l’eau dans un autre drain à chaque pluie.
TEPCo a noté cette augmentation en avril 2014 mais n’a rien dit jusqu’à maintenant. En août 2014, la contamination bêta totale est montée à 1 500 Bq/L, dont 760 Bq/L de césium-137 et 250 Bq/L de césium-124. Depuis tout ce temps, cette contamination est forcément sortie du port. TEPCo a été obligée de l’admettre, ce qui a choqué les pêcheurs. TEPCo reste TEPCo.
La compagnie a commencé à éponger l’eau du toit à l’aide de sacs de sable avec de la zéolite et à filtrer l’eau du drain K où l’eau contaminée coule depuis avril dernier.
TEPCo a publié son premier communiqué en anglais aujourd’hui, qui ne mentionne rien de spécial, si ce n’est que les travailleurs n’ont pas été exposés. Puis, un deuxième communiqué en anglais qui explique la situation avec des informations plus techniques relatives à la source de la pollution, avec photos et données.
Les dernières données officielles sur la contamination de l’eau de mer sont ici en anglais.

La province de Fukushima autorise le transfert de déchets sur le site d’entreposage

Lundi 23 février, les autorités régionales de Fukushima ont décidé d’autoriser le transfert des déchets radioactifs issus des travaux de décontamination sur le site d’implantation du futur centre d’entreposage.
Mardi 24 février, lors d’une concertation avec les communes concernées, le gouverneur a justifié sa décision. Les maires demandent plus d’explications pour les propriétaires des terrains où le centre sera implanté. Ils veulent aussi savoir comment le gouvernement va s’y prendre pour retirer les déchets dans 30 ans, comme il s’y est engagé par la loi. Le maire de Futaba a aussi demandé une meilleure garantie pour les contrôles citoyens sur le site et autour. Il réserve sa décision finale en attendant.
Une réunion est prévue mercredi 25 février avec le ministère de l’environnement à ce sujet.
Le gouvernement espère toujours pouvoir programmer le premier transport le 11 mars 2015, jour anniversaire du déclenchement de la catastrophe.
Le gouvernement a commencé à aménager une surface de 20 000 m2 pour accueillir du sol contaminé qui sera à nouveau transféré sur le site d’entreposage. Mais personne ne sait quand ce dernier sera prêt car le gouvernement peine à acquérir les terrains.

TEPCo n’a pas trouvé l’origine de la fuite de la veille

TEPCo n’a pas trouvé l’origine de la fuite de la veille après avoir contrôlé de nombreuses cuves et tuyaux. En revanche, elle pense que l’eau est allée jusque dans le port devant la centrale mais qu’elle n’est pas sortie du port. Elle n’a pas détecté d’augmentation de la contamination de l’eau de mer dans le port, ce qui est normal à cause de la dilution.
La contamination bêta totale est redescendue à 20 Bq/L en bêta total vers 22h, là où elle était montée en flèche la veille.
Le drain, qui avait été bouché la veille pour éviter les écoulements, a été rouvert aujourd’hui.
Les données de la contamination de l’eau dans le drainage sont dans ce document en japonais, page 2. Il y en a aussi sur la carte de la page 3. Les données sur la contamination de l’eau de mer dans le port sont page 4.

Reconstitution des évènements dans le réacteur n°2

Le site de veille Fukuleaks a tenté de reconstituer les évènements qui se sont déroulés dans le réacteur n°2 durant les premiers jours de la catastrophe nucléaire. Voir le rapport en anglais. Les auteurs pensent que du combustible fondu aurait pu s’échapper de l’enceinte de confinement que et cela expliquerait que TEPCo n’arrive pas à colmater les fuites dans les galeries souterraines malgré leur bétonnage. L’eau se contaminerait aussi en dehors du bâtiment réacteur.

Nouvelle fuite radioactive sur le site de la centrale

C’est une alarme qui a lancé l’alerte vers 10h : de l’eau fortement contaminée s’écoule dans un drainage sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi qui conduit à la mer. Une autre alarme a sonné 10 minutes plus tard avec des niveaux plus élevés. La contamination bêta totale atteignait entre 5 050 et 7 230 Bq/L avant 11h. C’est 50 à 70 fois plus que ce qui peut être détecté quand l’eau de pluie qui a lessivé les sols s’y écoule. Il est fort possible que cette eau ait atteint le port devant la centrale. Rappelons que la compagnie ne s’autorise pas à rejeter dans la mer une eau plus contaminée que 5 Bq/L en bêta total.
TEPCo ne semble pas connaître l’origine de la fuite pour le moment. Elle n’a pas trouvé de fuite au niveau des cuves pour le moment.

 

Outre les 4 records mentionnés le 16 février dernier, il y a eu plusieurs autres records de la contamination des nappes phréatiques durant la semaine écoulée :
– l’eau pompée en amont des réacteurs pour rejet en mer a une contamination en tritium dans puits n°10 de 810 Bq/L (prélèvement du 16 février 2015), puis, dans les puits n°9 et 11, de 120 et 860 Bq/L respectivement (prélèvements du 19 février 2015). Cela reste inférieur à la limite de 1 500 Bq/L que s’est fixée TEPCo.
– dans le puits de contrôle 2-3 situé au pied des réacteurs, il y a 1 800 Bq/L en tritium (prélèvement du 15 février 2015).

Le coût du combustible MOx

Le Japon ne sait pas quoi faire des combustibles usés qui sortent de ses centrales nucléaires. Il en a actuellement 17 000 tonnes dans des piscines de refroidissement. Par le passé, une partie de ces combustibles a été envoyée au Royaume-Uni et en France pour en extraire le plutonium afin de faire du combustible MOx. Les déchets ultimes doivent être renvoyés au Japon, pas les matières dites valorisables, qui ne sont pas valorisées et qui resteront en Europe. C’est le principal bénéfice pour le Japon.

Du combustible MOx a été renvoyé au Japon à partir de 1999 pour 6 centrales nucléaires appartenant à cinq compagnies d’électricité : Tôkyô Electric Power Co. (TEPCo), Chûbu Electric Power Co., Kansaï Electric Power Co., Shikoku Electric Power Co. et Kyûshû Electric Power Co.. Il y a du MOx dans le réacteur n°3 de la centrale de Fukushima daï-ichi.

Selon l’agence de presse jiji, qui se base sur des statistiques du ministère des finances, ce combustible MOx aurait coûté au Japon un total de 99,4 milliards de yens (734 millions d’euros), ce qui est beaucoup plus que le combustible classique. Cela prend en compte le transport, l’assurance… Les 20 assemblages importés de la France en juin 2013 pour la centrale de Takahama à l’arrêt ont coûté 18,5 milliards de yens (137 millions d’euros). C’est 9 fois plus que le combustible conventionnel importé des Etats-Unis par Kansaï Electric en octobre et novembre de la même année.

In fine, ce sont les consommateurs captifs qui payent. Trois compagnies, Kansaï, Shikoku et Kyûshû Electric ont augmenté leurs tarifs pour payer le combustible MOx.

Le Japon veut toujours produire son propre combustible MOx, mais l’usine d’extraction du plutonium de Rokkashô-mura n’a jamais démarré, même si son coût a aussi explosé. Il se peut qu’elle ne démarre jamais…

Vidéo sur la radiographie muons

On l’a déjà signalé, un groupe de recherche tente de radiographier l’intérieur de la cuve et de l’enceinte de confinement des réacteurs accidentés où aucun humain ne peut pénétrer. Pour cela, il utilise les muons, qui sont des particules d’origine cosmique qui sont très pénétrantes. Cette technique a déjà été utilisée pour “regarder” à l’intérieur des volcans.
TEPCo a mis en ligne une vidéo de présentation.

Nouvelle carte de la contamination

La NRA, l’autorité de régulation nucléaire, a mis en ligne une nouvelle carte de la contamination faite par hélicoptère en novembre 2014, c’est à dire au bout de 44 mois. L’hélicoptère volait à 300 m de hauteur mais le résultat est exprimé en débit de dose à 1 m du sol. Le communiqué du 13 février dernier montre l’évolution de la contamination sur une succession de cartes.
Toutes les données sont rassemblées sur ce site internet.