Sept nouveaux cas confirmés de cancer de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima

L’université médicale de Fukushima a publié les derniers résultats de sa campagne de dépistage des cancers de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima. Ils peuvent être téléchargés ici en japonais. La traduction officielle en anglais sera disponible ici. Le site Fukushima Voices devrait aussi traduire en anglais les principaux résultats.

Les résultats précédents sont ici sur notre site. Selon la présente publication, au 31 mars 2017, il y avait 7 cas de cancer de la thyroïde supplémentaires.

270 511 jeunes sur un total de 381 256 ont bénéficié d’une échographie de la thyroïde lors de la deuxième campagne de dépistage, soit 71%. Parmi eux, le nombre d’enfants qui a subi ou qui doit subir des examens complémentaires est toujours de 2 226. Ces examens sont terminés pour 1 748 jeunes. Il y a eu 200 ponctions à l’aiguille fine dans la glande. Ces examens ont révélé 71 cas de cancer potentiel de la thyroïde (32 garçons et 39 filles) âgés de 9 à 23 ans lors de l’examen. C’est 2 de plus que la dernière fois. 65 d’entre eux avaient été classés A lors du premier dépistage, c’est à dire ne nécessitant pas d’examen complémentaire.

Sur ces 71 cas, le cancer a été confirmé après chirurgie pour 49 jeunes. C’est 5 de plus que la dernière fois. Il y a 48 cancers papillaires et un d’un autre type.

La troisième campagne de dépistage se poursuit. Au 31 mars 2017, 120 596 jeunes ont subit un examen par échographie (35,8% des personnes concernées). Parmi eux, 691 ont subi ou doivent subir des examens complémentaires. Il y a eu 11 ponctions à l’aiguille fine dans la glande et il y a 4 cas de cancer suspectés pour le moment (2 garçons et 2 filles âgés de 13 à 18 ans). C’est 4 de plus que la dernière fois.

Sur ces 4 cas, le cancer a été confirmé après chirurgie pour 2 jeunes. C’est 2 de plus que la dernière fois. Il s’agit de 2 cancers papillaires.

Il faut, bien-entendu, ajouter les cas de cancer détectés lors de la première campagne de dépistage, à savoir 116 cas potentiels, dont 101 confirmés (100 cancers papillaires) et un cas qui s’est révélé bénin après chirurgie.

Au total, on a donc 191 cas de cancers suspectés, dont 152 confirmés après chirurgie et un cas bénin. C’est plus que ce qui était attendu, mais les autorités continuent à nier le lien avec la catastrophe nucléaire. Elles évoquent un effet râteau lié au dépistage qui aurait permis de trouver les cancers plus tôt. Cet argument ne tient plus pour les cas détectés lors des deuxièmes et troisièmes campagnes.

Rappelons qu’un fond de soutien aux enfants atteints d’un cancer de la thyroïde, a trouvé le cas d’un enfant soigné pour un cancer de la thyroïde qui avait quatre ans en mars 2011 qui n’apparaît pas dans les statistiques officielles.

Contamination de 5 personnes dans un centre de recherche nucléaire au Japon

Le 6 juin 2017, cinq personnes, qui inspectaient des petits fûts de combustible au centre de recherche et développement O-araï de la Japan Atomic Energy Agency (JAEA) dans la province d’Ibaraki, ont été contaminées. Un sac plastic contenant de la poudre d’oxyde de plutonium et d’uranium pour surgénérateur s’est déchiré et le contenu s’est dispersé. Il n’y aurait pas eu de fuite vers l’extérieur.

Les cinq personnes, qui portaient des vêtements de protection et un masque qui ne couvrait que la moitié du visage, ont été contaminées. Il a d’abord été annoncé que trois d’entre elles ont eu les narines contaminées, avec une contamination maximale de 24 Bq pour le rayonnement alpha (lire le communiqué en japonais de la JAEA). C’était 3 et 13 Bq pour deux autres personnes.

Puis, le lendemain, il a été annoncé la détection de 22 000 Bq de plutonium-239 et 220 Bq d’américium-241 dans les poumons d’un des employés (lire le communiqué en japonais de la JAEA). C’est une forte contamination interne, étant donnée la forte radiotoxicité de cet élément. Pour les deux autres, la contamination de poumons en américium-241 est de 12 et 130 Bq. Leur contamination en plutonium-239 serait respectivement inférieure à 6 000 et 14 000 Bq. Voir le tableau de résultats en japonais.

Il est quasiment impossible de décontaminer ce travailleur. Selon le Maïnichi, la dose engendrée pour la personne la plus contaminée, âgée d’une cinquantaine d’années, devrait être de 1 200 mSv sur un an et 12 000 mSv sur 50 ans. A titre de comparaison, il ne faut pas dépasser 100 mSv sur 5 ans et 50 mSv sur un an pour les travailleurs du nucléaire au Japon. La JAEA espère réduire cette dose grâce à des médicaments (Ca-DTPA) qui devraient réduire la contamination. Leurs selles et urines seront contrôlées.

C’est aussi la Japan Atomic Energy Agency qui a dû arrêter définitivement le surgénérateur Monju pour manquements graves à la sûreté. Le gouverneur de la province de Fukui vient d’ailleurs de donner son accord pour le démantèlement, en échange de la garantie que le combustible et le sodium quitteront la province et du développement d’un centre de recherche et formation nucléaire.

La commune de Namié va être indemnisée pour la perte de biens

La ville de Namié, toujours entièrement évacuée, va être indemnisée pour la perte de biens suite à la catastrophe nucléaire. Il y a un an, la commune avait demandé à TEPCo 12 milliards de yens (environ 100 millions d’euros au cours actuel) en compensation de la perte de 262 hectares de terrains communaux. La compagnie lui a accordé 2,5 milliards de yens (20 millions d’euros). La ville va continuer les négociations pour obtenir le reste de la somme demandée.

C’est la première fois qu’une commune est indemnisée pour la perte de biens. Futaba, qui est aussi toujours entièrement évacuée, a fait une requête similaire. D’autres communes pourraient suivre.

Redémarrage du réacteur n°3 de Takahama

Comme prévu, Kansaï Electric a redémarré le réacteur n°3 de sa centrale de Takahama située dans la province de Fukui, sur la côte de la Mer du Japon. Cela fait suite au redémarrage du réacteur n°4 le mois dernier. La remise en service de ces deux réacteurs avait été gelé par la justice.

Les barres de contrôle ont été retirées à partir de 14h et la réaction en chaîne devrait débuter à partir de 2h30 le lendemain. La production d’électricité devrait débuter le 8 juin.

Ce redémarrage est important pour KEPCo car le nucléaire représentait environ la moitié de ses capacités de production avant 2011.

Ces deux réacteurs utilisent du combustible MOx fourni par Areva avec du plutonium issu du retraitement des combustibles usés. Le réacteur n°3 a 24 assemblages MOx sur 157 et le n°4, 4.

Selon Greenpeace, un chargement de MOx, avec au moins 16 assemblages, devrait quitter le port de Cherbourg pour Takahama le 7 juillet prochain. L’organisation estime à 496-736 kg la quantité du plutonium du chargement.

Il y a donc actuellement 5 réacteurs en fonctionnement au Japon. Les trois autres sont les réacteurs n°1 et 2 de Sendaï dans la province de Kagoshima et le n°3 de la centrale d’Ikata dans la province d’Ehimé. Sur les 54 réacteurs en service avant la catastrophe de Fukushima, 12 ont été arrêtés définitivement ou détruits. Il en reste donc officiellement 42.

Le maire de Kashiwazaki veut l’arrêt définitif d’au moins un réacteur nucléaire de sa commune

La centrale de Kashiwazaki-Kariwa, située dans la province de Niigata, était, avec ses 7 réacteurs, la plus puissante du monde. Tous sont arrêtés, certains depuis le fort séisme de 2007, les autres depuis celui de mars 2011. TEPCo, l’exploitant, espère un redémarrage progressif d’au moins quatre des sept réacteurs entre 2019 et 2021 pour rétablir sa situation financière. Une demande d’autorisation de redémarrage des réacteurs n°6 et 7 a été déposée en septembre 2013.

Mais la compagnie avait sous-estimé le risque de liquéfaction des sols en cas de séisme et la résistance aux séismes d’un bâtiment clé pour la sûreté. Ce dernier problème était connu depuis trois ans, sans que l’Autorité de Régulation Nucléaire n’en soit informée. Le réacteur n°1 est situé sur une faille qui pourrait être considérée comme active, ce qui entraînerait son arrêt définitif.

Selon le Maïnichi, le maire de Kashiwazaki veut demander l’arrêt définitif d’au moins un des réacteurs avant de donner son accord au redémarrage de deux autres. Lors d’une conférence de presse, il a exclu le redémarrage des 7 réacteurs à cause de l’inquiétude des riverains. Outre les problèmes déjà mentionnés, il y a aussi les missiles lancés par la Corée du Nord. Il est important, selon lui, de réduire la puissance de cette centrale. Il laisse le choix de l’unité à TEPCo et espère que les travaux de démantèlement vont aider à revitaliser l’économie locale.

Rappelons que le gouverneur de la province est actuellement opposé au redémarrage et demande plus de garanties en termes de sûreté. Des scientifiques viennent de saisir l’Autorité de Régulation Nucléaire pour lui demander de réévaluer les failles qui passent sous la centrale car certaines pourraient être actives. Une faille est considérée comme active si elle a bougé il y a moins de 120 000 à 130 000 selon les critères de sûreté. Or, des cendres volcaniques semblent indiquer que c’est bien le cas, malgré les dénégations de TEPCo.

En attendant, la compagnie vient de lancer une campagne de porte à porte auprès d’environ 41 000 foyers pour s’excuser de ne pas avoir diffusé l’information relative à la sous-estimation de la résistance aux séismes de son centre de crise.