La NRA a reproché à deux exploitants nucléaire d’avoir déposé des dossiers de demande de redémarrage avant d’être prêts. Il s’agit de Japan Atomic Power Company et son réacteur n°2 de Tôkaï (Ibaraki) et de Tôhoku Electric et sa centrale de Higashidôri (Aomori).
A Tôkaï, ce sont notamment les câbles électriques avec un isolant inflammable qui inquiètent. L’exploitant veut juste les recouvrir alors que la NRA dit qu’ils doivent être remplacés. Comme il y en a des centaines de kilomètres et que le réacteur est ancien, cela ne vaut pas le coût.
Quant à Higashidôri, c’est la résistance aux séismes qui doit être revue.
Archives mensuelles : juin 2014
TEPCo n’arrive pas à geler une galerie souterraine
On le sait, TEPCO veut geler le sol tout autour des réacteurs pour éviter les échanges d’eau contaminée. Mais du côté de l’océan, il y a de nombreuses galeries souterraines qui vont jusqu’au rivage. Elles sont pleines d’eau contaminée. TEPCo a mené des tests dans une de ces galeries du réacteur n°2 pour stopper l’écoulement vers la mer. Le refroidissement a débuté en avril et l’eau n’est toujours pas gelée. TEPCo ne sait pas pourquoi. Elle va essayer de faire passer plus de tuyaux avec du liquide réfrigérant. Elle ne pourra donc pas bloquer ce passage d’ici la fin du mois.
TEPCo mène des tests similaires dans une galerie du réacteur n°3.
Témoignages et évacuations
Le quotidien Asahi continue sa lecture des témoignages recueillis par la commission d’enquête gouvernementale et jamais publiés. C’est le témoignage de Tetsuro Fukuyama, haut fonctionnaire du gouvernement, qui a supervisé les évacuations d’urgence autour de la centrale de Fukushima daï-ichi.
Les ordres d’évacuation ont été successifs à cause d’une information limitée. Cela a d’abord été 3 km ordonné à 21h23 le 11 mars, puis 10 km le 12 mars à 5h44. Il y a ensuite eu une explosion hydrogène et l’ordre d’évacuer a été étendu à 20 km à 18h25 ce même jour. L’ordre de rester confiné entre 20 et 30 km a été donné le 15 mars à 11h.
Comme on le sait déjà, une partie de la population a dû évacuer plusieurs fois de suite, en allant toujours de plus en plus loin.
T. Fukuyama justifie cette évacuation successive par la volonté de vouloir limiter les embouteillages qui auraient pu retarder l’évacuation des habitants les plus proches de la centrale accidentée. Mais il y a eu des embouteillages et un manque d’abris pour accueillir les évacués.
Quant aux habitants mis à l’abri entre 20 et 30 km, ils n’ont pas évacués car cela aurait pris trop de temps. Cette mise à l’abri a été transformée en évacuation volontaire le 25 mars, après 10 jours enfermés. C’était simplement invivable. T. Fukuyama reconnaît qu’il s’agit d’une faute et est désolé.
Impact du régime alimentaire
Des chercheurs japonais ont étudié la contamination du régime alimentaire d’habitants de Fukushima qui se nourrissent de leur propre production qui échappe aux contrôles officiels. Certains avaient une forte contamination interne qui a diminué suite au changement de régime alimentaire.
Les chercheurs ont suivi 9 habitants de Minami-Sôma qui avaient plus de 50 Bq/kg en césium 137 dans le corps. La contamination totale variait entre 3 230 et 15 918 Bq et induit une dose comprise entre 0,07 et 0,53 mSv par an. Cela vient s’ajouter à l’exposition externe.
Ces habitants, âgés de 60 à 74 ans consomment tous des produits de leur jardin non contrôlés. Ils mangent aussi des champignons sauvages ou cultivés. Le plus contaminé a même mangé du sanglier sauvage et des poissons de rivière.
Suite à un changement de régime alimentaire, qui consiste surtout à éviter les produits connus pour être les plus contaminés, la contamination en césium a été divisée par deux en trois mois. Au bout de 6 mois, elle était à moins d’un tiers de la contamination originale.
Les chercheurs appellent à une meilleure information des personnes ainsi exposées.
Etude en libre accès dans Plos one.
Fin des réunions publiques sur le centre de stockage
Le gouvernement a terminé sa série de 16 consultations avec les habitants concernés par l’installation de centre d’entreposage de déchets radioactifs issus de la décontamination. Deux communes sont concernées par ce projet, Ôkuma et Futaba, classées en zone de « retour difficile » et 2 605 personnes en tout auraient participé aux réunions.
Les habitants ne sont pas satisfaits car les autorités n’ont pas répondu à leurs questions. A quel prix seront payés les terrains ? Quelle garantie que les déchets seront bien repris au bout de 30 ans, comme promis ? A la première question, la réponse est « au cas par cas », ce qui n’aide pas beaucoup les habitants. Quant à la deuxième, ce sera dans la loi. On comprend que personne ne soit satisfait. Certains habitants préfèreraient louer leur terrain plutôt que le vendre, pour être sûrs que les déchets repartiront. Comment imaginer que les autorités pourront trouver un autre site d’ici une trentaine d’année alors qu’il n’a jamais été capable de trouver un site pour les déchets nucléaires qui sortent des centrales.
Le gouvernement veut toujours commencer à y transférer les déchets à partir de janvier 2015. Il prévoit aussi des compensations financières pour les communes, mais le montant n’est pas connu et devrait mener d’autres réunions de concertation.
Le ministre de l’environnement a déclaré que l’argent permettra d’arriver à bout des résistances. Le gouverneur de Fukushima a protesté et le ministre a dû s’excuser.
Retrait des combustibles de la piscine n°4
TEPCO a retiré 1 078 assemblages de la piscine du réacteur n°4.
Contamination des poissons
TEPCO a contrôlé quelques poissons pêchés à quelques kilomètres des côtes. La contamination en césium total varie entre 246 et 500 Bq/kg. C’est plus que la limite de mise sur le marché, qui est de 100 Bq/kg. Il y a aussi une contamination au strontium qui varie de 0,11 à 1,2 Bq/kg. Les plus contaminés en césium ne sont pas les plus contaminés en strontium.
Records du jour
Records du jour de la contamination de l’eau souterraine :
– dans l’eau pompée entre les réacteurs n°2 et 3, il y a maintenant 6 300 Bq/L en tritium. Et dans le puits de contrôle 2-8, il y a maintenant 4 400 Bq/L en bêta total (prélèvements des 11 et 15 juin 2014).
– dans l’eau pompée en amont pour être rejetée en mer, la contamination tritium dans le puits n°11 est désormais de 530 Bq/L (prélèvement du 12 juin 2014).
– dans le puits de contrôle G3, situé près de la cuve qui a débordé en février 2014, il y a maintenant 43 Bq/L en bêta total (prélèvement du 14 juin 2014).
A titre de comparaison, TEPCo s’est engagée à ce que l’eau prélevée en amont pour être rejetée dans l’océan ait moins de 1 500 Bq/L en tritium et moins de 5 Bq/L en bêta total.
Prévention du suicide à Fukushima
Selon le Fukushima Minpo, traduit par le Japan Times, Fukushima Inochi no Denwa, la permanence téléphonique de prévention du suicide de Fukushima a reçu un record de 18 194 appels en 2013. En 2011, il y en a eu 13 677, ce qui est moins qu’un an auparavant avec 16 649. En 2012, c’était 17 881.
Les consultations liées à la triple catastrophe de mars 2011 se distinguent toujours. En 2011, 1 618 appels étaient directement reliés à ces catastrophes. C’est descendu à 816 en 2012, mais le temps passé au téléphone était plus long.
Les appels les plus récents concernaient des querelles familiales à propos du dilemme auquel doivent faire face les familles, rester ou partir ou la distance prise par le père obligé de s’éloigner pour trouver du travail.
Il y a un sentiment d’isolement, d’abandon et de pessimisme général. Lors d’un récent coup de fil, une personne se plaignait de n’avoir rien pu faire durant le tsunami. Une autre, qui a participé aux secours, s’est plaint de n’avoir pu sauver personne.