Mur de glace et contamination des nappes

La NRA a donné son accord à la mise en place d’un mur de glace souterrain tout autour des 4 réacteurs accidentés. Il s’agit de faire circuler du liquide réfrigérant dans le sol pour le geler et empêcher les échanges d’eau avec l’extérieur. Il va faire 1,5 km de long sur une profondeur de 30 m environ.
la NRA avait demandé des études complémentaires. TEPCo a donc calculé que le sol autour des réacteurs pourrait s’enfoncer de 16 mm, ce qui ne devrait pas poser de problème.
Les travaux devraient commencer en juin, en amont.

Records du jour de la contamination de l’eau souterraine :
–    l’eau pompée entre les réacteurs 1 et 2 a maintenant 1 100 Bq/L (prélèvement du 25 mai 2014).
–    la contamination en tritium de l’eau souterraine dans le puits de contrôle G3, situé près de la cuve qui avait débordé en février 2014, continue d’augmenter : elle est de 2 400 Bq/L (prélèvement du 22 mai) et 2 600 Bq/L (prélèvement du 24 mai). C’est plus que la limite fixée par TEPCo pour les rejets en mer (1 500 Bq/L).

Politique énergétique et consultation du public

Après avoir rédigé sa politique énergétique, le gouvernement a organisé une consultation publique entre janvier et février 2014. Il aurait reçu environ 19 000 commentaires. Aucune statistique n’a été publiée à propos des réponses. Le ministre de l’industrie avait expliqué devant le parlement qu’il s’était plutôt attaché à lire les contenus plutôt qu’à compter le nombre d’opinions favorables ou défavorables.
L’Asahi a fait appel à la loi sur l’accès aux documents publics et a reçu les copies de 2 109 emails sans le nom et les coordonnées des expéditeurs. Il ressort que 2 008 emails, soit 95,2%, s’opposaient à l’énergie nucléaire. Seulement 33 étaient en sa faveur. Les autres exprimaient une autre opinion.
Résultat de la consultation, le gouvernement a affirmé le rôle de l’énergie nucléaire comme énergie de base…
Le gouvernement décidera en septembre s’il rend publics les autres commentaires.

Suite du feuilleton Yoshida

Suite du feuilleton de l’Asahi basé sur le témoignage de l’ancien directeur de la centrale de Fukushima daï-ichi, Masao Yoshida. Ce témoignage de 400 pages résulte d’interviews menées par la commission d’enquête gouvernementale et est resté secret. Les autres épisodes sont ici.
M. Yoshida reconnaît une erreur de jugement à propos du réacteur n°1 qui a pu conduire à une accélération de la fusion du cœur du réacteur n°1.
Le combustible irradié d’un réacteur nucléaire dégage beaucoup de chaleur qu’il faut refroidir. Suite aux séisme et tsunami, il n’y avait plus de courant électrique pour refroidir le cœur. Il existe, sur ce type de réacteur, un condenseur qui recueille la vapeur d’eau, la refroidit et la réinjecte dans le cœur pour assurer un refroidissement. Il s’agit de l’ultime système de secours qui fonctionne sans électricité. Le refroidissement se fait en passant dans une cuve pleine d’eau qui s’évapore. Et quand cette cuve est vide, il n’y a plus de refroidissement de la vapeur, ni du cœur du réacteur.
Dès le 11 mars au soir, un employé s’est inquiété de l’eau dans la cuve du condenseur et a alerté M. Yoshida en suggérant de la remplir à l’aide d’une pompe fonctionnant à l’essence. Mais il ne connaissait pas le fonctionnement de ce système qui n’avait jamais été utilisé à la centrale. Il l’a reconnu devant la commission d’enquête, tout en exprimant ses regrets. Il n’a donc pas compris la demande de la salle de contrôle et a ordonné aux ouvriers d’injecter de l’eau dans la cuve du réacteur, et non dans la cuve du condenseur, négligeant le refroidissement.
Il n’y a eu aucune information ou suggestion à ce propos venant du siège de TEPCo.
Ce n’est que vers 23 h, quand le débit de dose avait déjà fortement augmenté, qu’il a réalisé que le condenseur ne fonctionnait pas. Les estimations faites a posteriori montrent que le cœur avait déjà fondu à ce moment là.

Traitement de l’eau et contamination des nappes

TEPCO a relancé la ligne B de sa station de traitement ALPS, celle qui avait été arrêtée en mars car un des filtres ne filtrait plus. Les lignes A et C arrêtées la semaine précédente, restent à l’arrêt.

Records du jour de la contamination de l’eau souterraine :
–    dans le puits de contrôle 1-14, il y a maintenant 4 200 Bq/l en bêta total (prélèvement du 22 mai 2014).
–    dans l’eau du puits G3 situé près de la cuve qui a débordé en février 2014, il y a maintenant 2 200 Bq/L en tritium (prélèvement du 21 mai 2014).

Contamination des poissons à Fukushima

TEPCO a mis en ligne des résultats de mesure sur des poissons pêchés à moins de 20 km de la centrale. Le poisson le plus contaminé est à 129 Bq/kg pour le césium total alors que la limite de mise sur le marché est de 100 Bq/kg. La situation des poissons au large s’améliore.
En revanche, dans le port devant la centrale, où les poissons sont piégés par un filet, les contaminations restent très élevées. Un poisson atteint 193 000 Bq/kg ! Presque tous les autres dépassent la limite de mise sur le marché.

Suites du jugement du tribunal de Fukui

La décision de justice concernant le redémarrage d’Ôï fait des vagues. Elle stipule implicitement qu’il n’est pas possible de garantir la sûreté nucléaire. Il y aura toujours des évènements imprévus, comme des séismes d’une magnitude plus forte qu’estimée. Et par conséquence, au nom du droit à la vie, garanti par la constitution, il ne faut pas exploiter du nucléaire.
Kansaï Electric (KEPCo), l’exploitant, a estimé que le plus fort séisme entraînerait une secousse de 700 gals et que sa centrale peut supporter une secousse de 1 260 gals. Le tribunal conteste cette affirmation, considérant qu’en 2008, la plus forte secousse enregistrée lors d’un séisme à Iwaté et Miyagi, dans le Nord-Est du Pays, avait une accélération de 4 022 gals. De plus, depuis 2005, 4 centrales nucléaires ont été plus secouées qu’initialement envisagé. Le centre des activités sismiques est souvent très profond et les connaissances sont donc limitées. Les calculs reposent sur des hypothèses trop simplificatrices.
Cette décision remet donc en cause le nouveau référentiel de sûreté japonais en suggérant qu’il n’est pas possible de faire des prédictions scientifiques suffisamment sûres et pourrait faire jurisprudence. Il y a d’autres procès en cours. Elle remet aussi en cause la possibilité d’exploiter du nucléaire au Japon, pays où les séismes sont fréquents.
KEPCo a fait appel de cette décision qui s’oppose au redémarrage des réacteurs 3 et 4 de sa centrale d’Ôï. Tant que la procédure suit son cours, le jugement n’est pas suspensif. Si l’exploitant devait obtenir un accord de la NRA et des élus locaux, il pourrait redémarrer ses réacteurs. Il en est loin pour le moment. Dans le passé, deux jugements avaient donné raison aux plaignants et la cour d’appel avait permis l’exploitation des réacteurs.
Quant au gouvernement, il a clairement exprimé son intention de ne rien changer à sa politique énergétique et de pousser au redémarrage des réacteurs qui seront autorisés par la NRA. Il ne compte pas changer, non plus, les règles de sûreté qu’il proclame comme étant les plus strictes au monde, ce qui reste à prouver. Il serait intéressant que le procès en appel s’intéresse à ce sujet.
Les journaux opposés au nucléaire saluent ce jugement et ceux en faveur d’un redémarrage rapide parlent d’irrationalité. Il en est de même pour les élus locaux.

Suites du témoignage de M. Yoshida

L’Asahi continue d’éplucher le témoignage secret de Masao Yoshida, l’ancien directeur de la centrale de Fukushima daï-ichi à propos des premiers jours de la catastrophe. Le quotidien lui a même dédié une page spéciale.
Par manque d’eau, le refroidissement du réacteur n°3 s’est arrêté le 14 mars 2011. La pression a commencé à monter et l’intégrité de l’enceinte de confinement est menacée. Dans les premières heures de la journée, TEPCo a essayé de relâcher de la vapeur d’eau, radioactive, mais a échoué. A 6h23, elle considère donc un éventage à sec, qui consiste à rejeter des gaz beaucoup plus contaminés que la vapeur d’eau, de 100 à 1 000 fois plus.
Vers 7h, la compagnie a fait une simulation et a estimé que les gaz iraient vers le Nord-Ouest, c’est à dire vers la terre, et non l’océan. La dose à la thyroïde à Minami-Sôma est estimée à 250 millisieverts alors que la limite pour la prise de pastilles d’iode était alors de 100 mSv (50 en France et au Japon actuellement).
A 7h49, le gouvernement aurait demandé à TEPCo de ne pas communiquer à ce sujet. Le manuel d’urgence de la compagnie lui impose pourtant de partager ce type d’information avec le gouvernement et les autorités locales afin de protéger au mieux les populations.
L’éventage à sec n’aura pas lieu. TEPCo a continué de tenter à relâcher de la vapeur d’eau à la place, en vain. C’est l’explosion hydrogène du réacteur n°3 à 11h01 qui réduira la pression dans l’enceinte de confinement.
M Yoshida a expliqué que sa priorité était de gérer la catastrophe, pas de communiquer. Quant à TEPCo, elle confirme ne pas avoir communiqué car rien n’était décidé et que, finalement, cela n’a pas été nécessaire…
Si un accident devait à nouveau se produire au Japon, les règles de communication ne sont toujours pas claires.
Le témoignage de Masao Yoshida, le directeur de la centrale de Fukushima daï-ichi maintenant décédé, va rester secret. Ainsi en a décidé le gouvernement qui dit respecter les vœux du directeur. Si la famille acceptait la publication, le gouvernement serait prêt à revoir sa position. Le président de l’autorité de sûreté ne l’aurait pas lu. A quoi sert-il alors ?
Le précédent gouvernement avait réagi positivement en mettant en place cette commission d’enquête. Qu’y a-t-il à craindre à tout rendre public ? L’Asahi prétend que dans son témoignage, M. Yoshida, accepte sa publication dans le futur.

TEPCo va vendre de l’électricité dans l’Ouest du pays

TEPCo va, pour la première fois, vendre de l’électricité en dehors de sa zone à partir d’octobre 2014. Elle va commencer par les agglomérations de Nagoya et Ôsaka. Pour le moment, seul le marché des gros consommateurs est libéralisé. Il le sera complètement à partir de 2016.
La compagnie reconnaît que ses tarifs ne seront pas moins élevés que celui de ses concurrents et elle espère convaincre les consommateurs en offrant d’autres services en même temps.
Voir le communiqué de TEPCo.

Records du jour de la contamination de l’eau

Records du jour de la contamination de l’eau souterraine :
–    dans l’eau souterraine pompée entre les réacteurs 2 et 3, il y a maintenant 5 700 Bq/L en tritium et dans le puits d’observation 3-2, il y a maintenant 2 700 Bq/L en bêta total (prélèvements des 18 et 21 mai 2014).
Ces records quotidiens montrent que la situation n’est pas sous contrôle et que la pollution des nappes s’aggrave.
Les contaminations relevées dépassent les normes de potabilité et traduisent une forte pollution. Mais l’impact sanitaire reste limité car personne ne boit cette eau. Il est fort possible que les fuites en mer s’aggravent aussi.