Suite du feuilleton Yoshida

Suite du feuilleton de l’Asahi basé sur le témoignage de l’ancien directeur de la centrale de Fukushima daï-ichi, Masao Yoshida. Ce témoignage de 400 pages résulte d’interviews menées par la commission d’enquête gouvernementale et est resté secret. Les autres épisodes sont ici.
M. Yoshida reconnaît une erreur de jugement à propos du réacteur n°1 qui a pu conduire à une accélération de la fusion du cœur du réacteur n°1.
Le combustible irradié d’un réacteur nucléaire dégage beaucoup de chaleur qu’il faut refroidir. Suite aux séisme et tsunami, il n’y avait plus de courant électrique pour refroidir le cœur. Il existe, sur ce type de réacteur, un condenseur qui recueille la vapeur d’eau, la refroidit et la réinjecte dans le cœur pour assurer un refroidissement. Il s’agit de l’ultime système de secours qui fonctionne sans électricité. Le refroidissement se fait en passant dans une cuve pleine d’eau qui s’évapore. Et quand cette cuve est vide, il n’y a plus de refroidissement de la vapeur, ni du cœur du réacteur.
Dès le 11 mars au soir, un employé s’est inquiété de l’eau dans la cuve du condenseur et a alerté M. Yoshida en suggérant de la remplir à l’aide d’une pompe fonctionnant à l’essence. Mais il ne connaissait pas le fonctionnement de ce système qui n’avait jamais été utilisé à la centrale. Il l’a reconnu devant la commission d’enquête, tout en exprimant ses regrets. Il n’a donc pas compris la demande de la salle de contrôle et a ordonné aux ouvriers d’injecter de l’eau dans la cuve du réacteur, et non dans la cuve du condenseur, négligeant le refroidissement.
Il n’y a eu aucune information ou suggestion à ce propos venant du siège de TEPCo.
Ce n’est que vers 23 h, quand le débit de dose avait déjà fortement augmenté, qu’il a réalisé que le condenseur ne fonctionnait pas. Les estimations faites a posteriori montrent que le cœur avait déjà fondu à ce moment là.