Les sous-sols du bâtiment turbine n°1 pourraient fuir

Un groupe de travail de la NRA sur les fuites n’exclut pas que de l’eau contaminée contenue dans les sous-sols du bâtiment turbine du réacteur n°1 contamine les nappes phréatiques. TEPCo s’en tient toujours à une galerie pleine d’eau contaminée située entre les réacteurs 2 et 3 qui avait fui en avril 2011 comme étant la source des problèmes. Mais l’eau d’un puits situé près du réacteur n°1 a vu sa contamination en tritium monter récemment pour atteindre 5 600 Bq/L (prélèvement du 19 janvier, puits 0-2).

La présentation de TEPCo, en japonais, lors de la réunion du groupe de travail sur la contamination de l’eau souterraine est en ligne. On voit sur les graphes, en échelle logarithmique, que la contamination augmente dans de nombreux puits. Cela commence à poser un problème pour les ouvriers qui travaillent entre les réacteurs et la mer.

La province d’Iwaté demande à être mieux indemnisée

Les autorités régionales d’Iwaté et de nombreuses communes de cette province ont réclamé environ 54 millions d’euros de dédommagement à TEPCo. Mais la compagnie a refusé certaines demandes. Elles ont donc saisi la commission d’arbitrage pour une somme de l’ordre de 10 millions d’euros environ. C’est la première fois qu’une province fait une telle demande.

Campagne électorale à Tôkyô

La campagne officielle pour le poste de maire/gouverneur de Tôkyô a officiellement commencé. Il y a 16 candidats, dont M. Hosokawa qui axe sa campagne sur l’arrêt du nucléaire. Etant donné que l’accident a eu lieu sur une centrale qui alimentait Tôkyô (Fukushima est alimentée par une autre compagnie, celle du Tôhoku) et que la ville région est un gros actionnaire de TEPCo (1,2% des parts), il est bienvenu que ce thème fasse partie de la campagne électorale. En revanche, ce n’est pas le seul critère de décision pour les électeurs et il sera difficile d’interpréter les résultats.
Il y a presque 11 millions de votants potentiels.

Point sur la contamination de la mer

La NRA a mis en ligne des résultats de mesure de la contamination des sédiments marins au large de la centrale de Fukushima et au-delà. On trouve du strontium 90, particulièrement radiotoxique, à de grandes distances, mais à un niveau moindre que le césium. Les prélèvements ont eu lieu en mai 2013. La contamination en césium seulement aux mêmes points, mais sur des prélèvements en novembre 2013, sont aussi disponibles. Au Nord, la tendance à la baisse est notable. C’est pas le cas au Sud où il y a des points où cela augmente.
Il y a aussi des données sur la contamination de l’eau de mer, avec quelques mesures de strontium dans des prélèvements de mai 2013, ainsi que dans des prélèvements d’août 2013.
En ce qui concerne la contamination de l’eau de mer à proximité de la centrale, la NRA a commencé à afficher les résultats en potassium 40 (K-40)  naturel à côté de ceux pour le césium. Les prélèvements datent de décembre 2013.

TEPCo a mis en ligne ses derniers résultats de mesure sur les poissons pêchés dans le port devant la centrale : ils sont tous contaminés, souvent à de fortes teneurs. Cela monte à 244 000 Bq/kg pour les deux césium. Il y a aussi des résultats sur des poissons pêchés dans un rayon de 20 km devant la centrale : de nombreux spécimens dépassent encore la limite de 100 Bq/kg. La plus forte valeur est de 400 Bq/kg.

Selon une étude, le fleuve Abukuma, qui se jette dans l’océan à Miyagi après avoir traversé Fukushima, a rejeté environ 10 TBq (10 000 milliards de becquerels) de césium lors de la première année de la catastrophe. Et 60% de ce rejet aurait eu lieu suite au passage du typhon n°15 en septembre 2011 (6,2 TBq).

Par ailleurs, il y a un nouveau record de la contamination de l’eau du puits 1-16 : 3,1 millions de becquerels par litre en bêta total (prélèvement du 20 janvier). Le précédent record était de 2,7 MBq/L dans le prélèvement du 16 janvier.

Maigres informations sur l’écoulement découvert dans le réacteur n°3

Un robot avait découvert un écoulement dans le réacteur n°3. TEPCo a mis en ligne quelques maigres informations en anglais sur cette fuite. On ne sait toujours pas grand chose : d’où elle vient et depuis quand elle existe ? Est-elle en partie responsable de la perte de refroidissement ?
La version japonaise est à peine plus fournie, mais sans évocation des questions cruciales.

Indemnisations : TEPCo discrimine ses employés

On se souvient de l’histoire de ses employés de TEPCo qui ont dû évacuer leur logement suite à la catastrophe nucléaire et à qui la compagnie a demandé de rembourser les indemnités reçues. Le Maïnichi, qui continue à enquêter sur le sujet, a découvert que, dès octobre 2011, TEPCo a demandé à ses employés de ne pas demander de compensations. Officiellement, il s’agissait, à l’époque, de laisser la priorité aux autres victimes alors que les demandes affluaient. Mais cela durer pendant plusieurs mois, TEPCo décourageant ses employés ou refusant leur demande.

Le document déniché par le quotidien, daté du 27 octobre 2011, explique que la section en charge des indemnisations est débordée, mais qu’elle va bien indemniser ses employés qui ont souffert comme les autres. Elle leur demande juste d’attendre avant d’envoyer leur dossier. Et d’ajouter que la situation devrait s’améliorer à la fin novembre ou au début décembre 2011. Mais entre 10 et 20 employés de la centrale, qui ont déposé leur demande au début 2012, conformément à la requête de leur employeur, se sont vus refuser toute indemnisation alors qu’ils y ont droit, comme toute personne qui habitait un territoire évacué. Tous les employés qui ont quitté la province de Fukushima ou qui ont été mutés ailleurs ont essuyé un refus.

Chaque personne évacuée à droit à 100 000 yens par mois (714 euros) à cause du stress engendré, en plus de la compensation de la perte éventuelle de l’emploi, du loyer etc. Les employés de TEPCo et leur famille souffrent autant que les autres. Le quotidien cite le cas d’une famille avec deux enfants qui étaient locataires pendant une dizaine d’année à proximité de Fukushima daï-ichi. La femme et les enfants ont  quitté Fukushima de peur d’être stigmatisés comme famille d’employés de TEPCo. Ils ont perdu toute vie sociale sur le nouveau lieu de vie. La femme ne va pas aux réunions de réfugiés de sa nouvelle commune pour les mêmes raisons. Quand le mari, qui ne voit sa famille qu’une fois par semaine, a, début 2012, demandé des indemnisations, elles lui été refusées, sous prétexte qu’il n’a plus le statut de réfugié. Mais pour lui, c’est un devoir de rester à la centrale de Fukushima daï-ichi, malgré la vexation.

Après, le PDG de TEPCo déclare dans la presse qu’il veut retenir ses employés qui quittent la compagnie… Et c’est sans vergogne que la compagnie, annonce sur son site qu’elle va indemniser toutes les personnes éligibles, “jusqu’à la dernière personne”. Il y a des personnes moins éligibles que d’autres…

Dosimètres personnels de moins en moins utilisés

Les autorités ont distribué des dosimètres individuels à Fukushima, d’abord aux enfants et femmes enceintes, puis à toute la population. Ce sont les mairies qui en ont la charge. La télévision publique, la NHK, a contacté 26 mairies et il apparaît qu’il y a une forte baisse de l’utilisation de ces appareils, de 40% par rapport à 2011. Et c’est dans la ville de Fukushima que la baisse est la plus forte.
Environ 85 000 personnes continuent à les utiliser.

Pré-sélection de site de stockage de déchets à Miyagi

Le ministère de l’environnement a sélectionné 3 sites potentiels dans la province de Miyagi (Kurihara, Kami et Taïwa) pour y mettre les déchets radioactifs ayant plus de 8 000 Bq/kg en césium, comme les cendres d’incinérateur, les boues de station d’épuration… Ces sites sont éloignés des habitations et des cours d’eau. Des études géologiques doivent encore y être menées avant d’un sélectionner un. Quatre autres sites seront ouverts dans d’autres provinces sans que l’on sache où.

Un responsable du ministère de l’environnement est allé rencontrer les maires des 3 communes où le gouvernement veut faire des études géologiques en vue de l’implantation d’un site de stockage de déchets radioactifs issus de la catastrophe. Les maires ne semblent pas ravis d’avoir été choisis et ils ne comprennent pas le processus de sélection. L’un a un site touristique, l’autre dit que de l’eau située à proximité alimente un réservoir.