Eau contaminée : elle pourra rester dans les cuves un peu plus longtemps

TEPCo a accumulé plus d’un million de mètres cube d’eau contaminée stockée dans des citernes et elle ne sait pas quoi en faire. Et le stock augmente de jour en jour. La majeure partie a été décontaminée partiellement. Comme ce n’est pas une solution durable, TEPCo et les autorités veulent rejeter cette eau dans l’océan. Face à l’opposition des pêcheurs, elles ont cherché, en vain, des solutions alternatives. En janvier 2018, l’Autorité de Régulation Nucléaire a demandé qu’une décision soit prise dans l’année. Ne restait plus qu’à convaincre les populations d’accepter les rejets…

Des réunions publiques ont donc été organisées et, en septembre 2018, il est apparu que 80% du stock d’eau dépassaient les autorisations de rejet. Ce que TEPCo avait omis de préciser… La compagnie a donc proposé de traiter une deuxième fois cette eau avant rejet, mais c’était trop tard, le mal était fait. Plus question de rabaisser les craintes à des “rumeurs néfastes”.

Face à la situation de blocage, le gouvernement va proposer au comité de suivi, selon le Maïnichi, d’ajouter l’option de laisser l’eau dans les cuves. L’approche des JO de 2020 incite aussi à la retenue. Mais cela ne fait que reporter la décision sans rien résoudre, car la capacité maximale des réservoirs devrait être atteinte au cours des trois ou quatre prochaines années.

TEPCo va commencer à démanteler la cheminée de rejet des réacteurs 1 et 2

D’une hauteur de 120 m, la cheminée de rejet des réacteurs 1 et 2 est source d’inquiétude car elle a été fragilisée par le séisme et l’explosion hydrogène du réacteur n°1. Comme elle a servi à une partie des rejets radioactifs lors de l’accident elle est fortement contaminée. En décembre 2013, un point chaud extrême était découvert à proximité. Le débit de dose à 10 m du sol était de 3,6 mSv/h. Evidemment, cette contamination diminue avec le temps, mais elle demeure élevée. En octobre 2015, il y avait encore 2 000 mSv/h au pied. Les images mises en ligne à l’époque montraient une dégradation de la structure qui rouille. Il y a aussi eu des images de l’intérieur mises en ligne en octobre 2016, qui ne montraient rien…

Un effondrement suite à un séisme pourrait entraver les travaux à proximité en posant des problèmes d’accès. Selon l’Asahi, TEPCo va débuter le démantèlement de la partie haute de la cheminée le 20 mai prochain. Les travaux se feront à l’aide d’engins télécommandés : un appareil pendu à une grue va découper la cheminée morceau par morceau. Le poste de contrôle est dans un bus à 200 m de là.

La nouvelle mairie d’Ôkuma a ouvert

Un peu moins d’un mois après avoir levé l’ordre d’évacuer dans une petite partie d’Ôkuma, une nouvelle mairie vient d’ouvrir dans le district d’Ogawara. Presque tous les services y ont été transférés, sauf les affaires scolaires qui restent à Aïzu-Wakamatsu, près des écoles, qui sont à une centaine de kilomètres d’Ôkuma. Environ 100 des 190 employés de la mairie sont revenus travailler dans la commune, mais peu y habitent.

La nouvelle mairie n’est qu’à 8 km de la centrale accidentée. Les anciens locaux étaient à Aïzu-Wakamatsu, à une centaine de kilomètres de la commune d’Ôkuma. Rappelons que la centrale de Fukushima daï-ichi est localisée sur les communes de Futaba et d’Ôkuma.

Une cinquantaine de logements devraient être livrés en juin prochain et petit centre commercial devrait ouvrir en février 2020.

Le nouveau bâtiment a coûté 2,74 milliards de yens (22,3 millions d’euros). Le gouvernement japonais ne lésine pas sur les moyens pour reconquérir les territoires évacués, mais le taux de retour des populations reste très bas. Il est de 23% en moyenne. Il est inférieur à 10% à Tomioka et Namié, les deux communes les plus proches de la centrale accidentée (voir le bilan chiffré à l’occasion du huitième anniversaire). L’argent ne fait pas tout. On ne rebâtit pas une communauté sans les populations… Les autorités japonaises semblent l’avoir oublié.