Toujours pas de solution pour l’eau décontaminée

TEPCo voulait pomper l’eau souterraine au pied des réacteurs, la décontaminer partiellement et le rejeter en mer, mais elle vient d’abandonner le projet face à l’opposition des pêcheurs. Il faut dire que les niveaux de contamination peuvent être très élevés et que la compagnie est restée vague sur les performances du traitement de l’eau. A titre d’exemple, la contamination bêta totale dans le puits 1-6 est passée de 1,4 million de Bq/l à 2,5 millions de Bq/L entre les prélèvements des 23 et 27 octobre. Et pour l’eau pompée en amont, TEPCo s’est engagée à ce qu’elle ne dépasse pas 5 Bq/L en bêta total avant rejet dans l’océan.

TEPCo a mis en ligne un schéma avec ses différents dispositifs de traitement de l’eau contaminée. Cela devrait aider à comprendre ses communiqués, entre la station ALPS, la station ALPS améliorée et la station ALPS à haute performance…

Personne ne veut des déchets

Les habitants de Shioya dans la province de Tochigi ont demandé au Ministère de l’environnement d’abandonner le projet de centre de stockage des déchets radioactifs générés par la catastrophe nucléaire. Le maire et un représentant de la commune de 12 000 habitants ont remis une pétition signée par 173 000 personnes à travers le Japon. Ils ont expliqué, notamment, que le projet menaçait les ressources en eau de la commune.
Une réunion est prévue le 9 novembre prochain entre des représentants du ministère et les maires de Tochigi. Le maire réitérera l’opposition de sa commune.

Le gouvernement n’est pas en reste : les déchets radioactifs issus de la décontamination des cours d’école de Fukushima, qui sont souvent encore dans la cour, ne seront pas transférés vers les centres de stockage que le gouvernement veut ouvrir dans deux communes situées près de la centrale de Fukushima daï-ichi, car la loi sur les déchets générés par la catastrophe a été votée en janvier 2012, après les travaux de décontamination.
Les autorités régionales réclament que ces déchets soient pris en charge comme les autres, mais le gouvernement n’a pas donné de réponse claire pour le moment.

Consultation sélective

Le vote positif de la commune de Satsumasendaï en faveur du redémarrage des réacteurs nucléaires de Sendaï, même s’il n’est pas une surprise, suscite de nombreux commentaires. Le maire, fervent partisan du nucléaire, qui a été réélu en 2012 à une forte majorité, avait fait campagne en annonçant qu’il soutiendrait le redémarrage. Suite au vote de son conseil municipal, il a même déclaré qu’il estimait que la centrale était sûre à 100%, même si elle devait subir une agression externe similaire à celle de Fukushima daï-ichi. Il est bien le seul à faire ce genre d’affirmations.
La commune reçoit chaque année fond de soutien gouvernemental de 1,2 milliards de yens (8,7 millions d’euros) d’un fond de soutien gouvernemental, auxquels il faut ajouter 400 millions de yens (2,9 millions d’euros) de taxe sur les combustibles nucléaires. Kyûshû Electric a versé en tout 27 milliards de yens (200 millions d’euros au cours actuel) à la ville, sur les 30 ans de fonctionnement de la centrale. La contribution à l’économie est estimée à environ 600 millions de yens (4,4 millions d’euros) par an, selon la chambre de commerce.
Une autre commune, Aïra, située partiellement dans la zone de préparation à l’évacuation de 30 km autour de la centrale a voté, en juillet dernier, contre le redémarrage de la centrale et pour son arrêt définitif. Deux autres communes, Ichikikushikino et Hioki, situées entièrement dans cette zone, ont voté des résolutions demandant à être consultées, comme on l’a déjà signalé. Ichikikushikino ne reçoit que 90 millions de yens (655 000 euros) par an du fond gouvernemental, soit moins d’1% de son budget. Mais le gouverneur a décidé que la commune qui héberge la centrale suffit, en l’absence de règles officielles.
Ce genre de problème n’est pas limité à la centrale de Sendaï. Partout au Japon, les communes qui doivent préparer des plans d’évacuation demandent légitimement à avoir droit au chapitre.

Risque sismique revu à la hausse

KEPCo, l’exploitant de la centrale d’Ôï dans la province de Fukui, a dû revoir à la hausse la secousse maximale qui pourrait ébranler les réacteurs nucléaires. Il avait initialement proposé 700 gals avant d’être obligé de revoir sa copie. Il a ensuite proposé 856 gals, qui viennent d’être acceptés par la NRA. Il va falloir maintenant faire des travaux pour renforcer la résistance aux séismes, qui devraient prendre au moins un an.
La NRA doit maintenant évaluer la hauteur maximale du tsunami estimée par l’exploitant.

Déchirure

Alors que TEPCo continue à faire des petits trous dans la couverture du réacteur n°1 à l’aide d’une grue télécommandée, un coup de vent a déchiré la toile et le trou fait maintenant un mètre sur 2 mètres, au lieu de 30 cm sur 30 cm.
La compagnie a affirmé qu’elle n’avait pas détecté d’augmentation du taux de poussières radioactives.
Pour le moment, les travaux sont suspendus et TEPCo ne sait pas quand ils reprendront.
Voir la photo mise en ligne par TEPCo.

Satsumasendaï donne son accord au redémarrage

Sans surprise, le conseil municipal de Satsumasendaï a voté en faveur du redémarrage de la centrale nucléaire de Sendaï qui est sur son territoire. 19 élus ont voté pour, 4 contre et 3 se sont abstenus.
Cette commune de 100 000 habitants dépend financièrement de la manne financière de la centrale et c’est la seule qui sera consultée, comme on l’a déjà rapporté. Les autres communes situées à moins de 30 km des réacteurs, qui doivent préparer des plans d’évacuation en cas d’accident, ne sont pas consultées. Elles demandent à avoir droit au chapitre.
Lors d’une conférence de presse, le maire a décliné toute responsabilité en cas d’accident.

Les étudiants ne sont plus réfugiés et doivent rembourser

Selon le Maïnichi, TEPCo a établi que les étudiants qui partent étudier ne sont plus considéré comme « évacués » et doivent rembourser les indemnités qu’ils auraient perçues durant cette période. Le quotidien a obtenu un document interne qui explique que si le bail a été signé avant le 11 mars 2011, l’étudiant n’est plus considéré comme réfugié à partir du moment où il déménage. Et comme il n’y a pas d’université dans la zone évacuée, cela concerne beaucoup de monde.
TEPCo ne communique pas sur le sujet et refuse de rendre publiques les règles qui lui servent à indemniser. Un millier d’élèves originaires des zones évacuées ont terminé le lycée au printemps 2011 (cf 23 octobre) et sont donc potentiellement concernés.

Note critique de l’IRSN

Peu d’équipes de recherche s’intéressent aux effets des faibles doses de radioactivité sur la faune, la flore et écosystèmes. L’IRSN vient de publier une note qui critique la plupart de ces études pour leur manque de puissance statistique ou pour les biais dans l’évaluation des doses reçues. Mais l’institut ne propose pas d’étude « modèle » ni de résultat.

Augmentation soudaine de la contamination

Il y a quelques jours, TEPCo a annoncé, en japonais uniquement, avoir observé une augmentation soudaine de la contamination radioactive de l’eau souterraine dans des puits de contrôle situés près du réacteur n°2. L’un a eu une concentration en césium qui a atteint 428 000 Bq/L et l’autre 458 000 Bq/L. Les niveaux auraient baissé depuis et seraient 10 fois moindre. Et TEPCo se met à mettre les tableaux de résultat en ligne… (Voir, par exemple, les résultats publiés les 25, 26, 27, 28 octobre).
La contamination est toujours 10 fois plus élevée que dans les puits voisins.