Nouveau plan financier de TEPCo

TEPCo a présenté un nouveau plan financier, accepté par son conseil d’administration. La compagnie espère renouer avec les profits, mais prévoit pour cela le redémarrage de deux réacteurs de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata) à partir de juillet 2014 et deux autres réacteurs à partir du printemps 2015. Elle espère aussi pouvoir rassurer les banques et obtenir des prêts supplémentaires. Mais la compagnie est peut-être trop optimiste sur le redémarrage de ses réacteurs et personne ne peut dire combien coûtera la mise en sécurité et le démantèlement des réacteurs accidentés et définitivement arrêtés. Ni combien coûtera l’indemnisation des victimes de la catastrophe.

Si la compagnie fait à nouveau des bénéfices, elle baissera ses tarifs : elle n’a pas trop le choix car à partir de 2016, le marché de l’électricité sera entièrement libéralisé et les tarifs de TEPCo sont très élevés.

Pour les trois réacteurs restants de Kashiwazaki-Kariwa, TEPCo parle d’un redémarrage après 2016, voir 2023. C’est à dire jamais…

Retard dans le traitement des débris contaminés

Le gouvernement a admis qu’il lui faudra plus de temps pour traiter les débris du tsunami à Fukushima à cause de la radioactivité. Cela devrait durer jusqu’en 2016, soit deux ans de retard, sans compter les zones les plus contaminées où rien n’est prévu pour le moment. La quantité totale de déchets des zones où les travaux sont possibles serait de 802 000 tonnes.

En ce qui concerne la décontamination, le gouvernement se donne trois ans de plus pour finir en mars 2017. La simple idée que la décontamination puisse avoir une fin est assez saugrenue : les niveaux atteints restent élevés et les habitants ne s’en satisfont pas. Il y a aussi 70% de montagnes et forêts à Fukushima qui ne sont pas décontaminées et qui recontaminent certaines zones près des habitations.

Le gouvernement va mettre la priorité sur les infrastructures et les zones habitées de façon à permettre le retour des habitants. Les zones les plus contaminées, où l’exposition externe dépasserait 50 mSv/an, ne sont pas concernées par ce plan. Ni la commune de Futaba car les discussions avec la municipalité n’ont pas abouti. 96% de cette commune sont classés en zone de retour difficile.

Peu de retour pour le nouvel an

Comme l’an dernier, les personnes évacuées originaires des zones évacuées les moins contaminées peuvent retourner chez elles pour les fêtes du nouvel an, et sont même autorisées à dormir sur place. Seulement 1 700 personnes, réparties dans 556 familles en ont fait la demande alors que 27 150 auraient pu le faire.

15ième demande d’autorisation de redémarrage

Chûgoku Electric Power Company a officiellement demandé à la NRA l’autorisation de redémarrer le réacteur n°2 de sa centrale de Shimané. C’est un réacteur à eau bouillante qui ne bénéficie pas d’un délai de grâce pour l’installation de filtres à particules radioactives. La compagnie ne va pas les installer avant mai 2014. Elle a rehaussé la digue de protection contre les tsunamis de 6,5 à 15 m. La salle de contrôle excentrée ne sera mise en service qu’à partir de septembre 2014.

Cette centrale est située près de la capitale régionale. En cas d’accident, il faudrait évacuer 470 000 personnes dans un rayon de 30 km.

La compagnie envisage de demander l’autorisation de démarrer le réacteur n°3 qui est presque fini de construire. Le réacteur n°1, qui a été mis en service en 1974, nécessite des investissements massifs pour être remis aux normes.

C’est la 15ième demande de redémarrage sur 48 réacteurs (54 avant la catastrophe), aucune n’a été accordée pour le moment et le Japon a toujours zéro réacteur en fonctionnement.

Nouvelles cartes de la contamination des sols

La NRA a fait refaire des mesures du débit de dose à partir d’hélicoptères dans un rayon de 80 km autour de la centrale accidentée. Les valeurs rapportées à 1 m du sol montrent une diminution moyenne de 47% depuis les premières cartes. C’est dû la disparition progressive du césium 134 qui a une demi-vie de 2 ans et au lessivage des sols par l’eau de pluie. Cette baisse doit être prise comme référence pour évaluer l’efficacité de la décontamination. Les données datent de septembre 2013 et une présentation est ici en anglais.
La précédente carte a été publiée en mai 2013 avec des données de mars 2013.

Fukushima peu attractive

Il y a de moins en moins d’étudiants à Fukushima alors que dans les provinces voisines touchées par le tsunami, le nombre d’étudiants est revenu au niveau de l’avant 11 mars 2011. C’est surtout le nombre d’étudiants en provenance d’autres régions qui a chuté.

Le blog ex-skf a déniché et traduit une petite annonce pour aller décontaminer à Fukushima : “Travail facile, surtout tonte, élagage et élimination de la couche supérieur de sol”. Aucune mention de la radioactivité, même si les lieux concernés sont contaminés.

Encore des fuites de réceptacles découvertes

TEPCo continue de découvrir des fuites dans les réceptacles autour des cuves. Voir le post de la veille. Dans deux nouveaux cas, l’eau accumulée a baissé de 7 et 11 cm respectivement depuis vendredi 20 décembre. Et cette eau a 20 et 440 Bq/L de strontium 90 et ne peut donc pas être rejetée dans l’environnement. La compagnie va vider les réceptacles pour trouver par où l’eau a fui. 225 m3 se seraient ainsi échappés.
Les cas précédents étaient dus à des fissures dans le béton et à un joint qui n’était plus étanche. TEPCo a bouché ces fuites. Voir des photos et explications en japonais, ainsi qu’en anglais.

Les réceptacles autour des cuves fuient encore

TEPCo a trouvé de nouvelles fuites au niveau des barrières qui entourent les cuves. Le volume d’eau qui aurait fui serait de 2,6 m3 (il inclut les 1,6 m3 de la veille). Dans un des réceptacles, il y avait 190 Bq/L en strontium 90. A partir de 10 Bq/L, TEPCo est supposée pomper cette eau et ne peut pas la relâcher. Dans l’autre réceptacle qui a fui, ce serait 0,8 m3 qui se serait échappé, avec 3 Bq/l en strontium.

La compagnie prétend que cette eau n’a pas atteint la mer.

Par ailleurs, le Maïnichi donne la parole à une personne employée par un sous-traitant de TEPCo pour construire les cuves : ellle dénonce un travail bâclé car il fallait faire vite. Elle dit craindre d’autres fuites. La peinture anti-rouille n’a pas toujours été bien appliquée. La dalle en béton n’était pas toujours bien plate non plus. On pouvait parfois passer un doigt sous la cuve. Quand le témoin trouvé par le Maïnichi a signalé le problème au contremaître, il lui a été répondu que cela ne servait à rien car personne n’écoute au-dessus d’eux.

Le quotidien a interrogé TEPCO et Taisei, son sous-traitant, qui se sont voulus rassurants, sans pour autant répondre aux questions précises.

Nucléaire et risque volcanique

Deux centrales japonaises sont particulièrement exposées au risque volcanique : il s’agit de la centrale de Sendaï à Kagoshima, tout au Sud de l’île de Kyûshû et de la centrale de Tomari au Sud de l’île de Hokkaïdô. D’autres sont aussi concernées (Higashidôri, Genkaï, Ikata…).
Les compagnies d’électricité doivent étudier les risques engendrés par les volcans situés dans un rayon de 160 km autour de leurs centrales et déterminer le rique d’éruption dans les 60 ans à venir.
Même si la lave n’atteint pas directement la centrale, les cendres peuvent perturber fortement son fonctionnement. Les secours peuvent aussi être empêchés de rejoindre la centrale en cas d’accident durant une éruption volcanique.