Augmentation du taux de malformation des sapins japonais dans les zones contaminées

Le National Institute of Radiological Sciences vient de publier une étude dans la revue scientifique Scientific reports de Nature à propos du taux de malformations des sapins japonais dans les zones contaminées de Fukushima. L’article scientifique est en libre accès. Il y a aussi un communiqué de presse en japonais de l’Institut à propos de cette étude.

Il apparaît clairement qu’il y a une augmentation de la fréquence d’apparition de défauts et modifications morphologiques des sapins dans les zones contaminées par rapport à la zone témoin, non affectée par les retombées de la centrale. Cela va jusqu’à l’absence de la pousse principale dans l’axe de la branche. Il y a des photos en ligne pour illustrer le problème. Les auteurs font bien attention à ne pas utiliser le mot “anomalies”.

98% des sapins situés à Ôkuma, à 3,5 km de la centrale, dans la zone la plus contaminée de l’étude, où le débit de dose ambiant est de 34 microsieverts par heure, présentent des défauts et modifications morphologiques. A 8,5 km, dans la commune de Namié, où le débit de dose ambiant est de 20 microsieverts par heure, cette fréquence d’apparition est de 44%. C’est 27% à 15 km, toujours à Namié, avec 7 microsieverts par heure. Ces trois sites sont en zone de “retour difficile”. Pour le site témoin est à Kita-Ibaraki, avec un débit de dose ambiant de 0,13 microsieverts par heure, cette fréquence est de 5,8%.

D’autres études similaires menées dans les environ de Tchernobyl ont montré une sensibilité des sapins et des pins à la radioactivité. Cependant, les auteurs n’excluent pas d’autres causes.

L’Institut a étudié 44 espèces animales et végétales et n’a pas détecté d’autres modifications significatives ou anomalies.

Pour cette étude, entre 111 et 202 sapins ont été contrôlés sur chaque site. Les anomalies sont apparues dès 2012, mais c’est sur les pousses de 2013 que leur fréquence est la plus élevée.

Complément du 12 septembre : cet article a été traduit en français par le Blog de Fukushima.

Comment des dauphins se sont retrouvés victimes de Fukushima

« Des dauphins morts à Fukushima, les poumons irradiés » titre le site 7sur7.be. Bigre ! Ils ont dû recevoir de fortes doses pour cela. D’où ce journal en ligne tire-t-il cette information surprenante ?

Reprenons le fil de l’histoire : le 10 avril dernier, environ 155 dauphins ont été découverts sur une dizaine de kilomètres de plage dans la province d’Ibaraki. Des nombreuses personnes ont tenté de les arroser pour ne pas qu’ils se dessèchent, le temps de les remettre à l’eau. Certains étaient blessés et d’autres morts. Voir, par exemple, l’Asahi en anglais.

17 d’entre eux ont été autopsiés et des résultats ont été communiqués à la presse. L’Asahi en japonais mentionne qu’aucune maladie particulière n’a été détectée, ni infection. En revanche, les poumons étaient blancs, et une chercheuse du muséum national d’histoire naturelle, qui a étudié ces dauphins avec des universitaires, parle d’ischémie pulmonaire, à savoir une diminution de l’apport sanguin. Elle ajoute qu’elle n’aurait jamais rien vu de pareil. Le journal évoque une panique liée à l’eau froide dans son titre.

Le blog Fukushima dairy évoque l’affaire sans plus. Il ne fait pas de lien avec les radiations, même si ce site traite essentiellement de Fukushima.

Arrive alors enenews.com, qui cite le précédent blog et ajoute un lien avec la radioactivité… Ce site est familier de ce genre d’amalgames douteux. Comme si la radioactivité était la seule pollution océanique responsable de tous les maux.

Est-ce la source du journal 7sur7.be ? Il ne le dit pas. Mais ce journal franchit une étape supplémentaire en titrant : “Des dauphins morts à Fukushima, les poumons irradiés”. Ce qui est faux : ils sont morts de l’échouage sur une plage.La cause de l’échouage, quant à elle, demeure inconnue.

S’ils étaient morts d’une maladie due à la radioactivité, cela aurait eu lieu un par un, au large, sans que personne ne le voit.

Déclin des oiseaux à Fukushima

Trois nouvelles études viennent d’être publiées dans des revues scientifiques à propos du déclin des oiseaux à Fukushima et à Tchernobyl. Une première étude, en accès payant, mais disponible à l’ACRO, a suivi les populations de 57 espèces d’oiseaux sur 3 ans à Fukushima. Plusieurs espèces ont fortement diminué. Ce sont les hirondelles qui ont le plus souffert. Les auteurs mettent aussi en évidence une corrélation avec la contamination radioactive. La première année, le lien avec la radioactivité semble ténu, mais il s’accentue au fil des deux années suivantes.

Les auteurs notent aussi une différence entre les oiseaux herbivores et carnivores. Les herbivores semblent plus affectés.

Pour certaines espèces d’oiseaux, l’abondance a augmenté et elle a même augmentée plus vite dans les zones les plus contaminées. Ils évoquent les changements drastiques dans l’environnement avec l’évacuation des hommes pour expliquer cette augmentation. Mais la tendance globale, toutes espèces confondues, est bien à la baisse. Les auteurs s’attendaient à ce que les oiseaux en bout de chaîne alimentaire soient plus affectés que ceux en début de chaîne à cause de la bioaccumulation, mais c’est l’inverse qu’ils ont noté. Cet effet interviendrait donc à plus long terme.

Cette autre étude des mêmes auteurs, disponible en libre accès, se penche plus particulièrement sur les hirondelles. Ils sont étudié le lien entre la radioactivité du nid et les effets génétiques sur la progéniture. Ils n’ont pas trouvé de lien particulier. En revanche, il aurait un lien entre la contamination des nids et l’abondance des hirondelles et de leurs petits. Les auteurs écartent donc les effets génétiques comme lien entre la radioactivité et le déclin des hirondelles.

Pour les personnes intéressées, il y a un troisième article, en accès payant, plus technique, qui compare la situation à Tchernobyl, une vingtaine d’années après la pollution massive et à Fukushima où elle est encore récente.

Note critique de l’IRSN

Peu d’équipes de recherche s’intéressent aux effets des faibles doses de radioactivité sur la faune, la flore et écosystèmes. L’IRSN vient de publier une note qui critique la plupart de ces études pour leur manque de puissance statistique ou pour les biais dans l’évaluation des doses reçues. Mais l’institut ne propose pas d’étude « modèle » ni de résultat.

Déclin des oiseaux à Fukushima

Le quotidien suisse, Le Temps, a mis en ligne un article sur le déclin des oiseaux à Fukushima, qui est réservé aux abonnés. Merci à l’ACROnaute qui nous l’a envoyé.
Timothy Mousseau y rapporte ses derniers résultats sur la biodiversité dans les zones contaminées. Premier constat, la population des 14 espèces d’oiseaux étudiées diminue avec le temps. La biodiversité aussi. Le déclin est plus fort dans les zones où la radioactivité est élevée. Aucun chiffre n’est donné car les données sont encore en cours d’analyse. Ces résultats corroborent ceux des environs de Tchernobyl où des taches blanches ont aussi détectées sur des hirondelles. La Wild Bird Society du Japon aurait observé des taches similaires sur une quinzaine d’individus au Japon.
Zbyszek Boratynski, de l’université de Porto, rapporte, quant à lui, avoir observé une augmentation des problèmes de cataracte chez les rongeurs, aussi bien à proximité de la centrale de Tchernobyl que de celle de Fukushima. La taille du cerveau et la couleur du pelage seraient aussi affectés.

Effet des radiations sur le patrimoine génétique

La revue scientifique Journal of Heredity a mis en ligne une série d’articles sur les effets des radiation sur le patrimoine génétique d’animaux autour de Tchernobyl et Fukushima. Tout est en libre accès.
Il y a une courte présentation du projet de comparer les deux zones contaminées. T. Mousseau et A. Møller passent en revue leurs propres résultats dans cet article. Une équipe japonaise présente ses travaux sur les papillons et une autre sur le riz.
Toutes ces études mettent en avant des effets liés aux radiations.
En français, vous pouvez aussi consulter le programme de recherche de T. Mousseau et une de ses conférences.

Système immunitaire des singes affecté

La revue Nature Scientific Reports vient de publier une étude sur le sang de 61 singes vivant à 70 km de la centrale de Fukushima. Il y aurait moins de globules blancs et rouges que dans le sang d’un groupe témoin situé à 400 km. La contamination en césium de leurs muscles varie entre 78 et 1 778 Bq/kg et il y a une corrélation négative entre cette contamination et les globules. Selon les auteurs, “ces résultats suggèrent que l’exposition à des matières radioactives a contribué aux modifications hématologiques chez les singes de Fukushima”. Leur système immunitaire serait donc plus fragile.
L’étude est ici en libre accès.

Deux personnes vivent en zone interdite

Deux personnes sont restées dans la zone évacuée de 20 km autour de la centrale et refusent de partir. Elles s’occupent des nombreux animaux de ferme abandonnés.
Un éleveur s’occupe ainsi de 350 têtes de bétail. Certains bovins ont de nombreuses taches blanches sur le pelage.
Ces deux personnes sont venues manifester devant le ministère de l’agriculture avec une vache malade pour réclamer des études sur la cause de ces taches.