Suite aux différents scandales, TEPCo a promis de ne plus cacher de données concernant la pollution de l’eau sur le site de la centrale nucléaire de Fukushima daï-ichi. En revanche, elle ne publie plus rien en anglais. Il faut aller consulter les tableaux en japonais. Fin mai, elle a mis en ligne un résumé en anglais pour le mois de mai : tout semble bien aller. Mais aucune donnée ne concerne l’eau souterraine où la situation ne s’améliore guère.
La compagnie a aussi récemment mis en ligne une vidéo qui montre les prélèvements, à télécharger depuis cette page en cliquant sur ダウンロード.
Pour lire les tableaux, le tritium est noté H-3, le strontium-90, Sr-90 et la contamination bêta totale, 全β.
L’eau souterraine pompée en amont afin de rabattre la nappe et réduire les infiltrations dans les sous-sols est contaminée en tritium. Les niveaux sont maintenant inférieurs à la limite de rejet qui est de 1 500 Bq/L, mais dans un des puits, un record a été battu avec 190 Bq/L dans le prélèvement du 4 juin, puis 200 Bq/L dans le celui du 18 juin. Pour la contamination bêta totale, la limite de détection affichée de 12 Bq/L est supérieure à la limite de rejet qui est de 5 Bq/L. On ne peut donc rien conclure.
Au pied des cuves, toujours en amont des réacteurs, la contamination en tritium est aussi systématique. Elle atteint 24 000 Bq/L dans le puits (prélèvement du 11 juin).
Au pied des réacteurs, l’eau est bien plus polluée et la situation ne s’améliore pas. Des records continuent à être battus régulièrement. Ainsi, dans le puits n°3, c’était 7 700 Bq/L en tritium dans le prélèvement du 27 mai 2015. Ce n’est pas la plus forte contamination : ce document fait apparaître des valeurs s’élevait jusqu’à 120 000 Bq/l pour le tritium et 660 000 Bq/L en bêta total. Il montre aussi un record de la contamination en césium-137 dans le puits 1-8 avec 570 Bq/L et dans l’eau de mer, au milieu du port, avec 270 Bq/L en tritium. Il y a aussi des records de la contamination bêta total de l’eau de mer, avant les barrières, allant jusqu’à 1 200 Bq/L. Rappelons que TEPCo se refuse de rejeter en mer une eau qui aura plus de 5 Bq/l en bêta total.
Quelques jours plus tard, c’est la contamination en tritium de l’eau de mer avant les barrières qui bat son propre record avec des valeurs allant de 1 200 à 3 200 Bq/L dans les prélèvements du 1er juin 2015.
Le fait que l’on trouve du tritium dans l’eau de mer est une signature sans équivoque que les fuites en mer continuent sans relâchement. En effet, le tritium ne s’accumule pas dans les sédiments et est dispersé rapidement. S’il est présent, c’est que cela fuit.
Dans le puits 2-8, situé au pied des réacteurs, c’est la contamination bêta totale qui a battu un record avec 6 400 Bq/L dans le prélèvement du 3 juin 2015. Ce même jour, un record est aussi battu pour le tritium avec 8 100 Bq/L dans un puits de pompage (ウェルポイント).
L’eau du port a aussi battu des records de contamination en bêta total, avec des valeurs allant de 16 à 24 Bq/L dans les prélèvements du 15 juin 2015 effectués à l’embouchure. Cette pollution atteint donc l’océan.
La mesure du strontium-90 est beaucoup plus longue à effectuer. Les données publiées en juin sont donc plus anciennes. Dans les prélèvements du 5 mai 2015, il y a eu deux records de la contamination de l’eau de mer avant la barrière avec 1 000 Bq/L. C’est plus que la contamination bêta totale affichée pour ces mêmes points qui est de 800 et 810 Bq/L. Comme le strontium est un émetteur bêta, ce n’est pas possible. Cela ne semble pas gêner TEPCo plus que cela…
La compagnie a aussi mis en ligne un document en anglais sur l’évolution de la contamination des ressources halieutiques. Si c’est traduit en anglais, c’est que cela s’améliore…