Retour des population : données cachées

Le Maïnichi révèle que le gouvernement a retenu des données sur la contamination de villages où une levée de l’ordre d’évacuer est prévue à court terme parce que les résultats étaient trop élevés et auraient pu « effrayer » les habitants.
Selon les documents obtenus par le quotidien, la Japan Atomic Energy Agency (JAEA, le CEA japonais) et le National Institute of Radiological Sciences (NIRS) ont déposé des dosimètres dans le district de Miyakoji à Tamura, dans les villages de Kawauchi et Iitaté et les ont laissés plusieurs jours. Ils étaient mis dans les classes et les cours d’école, dans des maisons et d’autres bâtiments… et même dans les champs et la forêt. Le but était d’évaluer la dose des habitants qui pourraient retourner, en se basant sur le fait qu’ils passeront 8 heures par jour à l’extérieur et 16 heures à l’intérieur.
Les données récoltées ont été transmises au cabinet gouvernemental qui les a comparées à celles obtenues par les dosimètres individuels qui gens qui vont et viennent. Les nouveaux résultats étaient beaucoup plus élevés que les anciens. Ils n’ont pas été publiés car le but était de montrer combien les risques étaient faibles… C’est à Kawauchi que l’écart était le plus élevé. Là où le gouvernement espérait des doses de 1 à 2 mSv/an (l’article écrit par jour, mais ce doit être une erreur car ce serait beaucoup trop élevé pour faire retourner les habitants), elles étaient de 2 à 6,6 mSv/an.
Le gouvernement a donc demandé aux experts de refaire leur calculs avec un mode de vie moins pénalisant : 6 heures par jour à l’extérieur pour un agriculteur. Les nouveaux résultats ont été remis récemment aux autorités qui s’apprêtent à les publier.
Voici quelques données de débit de dose dans la zone des 20 km, sans carte.

En mai 2013, afin de favoriser le retour des évacués à Fukushima, le gouvernement a mis en place un guichet spécifique dans 7 bureaux d’agences pour l’emploi situés dans 5 provinces. En janvier 2014, cela avait entraîné le retour de… 18 personnes.

Création d’un filiale spécialisée dans le démantèlement

TEPCO est en train de créer une filiale spécialisée dans le démantèlement et la décontamination. Elle devrait être mise en place le 1er avril prochain, qui correspond au début de l’année administrative et fiscale au Japon. Des représentants des trois grandes compagnies industrielles japonaises impliquées dans le nucléaire, Hitachi-GE Nuclear Energy, Toshiba et Mitsubishi Heavy Industries, siègeront dans la nouvelle branche et conseilleront le PDG.
Voir son communiqué de presse.

Contamination des poissons au large et au pied de la centrale

TEPCo a mis en ligne, comme tous les mois, des données sur la contamination des poissons pêchés dans un rayon de 20 km au large de la centrale de Fukushima daï-ichi.
Les poissons de fond sont les plus contaminés et dépassent parfois les 100 Bq/kg, limite à ne pas dépasser pour la commercialisation.
Les poissons pêchés dans le port devant la centrale sont, quant à eux, beaucoup plus contaminés : une sole atteint 142 000 Bq/kg.

Etude sur la décomposition de la litière à Tchernobyl

Timothy Mousseau et Anders Pape Møller, spécialistes de l’impact de la radioactivité sur les écosystèmes, ont étudié la décomposition de la litière des sols forestiers en Ukraine. Il s’agit là d’une étape importante pour la vie des forêts : la vie des plantes, et donc des herbivores, en dépend.
D’après ces auteurs, on savait déjà que la contamination radioactive réduit la diversité et l’abondance des invertébrés du sol jusqu’à un facteur 30 au-delà des 3 km de la centrale de Tchernobyl, ce qui contribue à la réduction de la population des oiseaux qui se s’en nourrissent.
Dans cette nouvelle étude, ils ont déposé des feuilles de végétaux non contaminés sur des sols forestiers autour de Tchernobyl. Ils ont aussi déposé ces matériaux dans 155 sacs en nylon avec une petite maille pour empêcher les invertébrés les plus gros d’y pénétrer. Ils ont aussi mis sur les mêmes sites 400 sacs avec une maille plus large afin de les laisser pénétrer. Ils voulaient ainsi comparer la décomposition due aux microorganismes seuls et celle due aux microorganismes et invertébrés. La litière et les sacs ont été déposés sur un même site en septembre 2007, en des lieux avec différents niveaux de rayonnement ambiant. Ils y sont restés 9 mois, jusqu’en juin 2008.
L’épaisseur de la litière déposée sur le sol a été remesurée en mai 2013.
Ils ont trouvé une baisse de la perte de masse de la litière dans les lieux où le rayonnement ambiant est le plus important, sans effet de seuil. Il n’y avait pas de différence significative entre les sacs à petites mailles et ceux à grosses mailles. La litière était plus épaisse dans les lieux où la décomposition des feuilles dans les sacs était la plus faible, comme attendu.
La contamination radioactive induit donc une diminution de la décomposition des végétaux et a donc des conséquences sur toute la vie des forêts. La différence du taux de décomposition a atteint 40% entre les sites les plus contaminés et les moins contaminés. Le débit de dose y était 2 600 plus élevé.
Le fait que la litière se décompose moins vite augmente le risque incendie.
Article en accès payant.

Projet de reconstruction de Tomioka

Un groupe de résidents et d’experts a rédigé un plan de reconstruction pour la ville de Tomioka et ses 14 000 réfugiés. La gare de Tomioka devrait devenir le centre du nouveau bourg car les niveaux de contamination y sont relativement bas. Mais c’est aussi une zone proche de la mer, détruite par le tsunami. Il faut y reconstruire des logements, commerces, services…
Le groupe demande aussi l’organisation d’événements pour maintenir le lien social entre les habitants dispersés dans tout le Japon. Car les travaux de reconstruction n’avancent pas vite.
Le maire a expliqué qu’il faisait tout son possible pour améliorer la situation et qu’il allait revoir le plan de reconstruction de la ville.

Fuites

TEPCo a remis en route les unités A et C de sa station de traitement ALPS après 6 jours d’arrêt. L’unité B reste arrêtée. Mais elle dû les arrêter à nouveau, après 6 heures de fonctionnement… Il y avait une fuite. Un demi-litre aurait fui.

Il y a 120 Bq/L en bêta total dans l’eau souterraine d’un puits situé à proximité de la cuve où il y a récemment eu un débordement de 100 m3 d’eau contaminée. La contamination en tritium y est de 140 Bq/L. (Prélèvement du 19 mars 2014). Ces valeurs sont passées, respectivement à 240 et 150 le lendemain. Dans le prélèvement du 22 mars, le tritium monte à 4 600 Bq/L.

Accord des coopératives de pêche pour le rejet de l’eau pompée en amont

La coopérative de pêche de Sôma-Futaba a donné son accord à ce que de l’eau souterraine, pompée en amont des réacteurs, soit rejetée en mer. Celle d’Iwaki devrait suivre.
TEPCo a rasé la falaise pour mettre les réacteurs au niveau de la mer lors de l’installation de la centrale. Les sous-sols des réacteurs se sont retrouvés sur le passage de l’eau souterraine. Avant la catastrophe, la compagnie devait pomper 1 000 m3 par jour pour rabattre la nappe et éviter les infiltrations. Cela s’est arrêté avec la catastrophe et 400 m3 d’eau souterraine pénètrent quotidiennement dans les sous-sols où elle se mélange à l’eau de refroidissement, fortement contaminée. Ces 400 m3 s’ajoutent, jour après jour, au stock d’eau contaminée.
TEPCo veut à nouveau pomper cette eau en amont et espère réduire ainsi les infiltrations et l’eau contaminée qui s’accumule de 100 m3 par jour. L’eau devrait être mise dans une cuve tampon pour être contrôlée avant d’être rejetée. La limite est de 1 Bq/L pour le césium et 1 500 Bq/L pour le tritium. Pour le moment, il y a jusqu’à 1 200 Bq/L en tritium dans ces puits de pompage. Cela risque d’augmenter. Comment fera TEPCo. Diluer ?
L’eau en amont est maintenant contaminée. Les pêcheurs s’étaient donc opposés à son rejet en mer. TEPCo ne leur avait pas dit qu’il y avait des fuites bien plus graves et que cela devrait réduire les rejets en mer, pas les augmenter… Un an a été perdu bêtement à cause des mensonges de la compagnie.
Les pêcheurs ont assorti leur accord de 9 conditions, parmi lesquelles, une information aux consommateurs et un soutien financier renouvelé.
L’eau en amont des réacteurs est polluée au tritium à cause des cuves qui en laisse s’échapper une partie via la vapeur d’eau, indépendamment des fuites qu’il y a eu. Dans le puits E3, situé près des cuves, un nouveau record vient d’être battu, avec 4 500 Bq/L (prélèvement du 19 mars 2014). C’est 4 700 Bq/l le lendemain. Pour redescendre à 2 500 Bq/l le surlendemain.
Il y a eu entre 42 000 Bq/L et 58 000 Bq/L dans le puits E1 aux mêmes dates.
En aval des réacteurs, la contamination de l’eau souterraine ne s’améliore pas : des records viennent d’être battus pour les puits 1-14 et 1-17, avec respectivement 1 100 et 2 900 Bq/l en bêta total (prélèvement du 20 mars 2014). Il y a 1,3 million de becquerels par litre dans le 1-16.