Etude sur la décomposition de la litière à Tchernobyl

Timothy Mousseau et Anders Pape Møller, spécialistes de l’impact de la radioactivité sur les écosystèmes, ont étudié la décomposition de la litière des sols forestiers en Ukraine. Il s’agit là d’une étape importante pour la vie des forêts : la vie des plantes, et donc des herbivores, en dépend.
D’après ces auteurs, on savait déjà que la contamination radioactive réduit la diversité et l’abondance des invertébrés du sol jusqu’à un facteur 30 au-delà des 3 km de la centrale de Tchernobyl, ce qui contribue à la réduction de la population des oiseaux qui se s’en nourrissent.
Dans cette nouvelle étude, ils ont déposé des feuilles de végétaux non contaminés sur des sols forestiers autour de Tchernobyl. Ils ont aussi déposé ces matériaux dans 155 sacs en nylon avec une petite maille pour empêcher les invertébrés les plus gros d’y pénétrer. Ils ont aussi mis sur les mêmes sites 400 sacs avec une maille plus large afin de les laisser pénétrer. Ils voulaient ainsi comparer la décomposition due aux microorganismes seuls et celle due aux microorganismes et invertébrés. La litière et les sacs ont été déposés sur un même site en septembre 2007, en des lieux avec différents niveaux de rayonnement ambiant. Ils y sont restés 9 mois, jusqu’en juin 2008.
L’épaisseur de la litière déposée sur le sol a été remesurée en mai 2013.
Ils ont trouvé une baisse de la perte de masse de la litière dans les lieux où le rayonnement ambiant est le plus important, sans effet de seuil. Il n’y avait pas de différence significative entre les sacs à petites mailles et ceux à grosses mailles. La litière était plus épaisse dans les lieux où la décomposition des feuilles dans les sacs était la plus faible, comme attendu.
La contamination radioactive induit donc une diminution de la décomposition des végétaux et a donc des conséquences sur toute la vie des forêts. La différence du taux de décomposition a atteint 40% entre les sites les plus contaminés et les moins contaminés. Le débit de dose y était 2 600 plus élevé.
Le fait que la litière se décompose moins vite augmente le risque incendie.
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