KEPCo veut prolonger deux réacteurs de plus de 40 ans

C’est maintenant officiel, Kansaï Electric va se préparer à demander l’autorisation d’exploiter les réacteurs 1 et 2 de sa centrale de Takahama (Fukui) pendant 60 ans. Le premier a été mis en service en 1974 et le second, en 1975. La compagnie a déjà déposé une demande de redémarrage pour les réacteurs 4 et 5 de cette même centrale.

La loi japonaise, votée après la catastrophe de Fukushima, limite à 40 ans l’exploitation des réacteurs nucléaires, mais permet une demande « exceptionnelle » de prolongement de 20 ans si les réacteurs passent des contrôles supplémentaires. Pour les exploitants du nucléaire, l’exception devrait devenir la règle sauf pour les réacteurs qu’il sera trop coûteux à remettre en marche.

Officiellement, KEPCo va mener les contrôles supplémentaires à partir de décembre prochain et décider ensuite, si elle dépose la demande de prolongation de la durée de vie. Il s’agit de tester l’intégrité de la cuve, de l’enceinte de confinement, du circuit de refroidissement, des soudures etc et de voir l’évolution du vieillissement. Mais la décision semble déjà prise.

Coût de l’arrêt du nucléaire

Le ministère de l’industrie japonais a estimé à 21 milliards de yens (143 millions d’euros) la perte par réacteur due à l’arrêt après 40 ans de fonctionnement.

Il a mis en place un groupe de travail destiné à faire des propositions pour aider les compagnies d’électricité qui devront faire face à ces coûts suite l’arrêt définitif de plusieurs réacteurs. Actuellement, les exploitants du nucléaire sont supposés provisionner de l’argent pour le démantèlement. Mais certains réacteurs seront arrêtés plus tôt que prévu.

Par ailleurs, avec l’ouverture à la concurrence du marché de l’électricité, les exploitants veulent rogner sur les coûts pour rester compétitifs. Le gouvernement envisage donc de mettre en place un fond dont l’argent sera collecté sur les factures d’électricité. Ce seraient les distributeurs d’électricité qui collecteraient l’argent. Ainsi, même les nouveaux entrants, qui n’exploitent pas du nucléaire, devraient participer.

Au coeur du village nucléaire japonais

Le Japan Atomic Industrial Forum (JAIF), au cœur du village nucléaire japonais, tire à boulets rouges contre le groupe d’experts de la NRA qui a osé conclure que la faille qui passe sous la centrale de Tsuruga (Fukui) pourrait être active. Si les mêmes experts, suivant exactement le même processus de décision, avaient conclu que tout va bien, le JAIF n’aurait rien trouvé à y redire.

Il a aussi organisé un symposium pour trouver un moyen de convaincre les femmes d’accepter l’énergie nucléaire, pardon, de « permettre aux femmes une meilleure compréhension de l’énergie nucléaire ». Bref, elles n’y comprennent rien, c’est pourquoi elles sont majoritairement contre. Ces gens là sont sans vergogne.

Inauguration d’un incinérateur

Les autorités ont inauguré un incinérateur à Kawauchi dans la province de Fukushima, qui doit incinérer les déchets issus de la décontamination tout en retenant le césium. L’usine, capable de traiter 7 tonnes de déchets par jour, devrait démarrer en janvier 2015 après une phase de tests. D’autres usines similaires sont prévues à Fukushima.

Prolongation du réacteur à haute température

JAEA, le CEA japonais, a un réacteur expérimental à très haute température, refroidi à l’hélium, le « High Temperature Engineering Test Reactor », à Ôarai, dans la province d’Ibaraki. Il était à l’arrêt au moment des séismes et tsunami du 11 mars 2011. L’exploitant affirme qu’il satisfait aux nouveaux critères de sûreté et va déposer une demande d’autorisation de redémarrage.

Ce réacteur graphite-gaz a un coût plus élevé que les réacteurs commerciaux, mais la JAEA veut l’utiliser pour produire de l’hydrogène.

Rejets atmosphériques de 2013 : suite du feuilleton

On s’en souvient, le ministère de l’agriculture avait découvert, en mars dernier, que du riz de Minami-Sôma, moissonné en 2013 à plus de 20 km de la centrale, avait dépassé la limite de mise sur le marché qui est de 100 Bq/kg pour le césium. La commune et ses habitants n’ont été informés qu’en juillet 2014. Ils n’ont pas apprécié !

Des rejets de poussières radioactives provenant du réacteur n°3 avaient été soupçonnés. TEPCo avait fini par reconnaître qu’un rejet plus élevé que d’habitude a eu lieu le 19 août 2013. Des universitaires ont détecté plusieurs pics de contamination des poussières en 2013.
La NRA vient de conclure que ce rejet du 19 août n’est pas responsable du dépassement de la limite du riz. D’après ses calculs, les retombées n’auraient été que de 30 Bq/m2 en un endroit et 12 Bq/m2 ailleurs. Le ministère de l’agriculture a annoncé des investigations supplémentaires pour tenter de comprendre l’augmentation de la contamination du riz.

L’IRSN avait publié une note sur ce sujet le 1er août dernier et avait conclu que les retombées étaient comprises entre 100 et 1 000 Bq/m2. L’écart est important, mais c’est, dans tous les cas, plus faible que la contamination existante des sols. En revanche, le transfert à la plante est beaucoup plus élevé quand cela tombe sur les feuilles que quand cela remonte par les racines.
L’IRSN va-t-il publier une nouvelle note pour corriger son calcul ou celui de la NRA ?

Ultime tentative de colmatage

TEPCo a commencé à injecter du ciment dans la galerie souterraine qu’elle n’arrive pas à colmater malgré des essais divers. Elle pompe l’eau contaminée en parallèle pour éviter les débordements. 80 m3 ont été versés ce jour. TEPCo devrait commencer dès le mois prochain des travaux similaires dans une autre galerie souterraine reliée au réacteur n°3.
La compagnie va de nouveau faire des tests d’étanchéité et espère tout finir pour mars 2015.
Voir la présentation en japonais faite devant la NRA à ce propos et des photos du chantier.

Record de contamination en strontium

Le puits de contrôle 1-17, qui battait des records de contamination par le passé, a aussi battu un record de contamination en strontium. Dans le prélèvement du 1er septembre 2014, il y avait 490 000 Bq/L alors que la contamination bêta totale était de 540 000 Bq/L. Ce qui signifie que le strontium, très radiotoxique, domine la contamination de cette eau. Les puits 1-6 et 1-16 sont bien plus contaminés, mais ils ne battent leur propre record.

Exercice de crise à Kawauchi

Il y a eu un exercice de crise à Kawauchi, dans la province de Fukushima. Le scénario supposait un accident sérieux à la centrale de Fukushima daï-ichi : un séisme a stoppé le refroidissement du réacteur n°3 et que plus de 20 microsieverts par heure ont été détectés dans le village. Les habitants se sont réfugiés dans le village voisin de Tamura.
C’est le premier exercice de crise nucléaire depuis 2011. Il a impliqué 260 habitants et un millier de fonctionnaires.