Les dosimètres sous-estiment la dose enregistrée

Comme la décontamination n’apporte pas les effets escomptés et que les autorités souhaitent que les populations restent ou retournent dans les zones contaminées, il a changé de paradigme. Un dosimètre individuel va être distribué à chacun afin d’enregistrer la dose reçue. Les Japonais l’appellent « glass-badge ».

D’autres dosimètres, dits “D-shuttle”, permettent, grâce à un logiciel de lecture, aux personnes concernées d’avoir accès à la dose reçue, heure par heure, jour par jour, … et adapter leur mode de vie de façon à limiter la dose reçue (voir la présentation sur le sujet lors du séminaire IRSN-ANCCLI sur le post-accident et la vidéo associée).

La méthode a été expérimentée à Daté où le maire se bat pour que la population puisse y rester à long terme. Il soutient fortement l’initiative et explique que les doses enregistrées sont inférieures à la limite de 5 mSv/an que s’est fixée la commune (voir la présentation sur le sujet lors du séminaire IRSN-ANCCLI sur le post-accident et la vidéo associée).

Tous les élus ne sont pas convaincus et le conseil municipal a organisé un séminaire avec un représentant associatif et le fabriquant du dosimètre, Chiyoda Technology (千代田テクノル).

Lors de la réunion, le représentant associatif a souligné les limites de la méthode : il importe de protéger chacun. On ne peut pas se contenter de moyenne, comme le font les autorités. Par ailleurs, ces dosimètres ont été développés pour les travailleurs du nucléaire qui, dans la plupart des situations, font face à la source radioactive. Le dosimètre est donc mis sur le poitrail de façon à enregistrer correctement la dose. Mais quand on vit dans un environnement entièrement contaminé, l’exposition a lieu tout autour. Le dosimètre placé sur le poitrail ou suspendu autour du cou sous-estime donc les rayonnements qui arrivent dans le dos.

Lors de la réunion, le directeur de Chiyoda Technology a reconnu que les dosimètres sous-estimaient la dose reçue de 30 à 40%. Il s’est ensuite excusé de ne pas avoir signalé ce fait.

La presse n’était pas présente lors de cette réunion qui a eu lieu à huis-clos, mais quand cette information sera rendue publique, elle risque de faire beaucoup de bruit…

Les statistiques présentées par le maire de Daté mettent en avant que la dose enregistrée est environ la moitié de celle estimée lors du zonage. Mais si les dosimètres sous-estiment de 30 à 40% la dose reçue, l’intérêt est assez limité ! Les autorités vont devoir revoir leur politique.

Les Amis de la Terre critiquent le rapport sur les cancers de la thyroïde

En décembre dernier, les derniers résultats de suivi de la thyroïde des enfants de Fukushima ont été rendu publics (cf 24 décembre 2014). Le rapport qui accompagnait a été soumis à l’avis du public. Les Amis de la Terre Japon ont mis en place un groupe d’experts qui ont rédigé et envoyé une critique du rapport officiel. Il est ici en japonais, avec un résumé en anglais.

Le rapport associatif réitère sa critique relative à la sélection des experts officiels. Ainsi, le rapport officiel affirme, sans recherche supplémentaire, ni démonstration, que le nombre de cancer élevé est dû au dépistage systématique et pas à la catastrophe nucléaire. Les doses reçues seraient trop faibles. Mais l’étude n’est pas étendue aux provinces voisines qui ont aussi été impactées par l’iode radioactif, parfois plus qu’en certaines zones de Fukushima. Pourquoi tous les enfants de Fukushima ont droit à un dépistage par échographie et pas tous les enfants potentiellement exposés au Japon.

Par ailleurs, comme nous l’avons signalé le 24 décembre dernier, il y a quatre cas de cancer supplémentaires qui n’avaient pas été détectés lors du premier dépistage, mais qui sont apparu lors du deuxième. Le rapport officiel n’a mené aucune investigation à ce propos.

Il n’y a pas non plus de discussion à propos d’autres cancers potentiels.

Bref le rapport officiel ne fait pas apparaître une démarche scientifique où l’on essaye de conclure en étudiant les faits, mais interprète les faits dans le sens décidé dès le départ, à savoir qu’il n’y a pas d’impact sanitaire des rejets radioactifs.

Part du nucléaire en 2030

Le Japon ne satisfait pas à ses engagements en terme de réduction des gaz à effet de serre. Il veut cependant pouvoir faire des annonces lors de la réunion du G7 qui aura lieu en juin 2015, avant la réunion sur le climat qui aura lieu à Paris à la fin de l’année.

Et comme il est incapable de dire combien de réacteurs nucléaires pourront redémarrer et encore moins combien fonctionneront en 2030, il est dans le flou le plus complet. Il faudrait que 45% de l’électricité soit d’origine renouvelable ou nucléaire pour pouvoir réduire ses émissions. La part du nucléaire pourrait être entre 15 et 20% selon les autorités, contre 28% en 2010. 15% correspond donc grosso-modo au redémarrage de plus de la moitié du parc nucléaire restant. C’est donc plus que le nombre de demandes de redémarrage actuellement déposées. Et pour atteindre 20%, les autorités estiment qu’elles devront remplacer les réacteurs les plus anciens par des nouveaux.

TEPCo ne pourra décontaminer toute l’eau accumulée avant mars 2015 comme promis

Comme prévu, TEPCo a officiellement reconnu qu’elle ne pourrait pas tenir son engagement de traiter toute l’eau contaminée accumulée avant la fin mars 2015 comme elle s’y était engagée en septembre 2013. Un nouveau calendrier sera proposé à la mi-mars, même si le PDG a affirmé, qu’au rythme actuel, ils auront fini à la mi-mai 2015.

Voir le 19 janvier dernier, le communiqué lénifiant de TEPCo et une présentation en anglais.

Le dernier bilan sur l’eau contaminée est ici en anglais.

J-Village devrait retourner à l’entraînement de footballeurs d’ici 2020

J-Village, situé à cheval sur Hirono et Naraha, à quelques kilomètres de la centrale de Fukushima daï-ichi, était un centre de formation de footballeurs japonais sponsorisé par TEPCo. Après la catastrophe, il a été transformé en centre d’accueil pour les milliers de travailleurs à la centrale accidentée.

Le président de la fédération japonaise de foot a réitéré son souhait de récupérer la base, située en zone contaminée, pour entraîner l’équipe nationale avant les JO de 2020. Et d’ajouter qu’il serait même envisageable qu’une équipe étrangère l’occupe aussi… Sûr que cela va leur faire plaisir !

Comme il n’y a pas de limite d’innocuité, toute exposition aux rayonnements ionisants doit être justifiée par un bénéfice. Quel est le bénéfice pour les joueurs d’aller s’entraîner dans la zone évacuée de Fukushima ?

Suspension des travaux de démantèlement

Suite aux deux décès qui viennent de survenir dans les centrales de Fukushima daï-ichi et daï-ni, TEPCo a suspendu les travaux de démantèlement, le temps de mener une inspection de sécurité. La compagnie n’est pas capable de proposer un calendrier. Bien entendu, le refroidissement des réacteurs et le traitement de l’eau n’est pas suspendu car c’est simplement impossible.

Rappelons qu’un homme a fait une chute mortelle de 10 m dans une cuve qu’il était en train d’inspecter. Il portait un harnais de sécurité, il ne s’était pas attaché. L’autre était en train d’inspecter la centrale de Fukushima daï-ni quand il a été heurté à la tête par un objet suspendu à une grue.

Tous les deux étaient sous-traitants.

Un service de bus va traverser la zone interdite

JR, la compagnie nationale de chemin de fer exploite aussi un réseau du bus. Elle veut proposer une liaison via la zone interdite à partir du 31 janvier prochain. Elle va relier la gare de Tatsuta, à Naraha, à celle de Haranomachi, à Minami-Sôma. Le trajet de 46 km, dont 14 km dans la zone de « retour difficile », et va remplacer la ligne Jôban qui a été suspendue après la triple catastrophe. Le tarif sera le même et il y aura deux trajets sans arrêt par jour, dans chaque sens, d’une durée d’une heure environ.

Ce sera le premier transport public à pénétrer dans un rayon de 20 km autour de la centrale. La dose prise à chaque passage est estimée à 1,2 microsievert. Les chauffeurs auront des dosimètres.