Evolution de la contamination de la Baie de Tôkyô

L’Océan pacifique a été directement exposés aux rejets radioactifs liquides et aériens de la centrale accidentée de Fukushima daï-ichi. Grâce au fort brassage lié aux courants marins et l’immense masse d’eau, cette pollution s’est dispersée. Des traces ont même pu être détectées au large de l’Amérique du Nord.

La situation est complètement différente pour la Baie de Tôkyô qui est presque fermée. Elle mesure environ 70 km sur 20 km. Bien qu’elle n’aie pas été directement exposée, elle est contaminée vie le lessivage des sols et les fleuves qui s’y jettent, comme nous l’avons déjà mentionné à plusieurs reprises.

Une publication récente en libre accès fait le point sur l’évolution de cette contamination. La pollution est plus prononcée à l’embouchure des fleuves, comme on peut le voir ci-dessous sur la figure extraite de l’article. Cela signifie que la pollution en césium, liée au sédiments, est essentiellement piégée dans les estuaires et diffuse très peu vers le centre de la Baie. Elle proviendrait surtout de la zone Nord-Est de la capitale japonaise et c’est bien expliqué par la répartition des retombées radioactives. Les valeurs indiquées concernent les sédiments et ont été corrigées de la décroissance radioactive pour être rapportées à la date du 16 mars 2011.

 

Les chercheurs ont aussi analysé des carottes de sédiments et tenté de comprendre la dynamique de la pollution. Le carottage a permis de montrer que les apports en césium radioactif ont augmenté avec le temps, dans les années qui ont suivi la catastrophe, pour finalement rebaisser.

Dans le fleuve Sakagawa, un pic de pollution est attribué aux travaux de décontamination de la commune de Kashiwa (Chiba) entre octobre 2011 et décembre 2012. Cette ville de la banlieue de Tôkyô a particulièrement été affectée par les retombées radioactives. La décontamination n’est bien qu’un déplacement de la radioactivité…

La pollution la plus élevée a été mesurée dans l’estuaire de l’ancienne Edogawa, avec une contamination de 100 000 Bq/m2 en juillet 2016. Au centre de la Baie, elle est de l’ordre de 500 Bq/m2.

Comment retirer le corium ?

Comment retirer le corium, ce mélange hautement radioactif de combustible et débris fondus, tout en limitant les rejets radioactifs ? C’est la difficulté à laquelle est confrontée TEPCo. Selon le Fukushima Minpo, la compagnie envisage d’utiliser un bras articulé qui irait rechercher, petit bout par petit bout, le corium et autres débris radioactifs qui jonchent l’enceinte de confinement. Elle devrait commencer par les débris les plus petits. Les débris les plus gros devront d’abord être coupés ou cassés avant d’être extraits afin de maintenir une ouverture la plus petite possible. La technologie doit encore être développée.

TEPCo a déjà inséré des robots pour filmer l’intérieur de l’enceinte de confinement des réacteurs 1 à 3, où il y a eu fusion du cœur. Au début, TEPCo envisage de prendre le même chemin pour accéder aux débris, via une ouverture sur le côté, afin de maintenir au mieux le confinement.

Le niveau de l’eau dans le réacteur n°3 est très élevé. Il faudra peut-être le drainer avant. Quant au réacteur n°1, le débit de dose à proximité de l’ouverture atteint les 630 mSv/h. La compagnie pourrait s’installer ailleurs.

Bien entendu, personne ne sait ce qu’il sera fait de ces déchets très radioactifs par la suite.