Etude sur les conséquences sociales de l’accident nucléaire

Le programme de recherche Shinraï, qui veut dire confiance en japonais, de l’IRSN, vient de rendre public son deuxième rapport, en anglais. Le premier rapport est sorti en juillet 2018.

Comme le note le communiqué de l’IRSN, l’originalité de l’analyse est de s’appuyer sur une approche pluridisciplinaire et sur une enquête de terrain approfondie, ce qui est plutôt rare. Les “recherches” sur le post-accident sont généralement menées dans le cadre de projets européens et ne rassemblent que des experts entre eux. Parfois, on invite des habitants des territoires contaminés par les accidents de Tchernobyl et de Fukushima, soigneusement choisis. Le physicien Ryûgo Hayano, dont nous avons déjà parlé suite à son utilisation de données personnelles sans autorisation, est fréquemment invité car il dit ce que les autorités veulent entendre. La dernière invention de ces groupes est un “serious game” qui ne peut donner que des réponses convenues et irréalistes sans confrontation à la réalité du terrain.

Cette étude dénote donc par rapport à ce que publie habituellement l’IRSN. En particulier, elle s’intéresse aux Japonais, majoritaires, qui ne rentrent pas dans les territoires où l’ordre d’évacuer a été levé, même s'”ils n’intéressent pas la radioprotection” comme on peut l’entendre dans d’autres projets. Cette étude remet aussi en cause certains principes sur lesquels repose l’approche internationale de la gestion post-accidentelle présente, par exemple, dans la publication 111 de la Commission internationale de protection radiologique (CIPR). Elle montre que la méthode verticale et autoritaire de gestion des territoires contaminés, adoptée par le Japon, ne marche pas. La situation est bien plus complexe et les réponses ne peuvent être que diverses pour faire face à la variété des situations auxquelles font face les populations.