TEPCo a mis en ligne de nouvelles informations relatives à l’intérieur des enceintes de confinement des réacteurs 1, 2 et 3.
Recherche du corium dans le réacteur n°1
TEPCo a analysé les images et les mesures de débit de dose prises en mars dernier dans l’enceinte de confinement du réacteur n°1 à l’aide d’un robot. Un premier bilan avait alors été mis en ligne.
La compagnie a utilisé des méthodes de traitement d’image afin d’améliorer l’auscultation des objets observés. Dans ce document, elle présente quelques clichés qui montrent qu’il n’y a pas de dommages majeurs près du point D0 et quelques débris métalliques.
TEPCo a ensuite analysé les débits de dose en fonction de l’épaisseur d’eau qui fait écran en plusieurs points. Elle a d’abord choisi deux points où il n’y a a priori pas de corium, ce mélange de combustible fondu puis solidifié et de débris, mais juste un dépôt essentiellement dominé par le césium-137. Ses calculs peuvent expliquer les mesures faites. Elle a ensuite utilisé ce résultat pour analyser deux autres points où elle soupçonne la présence de corium. Mais, comme elle ne connaît pas l’épaisseur de sédiments qui recouvrent le corium éventuellement présent et qui font écran, elle ne peut rien conclure.
Réévaluation des doses dans l’enceinte de confinement du réacteur n°2
En janvier et février dernier, TEPCo et ses sous-traitants avaient envoyé des robots ausculter l’intérieur de l’enceinte de confinement du réacteur n°2. Ils avaient rapporté des images et des niveaux de débit de dose record. Les premières images de janvier étaient prises par une simple caméra vers l’entrée et le débit de dose atteignait déjà 73 Sv/h, ce qui est énorme. D’autres images prises sous la cuve à l’aide d’une caméra faisaient apparaître des amas granuleux que TEPCo soupçonnait d’être du corium. Quelques jours plus tard, outre de nouvelles images, TEPCo annonçait des débit de dose record, atteignant 530 Sv/h. Cette évaluation était faite à partir de l’impact des radiations sur les images.
Puis un premier robot nettoyeur n’a tenu que deux heures à l’intérieur de l’enceinte et les débits de dose enregistrés à partir des traces laissées sur les images atteignaient un nouveau record à 650 Sv/h. Le robot scorpion qui a suivi n’a tenu longtemps et n’a rapporté que peu de résultats.
TEPCo avait déjà effectué une “endoscopie” de l’enceinte de confinement du réacteur n°2 en mars 2012 et août 2013. En mars 2012, les débits de doses les plus élevés relevés étaient de 73 Sv/h, ce qui est très élevé, mais moins que les estimations de 2017. En août 2013, TEPCo n’avait pas publié de valeurs.
TEPCo a analysé les débits de dose déduits des traces laissées sur les images lors des dernières explorations et donne de nouveaux chiffres moins élevés. Dans ce document, elle prétend avoir fait une erreur de calibration. Par ailleurs, la calibration a été effectuée avec une source de cobalt-60 alors que le césium-137 domine dans l’enceinte. Cela introduit une autre correction. Ainsi, in fine, les débits de dose à l’intérieur de l’enceinte de confinement du réacteur n°2 sont :
Lieu | Valeurs de mars 2017 avant correction | Nouvelles valeurs après correction |
Echaffaudage | 30 Sv/h (10-60) | moins de 10 Sv/h |
Près des barres de contrôle | 530 Sv/h (370-690) | 70 Sv/h (50-90) |
Sous la cuve | 20 Sv/h (0-40) | moins de 10 Sv/h |
Lors du retrait des sédiments | 650 Sv/h (450-850) | 80 Sv/h (50-100) |
Les valeurs entre parenthèses indiquent l’intervalle d’incertitude. Les valeurs corrigées restent très élevées et peuvent être létales en moins quelques minutes. Le robot envoyé avait aussi des dosimètres intégrateurs qui ont donc donné la dose totale reçue lors de l’exploration. Il se trouve que l’un d’entre eux donnait des valeurs beaucoup plus élevées que les trois autres. En réanalysant les valeurs enregistrées au cours du temps, TEPCo en déduit un débit de dose corrigé de 70 Sv/h contre 210 Sv/h avant correction.
Scan du réacteur n°3 à l’aide de muons cosmiques
Comme pour les deux autres réacteurs accidentés, de TEPCo a effectué une “radio” du cœur du réacteur n°3 en utilisant des muons, qui sont des particules cosmiques très pénétrantes. C’était de février à septembre 2015 pour le réacteur n°1 et de mars à juillet 2016 pour le n°2. Des chercheurs de l’université de Nagoya avaient fait de même pour le réacteur n°2 en 2015. Voir aussi la vidéo pédagogique de TEPCo sur cette technologie.
D’après ce document de présentation des résultats, pour le réacteur n°3, la mesure a débuté en mai 2017. Le corium, très dense, devrait absorber plus les muons. Les images ne mettent pas en évidence de zone absorbante en bas de la cuve et TEPCo en conclut qu’il n’y a pas de grande quantité de corium dans la cuve. Il est cependant possible qu’il en reste un peu. La plus grande partie du corium serait donc dans l’enceinte de confinement, plus bas.
Pour le réacteur n°1, TEPCo avait conclu que la quasi-totalité du combustible en fusion avait percé la cuve. Pour le réacteur n°2, elle avait conclu qu’une petite partie reste dans la cuve. Pour le réacteur n°3, s’il en reste dans la cuve, c’est moins que pour le réacteur n°2.