Quel avenir pour le réacteur n°2 de Tôkaï ?

La Japan Atomic Power Co. (JAPC) est un peu particulière : c’est une filiale de cinq grandes compagnies d’électricité qui exploitait trois réacteurs nucléaires et revendait la production aux maisons mères. TEPCo en est le premier actionnaire…

Son réacteur Tsuruga 1, situé dans la province de Fukui, tout comme Tôkaï 1, situé dans celle d’Ibaraki, ont été arrêtés définitivement. La compagnie n’a pas renoncé à redémarrer un jour le réacteur Tsuruga 2, bien que l’Autorité de Régulation Nucléaire, la NRA, ait estimé que la faille sismique qui passe en dessous est active. Cela interdit toute remise en service.

Il ne lui reste que le réacteur n°2 de Tôkaï, dans la province d’Ibaraki, qui est vétuste. La JAPC a déposé une demande d’autorisation pour le redémarrer et espère l’exploiter jusqu’à ses 60 ans, bien que cela relève de l’acharnement thérapeutique et, selon l’Asahi, TEPCo pourrait participer au financement des travaux alors que la compagnie ne peut même pas financer ses propres travaux de démantèlement et les indemnisations sans une aide financière de l’Etat. La décision sera prise en 2018.

La JAPC joue gros pour sa survie, mais il est loin d’être acquis qu’elle obtienne un feu vert des autorités. Alors les banques rechignent à lui prêter de l’argent. TEPCo et Tôhoku Electric, qui rachetaient le courant de Tôkaï pour le commercialiser, pourraient se porter garants, voire même prêter l’argent. Un vieux réacteur, qui a plus de 40 ans, avec des câbles à l’isolant inflammable et les investissements massifs nécessaires pour la remettre aux normes, est leur seul espoir de nucléaire, cela en dit long sur l’état de cette industrie au Japon…

Les élections pour le poste de gouverneur de la province d’Ibaraki viennent d’avoir lieu. Le gouverneur sortant, qui briguait un 7ième mandat afin de battre le record du Japon, malgré ses 71 ans, vient d’être battu par son principal concurrent, qui était soutenu par les partis de de la majorité gouvernementale. Le gouverneur défait avait fait de son opposition au redémarrage de Tôkaï 2 un de ses arguments électoraux. Mais cela n’a pas suffit. Le vainqueur a été très ambigu sur le nucléaire.

TEPCo n’est pas dans une situation plus favorable pour ses propres réacteurs. Le président de l’Autorité de Régulation Nucléaire a réaffirmé, dans une récente interview, qu’il s’opposerait au redémarrage de ses réacteurs tant que la compagnie n’aurait pas fait de progrès dans la maîtrise des réacteurs accidentés de Fukushima daï-ichi. Selon l’Asahi, un des maires locaux ne donnera son consentement au redémarrage des réacteurs 6 et 7 de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, située dans la province de Niigata, que si la compagnie ferme définitivement les réacteurs 1 à 5. Pense-t-elle avoir plus de chance avec le réacteur de Tôkaï ?