Chiffres clé après quatre ans

Avec l’approche du passage à la cinquième année de la catastrophe, les premiers bilans apparaissent dans la presse. Voici quelques chiffres clé qui viennent compléter le bilan que nous avons fait à l’occasion du quatrième anniversaire.

Population

Le nombre total de décès liés à la catastrophe naturelle est officiellement de 15 891 dans 12 provinces. Le nombre de disparus est de 2 584. La police n’arrive toujours pas à identifier 83 corps retrouvés après la triple catastrophe. Les corps ont été incinérés et il ne reste que des photos et des effets personnels pour espérer y arriver. Sur les 15 807 corps identifiés, 15 737 étaient dans les trois provinces les plus touchées, Iwaté, Miyagi et Fukushima. 56% des victimes avaient plus de 65 ans et 90% des décès sont attribués à la noyade.

Au moins 3 226 survivants de la triple catastrophe sont décédés par la suite à cause de l’évacuation d’urgence, des conditions de vie difficile, du manque de soins… Ce chiffre inclut aussi les suicides. Le décès est reconnu comme lié à la catastrophe par une commission composée de médecins, juristes et d’autres experts. Les familles reçoivent alors 5 millions de yens si la personne décédée était la principale source de revenu et la moitié autrement.

Parmi ces décès supplémentaires, 1 867 concernent la province de Fukushima. C’est plus que le nombre direct de décès dus aux séisme et tsunami qui est de 1 603. C’est à Minami-Sôma qu’il y en a eu le plus, avec 469 décès supplémentaires, puis Namié, avec 342, Tomioka, 291, Iwaki, 130… A titre de comparaison, le nombre de décès post-catastrophe est de 450 dans la province d’Iwaté et de 909 dans celle de Miyagi.

Certaines familles se sont vues refuser ce statut de décès post-catastrophe et ont fait appel. Le Fukushima Minpo a recensé 46 demandes de réévaluation du dossier. Il n’y a pas de règles claires pour trancher.

Le nombre de personnes déplacées dans ces trois provinces est officiellement de 229 000. C’est 38 000 de moins que l’année précédente. 82 000 vivent encore dans des logements préfabriqués, peu confortables et 56 000 en dehors de ces provinces, réparties dans tout le pays.

Il y a officiellement 120 000 personnes évacuées à Fukushima suite à la catastrophe nucléaire. Parmi elles, 79 000 ont été forcées à partir et les autres sont des déplacés « volontaires ». 46 000 déplacés vivent en dehors de Fukushima, dans toutes les provinces du Japon. De plus en plus de personnes déplacées refont leur vie là où elles sont maintenant.

La population de la province de Fukushima a décru de 90 000 personnes depuis 2010 pour passer sous la barre des 2 millions au total. Les autorités locales ont investi dans la construction d’habitations pour favoriser le retour des habitants dans la province, mais avec l’afflux de travailleurs, le marché du logement reste tendu.

D’après un sondage effectué par le Asahi, 61% des personnes déplacées par la triple catastrophe vivent dans des logements temporaires (préfabriqués, logements mis à disposition par les communes, dans de la famille ou chez des amis…). C’est 59% à Iwaté, 58% à Miyagi et 66% à Fukushima. C’était 87% en 2013 et 76% en 2014.

Seulement 467 habitations préfabriquées sur environ 53 000 ont été enlevées dans les trois provinces les plus touchées par la triple catastrophe, Iwaté (120), Miyagi (154) et Fukushima (193). Mais 26% seraient inoccupées. Les personnes vulnérables qui restent se font du souci en cas de problème. Qui appeler ? Après le séisme de Kôbé en 1995, 32% des habitations préfabriquées avaient été enlevées dans les 4 ans qui ont suivi. Elles avaient toutes été enlevées au bout de 5 ans et 2 mois. Dans le Tôhoku, 46% des habitations préfabriquées sont sur des terrains privés et, parfois, le bail arrive à échéance à la fin du mois.

L’ordre d’évacuer le district de Miyakoji à Tamura a été levé en avril 2014. Fin novembre 2014, seulement 39% de la population concernée était rentrée (133 personnes sur 340 encore enregistrées ; il y avait 380 personnes enregistrées avant le 11 mars 2011, ce qui fait un taux de retour de 35%). L’ordre d’évacuer la partie Est du village de Kawauchi a été levé en octobre dernier et, au 1er janvier, seulement 10,5% de la population concernée était rentrée (29 sur 275 personnes enregistrées). Dans la toute la commune de Kawauchi, il y a 2 739 enregistrées et 1 581 qui y vivent, soit 57,7%.

50 familles sont rentrées dans la partie Est de Miyakoji située à moins de 20 km de la centrale, selon le Yomiuri, mais des membres de 20 de ces familles ne sont pas rentrés.

Impact économique

Le nombre de faillites après la triple catastrophe de mars 2011 s’élève à 1 726 selon Teikoku Databank Ltd. Le passif laissé s’élève à 1 560 milliards de yens (11,6 milliards d’euros). Parmi ces faillites, 180 seraient dues à la catastrophe nucléaire.

Les entreprises des zones évacuées à cause de la catastrophe nucléaire ont déjà reçu 458,1 milliards de yens (3,44 milliards d’euros) d’indemnisations entre mars 2011 et janvier 2015. Pour les compagnies qui ne sont pas dans les zones évacuées, mais qui ont été touchées par les « rumeurs néfastes », cela s’élève à 1 300 milliards de yens (10 milliards d’euros) pendant la même période. Il s’agit surtout d’entreprises liées au tourisme, ainsi que l’agriculture, la pêche et l’industrie forestière. Enfin, l’indemnisation des particuliers a déjà coûté 4 710 milliards de yens (35,4 milliards d’euros) à TEPCo. Tout cet argent est avancé par l’Etat sans intérêt.

La décontamination devrait coûter 2 500 milliards de yens (20 milliards d’euros) au gouvernement qui compte se rembourser en vendant ses actions TEPCo. Une action vaut 471 yens. Il faudrait qu’elle monte à 1 000 yens pour pouvoir couvrir le coût de la décontamination. Le gouvernement a donc intérêt à ce que TEPCo redémarre au plus vite sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa. C’est loin d’être acquis.

Plus de 60% de l’argent dédié à la reconstruction du Tôhoku n’ont pas été utilisés.

A la centrale de Fukushima daï-ichi

Fukuleaks a mis un plan mis à jour du site de la centrale de Fukushima daï-ichi.

A la date du 5 mars 2015, TEPCo a 185 000 m3 d’eau contaminée dans des cuves. Par ailleurs, elle a aussi 334 000 m3 d’eau traitée dans laquelle il reste essentiellement du tritium. A cela s’ajoutent 64 000 m3 d’eau partiellement traitée où le strontium a été retiré en plus du césium. Elle a enfin 9 000 m3 de déchets radioactifs liquides dans des cuves. Le volume total d’eau contaminée dans les réacteurs est estimée à 65 000 m3.

Les capacités de stockage de l’eau devraient atteindre 800 000 m3 à la fin du mois.

Fin janvier 2015, TEPCo a accumulé 258 300 m3 de déchets radioactifs sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi. Cela se décompose en 178 600 m3 de débris liés au tsunami, déchets de bois dus aux travaux de construction, habits de protection… et 79 700 m3 de bois des forêts rasées pour mettre les cuves. La compagnie et le gouvernement devraient proposer un plan de gestion en 2017. Evidemment, ce n’est qu’une partie de l’inventaire déchets puisque la décontamination de l’eau en produit aussi chaque jour et que les 6 réacteurs doivent finir en déchets.

Photos et vidéo

Et pour vous changer des chiffres, des photos impressionnantes de la zone évacuée. Vous pouvez aussi consulter les photos Reuters pour le 4ième anniversaire.

Il y a aussi une vidéo en japonais de la centrale de Fukushima daï-ichi prise le 26 février 2015 par jiji press.