Révision du plan stratégique énergétique

Le ministre de l’industrie a ouvert les discussions de révision du plan stratégique énergétique du Japon, en précisant que les fondamentaux resteraient inchangés. Pourtant, le plan actuel, qui date de 2015, est complètement irréaliste : il prévoit que la part du nucléaire sera de 20 à 22% en 2030, ce qui correspond à une trentaine de réacteurs, alors que seuls 5 sur 54 avant la catastrophe ont redémarré. Cela signifie aussi étendre leur durée de vie ou en construire de nouveaux. Il y a un an, lors des premières discussions, il était pourtant question de réduire la part du nucléaire… La part du nucléaire dans la production d’électricité était 29% en 2010.

Lors d’une récente réunion de travail, le village nucléaire en a profité pour réclamer la construction de nouveaux réacteurs, alors que c’est une industrie moribonde au Japon et que la population y est opposée. Le ministre y est aussi opposé car il sait que ce n’est pas tenable politiquement. Il préfère favoriser le redémarrage des réacteurs actuels.

D’ailleurs, le système de financement actuel encourage la prolongation de la durée des réacteurs alors que la loi stipule que la durée de vie d’un réacteur est de quarante ans, sauf exception. Selon le Japan Times, les communes qui hébergent des réacteurs de plus de 40 ans ont droit à 100 millions de yens supplémentaires par an. Le Japon a plusieurs réacteurs de plus de 40 ans : un a été détruit à Fukushima, 5 vont être démantelés (Mihama 1 et 2 à Fukui et Tsuruga 1 à Fukui, Shimané 1 et Genkaï 1 à Saga) et une demande de prolongation a été acceptée pour les réacteurs 1 et 2 de Takahama, ainsi que le 3 de Mihama. Ce système de soutien financier supplémentaire date de 2010. Il va être difficile de revenir en arrière, mais ce point ne sera pas abordé dans la révision du plan stratégique.

Par ailleurs, le plan actuel fait la part belle au charbon, malgré les timides engagements du Japon au sommet de Paris sur le climat, dont il fini par ratifier l’accord après avoir traîné des pieds. Il y a environ 150 centrales à charbon au Japon, qui fournissent environ 32% de l’électricité. C’est déjà plus que l’objectif fixé pour 2030. Pourtant, une quarantaine de nouvelles centrales à charbon sont en projet actuellement. Le précédent ministre de l’environnement a dû rappeler que le Japon ne pourra jamais atteindre ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre et avait demandé une réévaluation du projet de Taketoyo Thermal Power Station dans la province d’Aïchi et la fermeture d’anciennes centrales.

Par ailleurs, des citoyens continuent d’investir dans les énergies renouvelables. Il y a désormais un millier d’installations mises en service avec le soutien des riverains, selon le Maïnichi. C’est dans la province de Nagano qu’il y en a le plus. Leur production atteindrait 89 MWhe. D’autres projets sont en cours de développement. Mais les compagnies d’électricité rechignent à racheter ce courant comme elles le devraient, ce qui freine le développement de ces projets. C’est un sujet qui pourrait être abordé par le nouveau plan stratégique…