Que faire de l’eau contaminée qui s’accumule dans des citernes sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi ? Il y en a plus d’un million de mètres cubes, qui a été partiellement décontaminée. Il reste cependant le tritium, hydrogène radioactif, qu’il est difficile de séparer et de stocker. Mais ce n’est pas tout, il y a tous les autres radioéléments qui ne sont pas entièrement retirés. Pour certains, comme l’iode-129, la concentration résiduelle dépasse la limite d’autorisation de rejet, comme nous l’avons rapporté récemment. En 2020, le site de la centrale accidenté sera plein et il ne sera plus possible d’ajouter de nouvelles cuves. Par ailleurs, toute cette eau accumulée constitue une menace en cas de catastrophe naturelle.
TEPCo et les autorités n’ont pas d’autre solution à proposer que le rejet dans l’Océan Pacifique. Le gouvernement a donc lancé une série de réunions publiques pour faire accepter son projet. A Tomioka, une centaine de personnes ont participé. Sur les 14 personnes autorisées à prendre la parole lors du débat, 13 ont exprimé leur opposition aux rejets en mer. Les pêcheurs, notamment, qui commencent seulement à regagner la confiance des consommateurs, craignent pour leurs ventes. Il ont mentionné, notamment, le strontium-90, qui est très radiotoxique et qui serait encore présent dans l’eau à rejeter.
D’autres ont dit ne pas avoir confiance dans TEPCo et les autorités qui ne parlent que du tritium alors qu’il reste de nombreux autres radioéléments dans l’eau à rejeter. Un membre du groupe de travail gouvernemental sur le problème de l’eau contaminé a admis qu’il sera peut-être nécessaire de traiter à nouveau cette eau avant de la rejeter.
Et certains ont évoqué, à nouveau, les rumeurs néfastes, bien pratiques pour ne pas aborder le fond. Les pêcheurs ne sont pas contre, mais craignent les rumeurs néfastes, à savoir les réactions irraisonnées des consommateurs. Face aux réactions irrationnelles, pas besoin de discuter des niveaux rejetés, de la nécessité de revoir les autorisations de rejet, de ce qu’il y a vraiment dans l’eau rejetée, de contrôles indépendants… Et, il y a fort à parier que les autorités vont proposer, comme d’habitude, de l’argent sous forme de campagnes de publicité et d’indemnisation.
Actuellement, 170 espèces marines sont à nouveau pêchées au large de Fukushima et les pêcheurs espèrent pouvoir reprendre bientôt la pêche de toutes les espèces capturées avant l’accident nucléaire. Les dernières données publiées par TEPCo font apparaître une faible contamination rémanente dans les espèces contrôlées.