La décontamination de l’eau de refroidissement pas aussi efficace qu’annoncé

Pour refroidir les cœurs fondu des réacteurs accidentés de la centrale de Fukushima daï-ichi, TEPCo injecte 67 à 72 m3 par jour et par réacteur (source). Cette eau s’écoule dans les sous-sols après s’être fortement contaminée. De l’eau phréatique continue à s’infiltrer, malgré les nombreuses mesures prises pour réduire les flux et, inversement, de l’eau contaminée s’échappe dans la nappe phréatique. L’eau des sous-sols est pompée pour éviter les débordements et traitée. Mais comme TEPCo pompe encore 154 m3 chaque jour en plus que ce qu’elle injecte (source), l’eau s’accumule dans des cuves. Selon le dernier bilan, le stock s’élève à 932 567 m3 d’eau traitée, 160 351 m3 d’eau partiellement traitée (retrait du strontium seul) auxquels il faut ajouter plus de 30 000 m3 dans les sous-sols (source).

Cette eau représente une menace en cas de séisme grave ou autre catastrophe naturelle et, en janvier dernier, l’Autorité de Régulation Nucléaire a demandé qu’une décision soit prise cette année quant au rejet de cette eau dans l’océan. Alors les autorités ont commencé à organiser les réunions publiques pour convaincre les populations et les acteurs locaux d’accepter le rejet en mer. Officiellement, il ne reste plus que du tritium dans l’eau traitée par l’installation ALPS.

Tous les débats portent donc sur le tritium. Mais, selon les médias, TEPCo vient de révéler que la concentration en iode-129 après traitement est aussi plus élevée que la concentration maximale autorisée pour un rejet en mer. La compagnie a mesuré jusqu’à 62,2 Bq/L en sortie de la station de traitement alors que la limite avant rejet est de 9 Bq/L. L’iode-129 a une demi-vie de 15,7 millions d’années et ne doit pas être confondu avec l’iode-131, qui a une demi-vie de 8 jours et qui a disparu. TEPCo a aussi détecté jusqu’à 92,5 Bq/L en ruthénium-106 alors que la limite est à 100 Bq/L. Mais la compagnie envisage de diluer l’eau contaminée avant rejet pour réduire la concentration en tritium, elle pense être dans les limites autorisées pour ces autres éléments. La concentration en tritium serait d’un à cinq millions de becquerels par litre, ce qui est plus que la limite autorisée, fixée à 60 000 Bq/L.

L’article ne mentionne pas les limites de rejet annuel, qui sont un autre facteur limitant, étant donné le stock à rejeter. Pour le seul tritium, le stock total, estimé à 3,4 PBq (3,4 milliards de millions de becquerels), représente de l’ordre de 150 années de rejet à la limite autorisée

Si TEPCo et les autorités ne mettent pas toutes les données sur la table, elles ne pourront jamais convaincre les riverains et les autres pays d’accepter les rejets.