Les rejets radioactifs lors de l’accident grave à la centrale de Fukushima daï-ichi n’ont pas été seulement sous forme gazeuse. Une partie de la contamination de l’environnement est due à des microparticules vitreuses (autres articles à ce sujet), particulièrement riches en césium et autres éléments radioactifs. Sous cette forme, l’impact sanitaire et sur la contamination à long terme pourrait être beaucoup plus grave. Mais, comme on ne sait pas grand chose à leur propos, les recherches sur le sujet se poursuivent.
Ces microparticules ont été découvertes dans les filtres à air, dans les sols et sur des plantes. Deux articles scientifiques viennent de paraître à ce sujet et apportent de nouvelles informations.
La première étude n’est pas en accès libre, mais l’article est à l’ACRO et un communiqué de presse donne les principaux résultats. Elle confirme la présence d’uranium et d’autres radioéléments toxiques dans les microparticules vitreuses, d’une taille inférieure à 5 µm, découvertes dans les retombées de la catastrophe de Fukushima. Ces microparticules, contenant du combustible nucléaire, ont été trouvées dans le premier centimètre de sol de rizières de la zone évacuée, situées à Ôkuma, à environ 4 km de la centrale accidentée, et d’une ferme aquicole abandonnée à 2 km.
L’étude montre que les particules contenant du combustible sont encapsulées ou attachées aux particules vitreuses riches en césium. Leur composition donne des indications sur le scénario de fusion du cœur. Et, comme nous l’avons déjà signalé, avec une telle taille, ces microparticules peuvent facilement être remises en suspension et inhalées. Elle restent alors plus longtemps dans les poumons et peuvent avoir un impact sanitaire plus pénalisant.
La deuxième étude n’est pas en accès libre, non plus, mais est aussi à l’ACRO. Un communiqué de presse en anglais est disponible. Les auteurs ont utilisé une technique largement répandue dans les laboratoires, l’autoradiographie, pour quantifier simplement l’activité de ces microparticules riches en césium dans des échantillons de sols. Elle a été testée sur quatre échantillons provenant de rizières situées de 4 à 40 km de la centrale accidentée. Il apparaît que ces microparticules sont présentes dans tous les échantillons et que la quantité de césium qui y est piégée est plus grande qu’attendu, de 8,53 à 31,8%. Cette étude confirme qu’une fraction significative du césium rejeté l’a été sous forme de microparticules vitreuses (voir d’autres articles à ce sujet). Les auteurs appellent à des études plus étendues sur la présence de cette forme de pollution dans l’environnement.
Rappelons que la télévision publique japonaise avait consacré un documentaire à ces microparticules.
Enfin, une troisième étude publiée récemment traite de la pollution en plutonium. Elle est aussi en accès payant, et disponible à l’ACRO. Un communiqué de presse en français rapporte les principaux résultats. L’étude montre que la distribution spatiale des dépôts de plutonium dans les sols de la région de Fukushima suit globalement celle du césium. Par contre, lorsque les sols de la région sont érodés par les puissants typhons auxquels le Japon est fréquemment exposé, le plutonium issu de la centrale accidentée de Fukushima est exporté préférentiellement par les rivières jusqu’à l’Océan Pacifique, car il est concentré à la surface des sols. De plus, l’analyse des sédiments de rivière au fil des années a mis en évidence une diminution de moitié de la concentration en plutonium entre 2011 et 2014. Une baisse similaire est observée pour la contamination en césium qui peut s’expliquer par l’érosion importante et l’export sédimentaire générés par les typhons, les glissements de terrain et les travaux de décontamination menés dans la région.
La seule exception à cette baisse générale est observée à l’aval de la première zone de la région à avoir été décontaminée, pour laquelle on observe bien une très forte baisse des teneurs en césium (jusqu’à 90 %) mais aussi une augmentation de la part du plutonium émis en 2011 passant de 12 à 39 %, le reste étant dû aux essais nucléaires atmosphériques des années 1960. Là encore, les auteurs évoquent les microparticules vitreuses comme explication possible.