Le Japon va collaborer avec les Etats-Unis sur le développement d’un surgénérateur refroidi au sodium

Le Japon va signer un accord de coopération avec les Etats-Unis pour construire un surgénérateur refroidi au sodium. Japan Atomic Energy Agency et Mitsubishi Heavy Industries, côté japonais, vont fournir une assistance technique à TerraPower, une compagnie fondée par Bill Gates, pour construire un prototype dans le Wyoming à partir de 2024. Le département d’état à l’énergie soutient financièrement le projet qui devrait être terminé en 2028 (si, si, par d’erreur de frappe !).

Dans le cadre de cet accord, le Japon va considérablement améliorer les fonctions de l’installation expérimentale AtheNa de la Japan Atomic Energy Agency située dans la province d’Ibaraki. 900 millions de yens vont y être injectés pour pouvoir effectuer des essais destinés à obtenir des données sur la circulation du sodium à haute température dans environ 200 mètres de tuyauterie. Il reste cependant à mettre au point un système de chauffage permettant d’élever la température du sodium à plus de 500°C, ce qui est proche des conditions de fonctionnement d’un réacteur nucléaire. 600 millions de yens ont déjà été engagés pour commencer les travaux d’installation du système de chauffage et modifier les tuyauteries et autres composants concernés. 300 millions de yens supplémentaires vont être engagés cette année pour les dépenses connexes. Le gouvernement compte remettre cette installation en service en 2023. Il n’y a pas d’équivalent aux Etats-Unis.

Le gouvernement japonais veut aussi remettre en service le petit surgénérateur expérimental Jôyô, lui aussi situé dans la province d’Ibaraki et refroidi au sodium. Mis en service en 1977, il est à l’arrêt depuis 2007 suite à un incident. Il n’a pas encore reçu d’autorisation de remise en service de la part de l’Autorité de régulation nucléaire. Le renforcement de la sûreté et de la résistance aux agressions extérieures comme les séismes devrait coûter 14 milliards de yens. Le gouvernement table sur une remise en service en 2024 au plus tôt.

Ces perspectives permettent au Japon de pouvoir prétendre démarrer un jour son usine de retraitement à Rokkashô-mura, qui accuse déjà 25 années de retard. Pour le moment, il n’a pas de débouchés pour le plutonium qui pourrait en être extrait. Cet acharnement à vouloir développer une industrie du plutonium n’est pas sans arrières pensées militaires.

Le concept des surgénérateurs refroidis au sodium date des années 1950. Plein de Superphénix auraient dû être construits en France avant la fin du siècle dernier. Monju, l’équivalent japonais, a finalement aussi été abandonné. Les règles de sûreté sont beaucoup plus exigeantes maintenant et la France a repoussé à la fin du siècle le développement de cette technologie. Un siècle de recherches et développements pour aboutir, ce n’est pas très prometteur. Bien que le projet de TerraPower soit complètement différent, rien ne dit qu’il aura plus de succès. Le sodium est un métal dangereux et corrosif.

Mise à jour du 28 janvier 2022 : lire l’éditorial cinglant de l’Asahi à ce sujet.