Alors que le 11 septembre marque les six ans et demi de la triple catastrophe, les médias japonais publient quelques données sur les personnes déplacées et le nombre de victimes. Les séisme et tsunami sont responsables de 18 440 décès et disparitions auxquels il faut ajouter 3 500 décès indirects survenus par la suite à cause des mauvaises conditions de vie ou des suicides.
Il y a encore plus de 20 000 personnes dans les logements provisoires dans les trois provinces les plus touchées : 8 142 à Iwaté, 7 148 à Miyagi et 6 210 à Fukushima. Certains propriétaires terriens où sont installés des logements préfabriqués aimerait récupérer leur terrain et s’impatientent. A l’inverse, certaines communes dévastées par le tsunami ont pris du retard dans la reconstruction sur des terrains élevés.
Les personnes qui bénéficient de logements du parc public devraient subir une forte hausse de leur loyer l’année prochaine car le gouvernement a prévu de baisser ses aides pour les bas revenus au bout de 6 années dans le logement et de les terminer au bout de 11 années. Par ailleurs, les foyers dont le logement a été détruit ont droit à 3 années à loyer modéré dans le parc public, quel que soit leur revenu. Beaucoup y sont entrés en 2013.
Par exemple, une victime du tsunami vivant à Sendaï, dont le seul revenu est une pension d’Etat, paye 5 600 yens de loyer mensuel dans le parc HLM pour un F2. Ce sera 18 200 yens au bout de 11 années. Le revenu du foyer doit être inférieur à 80 000 yens pour bénéficier d’une telle aide. Cela concernerait 3 321 foyers à Iwaté, 9 272 à Miyagi et 4 101 à Fukushima. Une pétition a été lancée pour obtenir une prolongation des aides financières car le traumatisme causé par la catastrophe continue à handicaper de nombreuses personnes.
Certaines familles, qui reçoivent un soutien de la commune, ne sont pas concernées par la fin de ces aides financières.
Selon une étude du Maïnichi, le taux de retour ou d’installation dans les zones où l’ordre d’évacuer a été levé en mars – avril dernier est de moins de 10% et près de 50% des personnes qui sont rentrées ont plus de 65 ans. La proportion de personnes âgée y est environ deux fois plus élevée qu’avant la catastrophe. Les plus jeunes ont refait leur vie ailleurs ou craignent de rentrer avec des enfants à cause des radiations.
Le quotidien a interrogé 9 communes où des ordres d’évacuer ont été levés au printemps dernier. En juillet – août, seulement 5 951 personnes dans 2 970 foyers étaient rentrées. Parmi elles, 2 929, ou 49,2%, ont plus de 65 ans. Avant la catastrophe nucléaire, un peu plus de 60 000 personnes vivaient dans ces zones et 27,4% avaient plus de 65 ans.
C’est à Kawauchi que le taux de personnes âgées de plus de 65 ans est le plus élevé, avec 71,3% et c’est à Naraha qu’il est le plus faible, avec 37%. Avant la catastrophe de Fukushima, le taux le plus élevé du pays était de 60,5% à Nanmoku, dans la province de Gunma. Désormais 3 communes de Fukushima battent ce record.
La taille moyenne des foyers dans ces zones est réduit à celle que l’on observe à Tôkyô : 2,02 personnes par foyer en 2015. C’était 3,04 avant la catastrophe.
Ces chiffres montrent que le nombre de personnes âgées isolées ou dépendantes va encore augmenter dans ces zones et cela représente un défi pour les pouvoirs publics qui font face à une pénurie d’employés. A Katsurao, seulement 5 des 94 pompiers volontaires sont rentrés.
A Futaba, commune presque entièrement classée en “zone de retour difficile”, une petite partie vient y est classée de “centre de reconstruction” depuis le 15 septembre. Le but est de rouvrir en 2022, comme nous l’avons déjà rapporté. Le gouvernement compte sur le retour de 1 400 personnes d’ici 2027 et l’installation de 600 autres…
Selon un sondage rapporté par le Fukushima Minpo, plus de 70% des personnes qui habitent dans les 7 communes du district de Futaba disent craindre une récurrence de l’accident nucléaire et les déchets qui doivent être entreposés pour 30 ans sur 16 km2 autour de la centrale accidentée.