Les travaux de décontamination ont entraîné l’accumulation de tonnes de terres radioactives pour lesquelles un entreposage centralisé est en cours de remplissage autour de la centrale de Fukushima daï-ichi. La loi impose que tous ces déchets, répartis un peu partout où il y a eu des chantiers de décontamination, soient transférés sur le site d’entreposage centralisé situé dans sur les communes d’Ôkuma et Futaba avant le 31 mars 2022, qui correspond à la fin de l’année fiscale 2021. La page dédiée en anglais du ministère de l’environnement, qui permet de connaître l’avancement, n’a pas été mise à jour depuis juillet 2020…
Selon l’Asahi, le transport est bloqué pour les terres de quelques 830 sites de la province de Fukushima. Cela représente un total de 8 460 m3 alors sur un total de l’ordre de 14 millions de mètres cubes de déchets accumulés à Fukushima. Pour la moitié des cas recensés lors d’une enquête effectuée en septembre 2021 auprès des communes, une habitation a été construite sur le terrain où les déchets étaient enfouis. Environ 30 % des cas résultent du refus des propriétaires fonciers de prendre en charge les frais de transport, tandis qu’environ 10 % sont dus à l’incapacité des autorités à contacter les propriétaires fonciers. Au fil du temps, la propriété des parcelles de terrain a changé en raison de transactions de vente et de questions d’héritage. Certains propriétaires n’avaient aucune idée que leurs parcelles contenaient des matériaux radioactifs. Mais les communes se veulent rassurantes : sur tous ces sites, le débit de dose ambiant est inférieur à 0,23 µSv/h, seuil à partir duquel il faut effectuer des travaux de décontamination.
Le gouvernement et les autorités régionales de Fukushima sont en négociation depuis 18 mois sur le sort à réserver aux sols contaminés qui ne pourront pas être déplacés dans les temps impartis. Le ministère de l’Environnement a demandé aux communes de continuer à les gérer, conformément à une directive de décembre 2020 qui les rend responsables des déchets issus des travaux de décontamination qu’elles ont menés. Les communes, quant à elles, demandent au gouvernement de prendre en charge ces déchets car leurs moyens sont limités.
L’entreposage centralisé n’est prévu que pour trente ans. Après 2045, tous ces déchets doivent être repris pour être stockés en dehors de la province de Fukushima. Faute de pouvoir trouver un site, le gouvernement veut les “recycler”, à savoir les utiliser pour la construction de digues, routes… Mais, en dix ans, la mémoire de certains déchets a été perdue. Qui se souviendra d’eux dans ils auront été dispersés dans tout le pays ?
L’ACRO avait rédigé un cahier d’acteur sur le sujet, dans le cadre du débat national sur le plan national de gestion des matières et déchets radioactifs (PNGMDR) qui a eu lieu en 2019.