Le surgénérateur Monju à Fukui est un échec patent, mais le gouvernement s’y accroche. Le réacteur est stoppé depuis plus de 20 ans à cause d’une fuite de sodium, ses coûts explosent (le total dépasse les 1 000 milliards de yens ou 8 milliards d’euros) et, cerise sur le gâteau, en novembre dernier, l’Autorité de Régulation Nucléaire a demandé au gouvernement de trouver un autre exploitant car l’actuel, la Japan Atomic Energy Agency (JAEA), a une culture de sûreté défaillante. Aucun industriel n’est candidat pour reprendre ce réacteur qui n’a fonctionné que 250 jours en 21 ans.
Le ministère de l’éducation, de la culture, des sports, des sciences et technologies a donc mis en place une commission pour trouver une solution, car il faut sauver Monju… La présidence est assurée par le Prof. Arima, physicien nucléaire renommé, ancien ministre et fervent partisan de l’énergie nucléaire.
Le rapport rédigé par cette commission ne propose aucun nom pour reprendre Monju. Il se contente de lister une série de conditions qui n’apportent rien de neuf. Il s’agit essentiellement d’une liste de banalités. Des experts extérieurs devront être associés.
Certains membres de la commission ont déploré, cependant, l’absence de débat sur le bienfondé de ce programme qui coûte excessivement cher : 20 milliards de yens (164 millions d’euros) par an rien qu’en maintenance. Il n’y a pas la moindre évaluation du coût des investissements qui seraient nécessaires pour améliorer la sûreté. Comment réfléchir à son avenir dans de telles conditions ?
Le mieux serait de l’abandonner, comme Superphénix. Mais le gouvernement s’accroche à cette chimère pour justifier l’usine de retraitement de Rokkashô-mura à Aomori. En effet, comme nous l’avons déjà expliqué, les réacteurs actuels ne sont plus assez nombreux pour brûler le MOx à base de plutonium extrait du combustible usé. Accumuler du plutonium n’est pas une option à cause de la prolifération. Et si l’usine de retraitement, qui n’a jamais fonctionné, est abandonnée à son tour, les autorités d’Aomori renverront les combustibles usés et les déchets dont personne ne veut. Alors, on garde Monju et le mythe du recyclage associé.
Et dire que le ministère voulait trouver un nouvel exploitant pour le réacteur d’ici juillet 2016 car la NRA lui a donné 6 mois en novembre dernier.