L’Asahi consacre un article aux autruches de Fukushima, qui erraient dans la zone interdite après l’accident nucléaire.
Toshiaki Tomizawa, maintenant âgé de 81 ans, a ouvert un parc en 2001 avec 9 autruches, à 9 km de la centrale de Fukushima daï-ichi, dans la commune d’Ôkuma. L’idée était d’attirer les touristes. Le parc a grandi avec une trentaine d’oiseaux et un restaurant qui servait de la viande d’autruche. Puis, la catastrophe nucléaire est survenue.
Toshiaki Tomizawa a fui dans la province de Saïtama. Quand il est revenu 3 mois plus tard, la dizaine d’autruches restantes étaient devenues sauvages dans la zone interdite. Elles ont effrayé nombre de personnes qui retournaient chez elles récupérer des biens abandonnés.
Six d’entre elles ont été capturées et utilisées pour de la recherche. Elles sont restées dans la zone évacuée, car elles étaient trop contaminées, mais elles ont été enfermées dans leur enclos et nourries avec de la nourriture non contaminée. En mars 2012, quand cette recherche a commencé, elles rayonnaient à un niveau de 4,6 µSv/h. Les oiseaux ont été tués au bout d’un mois, de deux mois et demi, de neuf mois et demi et de quatorze mois pour mesurer leur contamination résiduelle. Le césium radioactif, qui se fixe plutôt dans les muscles, n’a commencé à diminuer de façon significative qu’au bout de 9,5 mois.
Pour l’annecdote, ces autruches ont plus intéressé les médias étrangers que les médias japonais. Toshiaki Tomizawa dit avoir été traité comme une célébrité quand il a voyagé en Australie ou en Indonésie.
L’ironnie de toute cette histoire réside dans son origine : c’est TEPCo qui a initié l’élevage d’autruches à la centrale de Fukushima daï-ichi en 1999, avec 4 oiseaux. Le but était de faire la promotion du nucléaire, car comme cette énergie, les autruches sont très productives : elles deviennent adulte en 2 ans avec un régime alimentaire pauvre. Elles atteignent une taille de 2 m et un poids qui dépasse les 100 kg. Une femelle pond ensuite jusqu’à 40 ans. Une brochure de l’époque expliquait que, de la même façon, une centrale nucléaire génère beaucoup d’énergie à partir d’une faible quantité d’uranium.
TEPCo a même eu l’idée de baptiser la centrale de Fukushima daï-ichi, la centrale Strauss (autruche en allemand). Mais, même les employés de la compagnie ne comprenaient pas…
L’élevage s’est révélé être plus compliqué que prévu. TEPCo a dû embaucher un vétérinaire pour en prendre soin. Une est décédée et les trois autres ont finalement été données à Toshiaki Tomizawa. Et l’Asahi de conclure cette histoire en expliquant que les autruches sont très productives, mais difficiles à exploiter, comme une centrale nucléaire !